Deicide - Banished By Sin
Chronique
Deicide Banished By Sin
S’il a clairement perdu de son aura maléfique et du côté sulfureux qui lui a longtemps collé à la peau le combo de l’inamovible binôme Glenn Benton/Steve Asheim reste encore et toujours une valeur sûre du Death d’outre-Atlantique, même si désormais chacune de ses sorties n’a plus l’impact médiatique de ses débuts. Pourtant avec ces trente-cinq années au compteur et des albums qui ont clairement marqué l’histoire du genre le groupe ne semble pas disposé à raccrocher (et prendre une retraite qui serait méritée en remerciement des services rendus), car malgré les coups durs et des disques clairement ratés il a gardé cette motivation qui transparait sur ce « Banished By Sin » qui se sera fait particulièrement attendre. En effet jamais de toute son histoire le quatuor n’aura mis autant de temps pour pondre un nouvel opus, car si
« Overtures Of Blasphemy » était arrivé après cinq ans d’attente (ce qui était un record à l’époque) on attendait cette fois depuis 2018 l’arrivée de ce nouveau bébé qui déboule enfin dans nos oreilles... et satisfera dans l’ensemble les fans même les plus exigeants, et ce malgré cette pochette absolument immonde et clairement pas motivante. Désormais épaulé à la seconde guitare par Taylor Nordberg (INHUMAN CONDITION, EYE OF PURGATORY...) la formation nous livre ici presque quarante minutes de gros son typique de son œuvre, sans aucune surprise mais à l’exécution toujours impeccable, montrant que le temps qui passe n’a pas d’emprise sur la voix de son leader comme sur le jeu du frappeur toujours aussi précis.
Si à l’instar de son prédécesseur ce nouveau (et treizième) chapitre sera bien calé en milieu de tableau de son imposante discographie (vu qu’il ne s’agira au final que d’un enregistrement de plus) il recèle néanmoins de bons moments, principalement dans sa première partie qui sans renouveler quoi que ce soit va être efficace... bien que ça donne un sentiment légitime de recyclage permanent. Car si le quatuor n’a jamais cherché à se réinventer il donne ici quand même régulièrement la sensation d’avoir repiqué des riffs de ses premières galettes, à l’instar de nombreux plans de Steve Asheim que l’on croirait avoir déjà entendu il y a une trentaine d’années. Néanmoins tout cela démarre parfaitement avec les remuants et efficaces « From Unknown Heights You Shall Fall » / « Doomed To Die », mené constamment sur une allure élevée pour le premier alors que le second va être plus équilibré en laissant de la place au mid-tempo impeccable pour secouer la tête... et qui ouvrent parfaitement les hostilités, avec la patte si reconnaissable de ses auteurs. Si ce bon ressenti va un peu décliner sur le pataud et redondant « Sever The Tongue » (qui ne décolle jamais et tourne dans le vide) les choses vont se remettre dans le bon ordre avec les redoutables « Faithless » et « Bury The Cross... With Your Christ » particulièrement débridés et entraînants, où ça ne ralentit quasiment jamais la cadence tout en étant réchauffé mais efficace.
D’ailleurs afin de clôturer dignement sur cette première moitié agréable et enlevée le très court et direct « Woke From God » ainsi que le varié et dense « Ritual Defied » vont faire parfaitement le boulot avec professionnalisme, où l’on remarque donc que le duo originel sait encore pondre des compositions de bonne tenue sans forcément se fouler. Mais c’est clairement cela qui va ressortir de la suite à venir où l’inspiration va également diminuer au profit d’un rendu qui donne l’impression désagréable d’avoir été torché et enregistré dans la foulée, sans passion ni folie. Preuve en est entre le linéaire « Failures Of Your Dying Lord », le monotone « Banished By Sin » qui s’essouffle très rapidement ou encore le balourd et redondant « I Am I... A Curse Of Death » (qui ne veut jamais se terminer), qui montrent que les vétérans retombent dans certains travers que l’on croyait derrière eux. Heureusement tout cela se termine de bien meilleure manière avec l’impeccable « The Light Defeated » où tout le panel rythmique est de sortie, et prouve que l’entité en a encore sous la semelle quand elle prend la peine de se sortir les doigts du cul et d’écrire quelque chose d’efficace quand elle le veut.
Du coup même si au final il faut bien avouer que ça reste assez mitigé et loin de ses grandes heures DEICIDE livre quand même un long-format de bon niveau (mention spéciale aux solos bien troussés), certes assez anecdotique par rapport à ce qu’il est (et a été) capable de faire mais supérieur à certaines erreurs de son long parcours musical. Si ça reste assez neutre et passe-partout (et très loin du soufre de la quadrilogie intouchable produite entre 1990 et 1997) c’est quand même plaisant en soi, tant on est toujours ravi d’entendre jouer ses géniteurs qui sont toujours là contre vents et marées après les nombreux tourments qui ont jalonné son existence. A voir ce que donnera la suite de leur carrière mais il y a tout à parier que ça restera relativement semblable, vu qu’ils vivent depuis longtemps sur leur passé et leurs acquis en sortant juste de temps en temps quelques compositions récentes pour agrémenter leurs concerts... et ainsi éviter le syndrome du best-of permanent... même si ça y ressemble beaucoup, et qu’une fois la tournée pour ce matos terminée ce qui est présent ici sur ce cru 2024 ne sera probablement plus jamais rejoué sur scène dans le futur.
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