Il aura vraiment fallu être patient pour enfin avoir droit à un nouvel album de quintet de Wiesbaden, car depuis le très bon
« Engrained » sorti il y’a déjà plus de quatre ans le combo s’était fait relativement discret, à tel point qu’on finissait par se demander si cet opus verrait finalement le jour. Après avoir vu le retour au bercail de son batteur originel (qui avait mis en boîte les parties de
« Inhale The Void ») l’entité en a aussi profité pour débarquer sur le riche catalogue de ses compatriotes de Ván Records, signe d’une reconnaissance méritée tant ses deux premières livraisons malgré leurs qualités sont passées relativement inaperçues. En tout cas il aurait été dommage que ce nouveau chapitre n’ait pas droit à une visibilité importante car ici ses créateurs se sont surpassés, en offrant ni plus ni moins que leur meilleure livraison à ce jour (qui dépasse aisément les précédentes, pourtant déjà d’une attractivité imparable). Car si celle-ci conserve le son et leur touche Suédoise déjà présente précédemment elle fait preuve ici de plus de maturité et de recherche au niveau de l’écriture, quittant partiellement les influences Swedeath et Crust bas du front pour une musique où le Black Metal et la mélodie sur les nombreux solos sont plus mis en avant, tout comme certaines ambiances épiques à mort qui sentent bon AMON AMARTH.
En attendant d’entendre tout cela la bande nous balance d’entrée « Silent Indocrination » où l’on retrouve l’âme maudite de Jon Nödtveidt, tant ici le Metal noir et de la mort se mélangent habilement sur fond de rythmiques changeantes en permanence et de vitesses variées, d’où émergent de nombreuses harmonies qui amènent de la lumière au milieu des ténèbres hantés. Jouant sur toute la palette technique des Allemands cette première compo confirme leur évolution et la densification de leur musique, où l’on retrouve toujours ce côté légèrement rétro mais aussi des influences plus actuelles à l’instar de la production moderne mais qui évite l’écueil du plastique en restant chaude et naturelle. Si le groupe va ensuite reprendre ce qui a été majoritairement entendu sur ses précédents forfaits, cela va être encore parfaitement mené tant les courts « Disciples Of Downfall » et « Dethroned Supremacy » (ainsi que « Antagonism » que l’on entend plus loin) jouent majoritairement sur l’explosivité et un rendu plus frontal, où néanmoins l’énergie sait laisser place aux touches mélodiques pleines de soleil afin de ne pas être trop vite répétitif. Ce ressenti ne va d’ailleurs jamais apparaître, tant les gars ont réussi au milieu d’une trame générale assez similaire et classique à faire des morceaux relativement différents les uns des autres, ce qui permet ainsi de bien les reconnaître et d’éviter le sentiment d’interchangeabilité.
Cela est flagrant sur le remuant et épique « Towers » qui renvoie vers Johan Hegg et ses acolytes, vu qu’ici le tempo reste rapide la plupart du temps et nous embarque autant vers les épopées à bord des drakkars que vers celles des divisions Panzer de par son entrain généralisé. A la fois bondissant et donnant clairement envie d’en découdre on est embarqué par le côté combattif et guerrier où le headbanging n'est pas oublié, permettant ainsi de se faire du bien avant que le bridage ne soit la règle sur le très bon « Forged For Death ». Effectivement point d’excès de rapidité ici vu qu’au contraire on va être en présence d’ambiances quasiment Doom où le tout reste calé sur le frein à main, offrant ainsi un rendu plus sombre et opaque aux accents volcaniques via des montées en pression progressives. Si celles-ci ne durent pas en longueur (vu que ça reste en mode sénateur) l’attractivité ne s’efface pas et montre une facette différente mais totalement réussie, confirmant que la formation a véritablement franchi un palier. D’ailleurs une fois ces ralentissements clôturés tout va repartir sur les chapeaux de roue via le rutilant et tempétueux « Ominous Depth » où la météo se montre fort capricieuse vu que les riffs déchirent les nuages pour y amener une éclaircie méritée entre deux rasades de parties massives où l’orage se fait entendre, histoire d’amener une densité supplémentaire impeccable avant la clôture à rallonge intitulée « Serpent Crown ». Avec ces quasiment dix minutes au compteur ses géniteurs ballotent ici l’auditeur sur des montagnes russes où les rythmiques comme la pression ne cessent de changer, vu qu’ils nous servent un parfait condensé de ce qu’ils ont proposé durant ces trois-quarts d’heure sans fausses notes, tout en ajoutant là quelques nappes de claviers étonnantes de prime abord mais parfaitement en raccord avec le reste.
Du coup on ne peut que s’incliner devant le travail accompli par les mecs qui à l’instar de leurs compatriotes de CHAPEL OF DISEASE (d’ailleurs signés sur le même label) ont passé une étape charnière dans leur carrière avec ce troisième chapitre, qui va clairement les faire grimper dans la hiérarchie. Etant d’un équilibre parfait dans tous les domaines sans que jamais l’un ne prenne le pas sur l’autre les teutons offrent un vrai récital du savoir-faire à l’allemande, tout en continuant à rendre un hommage sincère, appuyé et personnel aux ténors et vétérans des scènes de Stockholm et Göteborg. Prouvant à l’instar des frères Teubl que s’affranchir de F.D.A. Records pour voguer vers de nouveaux horizons est une excellente idée, ceux-ci comme Søren Last et ses camarades ici présents ont osé sortir avec brio des sentiers battus pour y dévoiler un visage plus mature et original, tout en bénéficiant de meilleures distribution et visibilité médiatique... bref tout cela est bénéfique à tout point de vue pour eux comme pour les fans de bon son, qui n’ont aucune excuse pour ne pas s’intéresser à eux ni à cette œuvre.
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