Ciel, se pourrait-il que nous ayons éludé – involontairement, il va de soi – la chronique de « Soul Collector », illustre prédécesseur du non moins illustre
« Room Service », et par là même occasion 3e album du messie à chenilles (
après les plus confidentiels « Six Seconds Kill » et « Outpost - Fort Europa »)? Ni une ni deux: la sortie du package « Bello » (
2007) – qui regroupe « Soul Collector » et
« Room Service » + quelques sucreries additives – me donne l'occasion de réparer cette lacune que les amateurs du plus blindé des groupes de death danois ne nous auraient pas pardonné.
Petit préliminaire historique, tout d'abord, pour faire chauffer le canon. Afin de sortir son nouveau bébé, le groupe quitte Serious Entertainment – label alors à l'agonie – pour aller officier sur le champ de bataille nettement plus étendu de Mighty Music. Mais le fait le plus remarquable est encore l'arrivée de deux nouvelles recrues de choix au sein de cette machine de destruction massive: Bo Summer (
Illdisposed), l'homme aux cordes vocales couvrant un spectre allant de la momie scrofuleuse au démon épileptique, et Reno Kiilerich (
Exmortem, Vile …), batterie humaine souffrant d'une forme extrême de Parkinson lui ayant valu les honneurs du Guinness des Records. Là, normalement, tout amateur de death velu qui se respecte sent ses terminaisons nerveuses le chatouiller et son palpitant passer en mode « marteau-piqueur ». Et à raison nom de nom!
Alors certes, « Soul collector » ne bénéficie pas de la prod' monstrueuse de Tue Madsen (
par contre, pour la petite histoire, celui-ci se fend d'un solo sur « Panzinfantry »), ni ne se positionne aussi haut sur le podium de l'excellence que son successeur (
et encore moins haut que « Battalion Beast » me souffle Chris), mais le groupe dispose déjà sur ce skeud de suffisamment de munitions pour transformer votre pâté de maison en Ground Zéro sur Seine. Ainsi dès « Victorious Life », à l'image du démarrage en trombe que « Tomorrow » offrait à
« Room Service », le groupe met tout de suite les points sur les i: quand Panzerchrist mène la charge, on passe en mode « Take no prisoner ». L'assaut est frontal, l'impact brutal, et le feeling à cheval entre du pur death old school (
la prod', quelques effluves tortueuses Morbid Angeliennes …) et l'efficacité martiale de l'école polonaise (
la fougue, le rythme). Mais le groupe - bien que s'inscrivant principalement dans une démarche guerrière et véloce, aidé en cela par la force de frappe du sieur Kiilerich - va se permettre de varier les tempos, au point de se la jouer plus cool sur un « Cold As Darkness » rondement groovy, ou plus slow sur le début d'un « Retalliation » à l'offre rythmique relativement variée. Un autre aspect notable de cette galette - dont on trouve d'ailleurs encore des réminiscences sur l'album suivant -, c'est une approche stylistique légèrement schizophrénique qui fait cohabiter aux côtés du death metal guerrier un black metal tout aussi virulent. Cela est criant (
et forcément, par nature, criard) sur « Panzerkiller », mais cela transparaît également tantôt à travers des riffs glaciaux, tantôt via un chant écorché de circonstance, ceci sur « Panzinfantry », « Black Is Our Panzer » … En fait facilement sur les deux tiers des morceaux de l'album! Tout cela nous donne au final un album puissant, suffisamment varié pour maintenir l'attention, et homogène du point de vue de la qualité des compos, c'est-à-dire sans aucune bouse ni aucun véritable tube définitif – même si je sais que beaucoup seront en désaccord avec moi sur ce dernier point.
Côté décorum, on soulignera le fait que l'album est entièrement chanté en allemand, caractéristique qui avait créé la polémique à sa sortie étant donné l'imagerie déjà fortement « Panzerienne » du groupe, la fixette que celui-ci fait sur la 2e guerre mondiale, et le fait que le teuton ne soit pas franchement la langue natale des danois … La version officielle étant que le groupe n'a pas d'accointances déclarées avec l'extrême droite, on fermera rapidement cette parenthèse plus sensationnelle que véritablement intéressante. Autre caractéristique sympa de l'album: l'apparition sporadique de samples bien intégrés, notamment à la fin de « Panzinfantry » où l'on entend la longue harangue du démonique Al Pacino de « Devil's advocate », qui trouve ici une parfaite illustration musicale à son discours Paf-dans-dents-du-Grand-Barbu.
« Soul Collector » se révèle donc être un prologue logique aux brillants albums que sont
« Room Service » et « Battalion Beast ». N'ayant pas trop à rougir de la comparaison avec ses benjamins, l'album pourra se faire sans mal une place aux côtés de ses frangins sur le contreplaqué branlant de vos étagères Ikea. Et ce d'autant plus si vous profitez pour le même prix de la réédition intitulée « Bello » (
dont je vous parlais pas plus tard que quelques lignes plus haut) qui en plus d'adjoindre
« Room Service » à cet album vous offrira en sus deux morceaux inédits - « Jerusalem », morceau up/mid tempo groovy a la prod' rappelant les vieux
Death, et « Before Life », une variante du morceau
« Room Service » qui ne prend que peu de libertés par rapport à l'original. Pour sûr, c'est pas avec un album de cette trempe que Ben-Hur va arrêter son char!
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