Panzerchrist - Batalion Beast
Chronique
Panzerchrist Batalion Beast
Panzerchrist est, vous vous en doutez sûrement, un groupe de poètes. Voyant une frêle rose gorgée de rosée au petit matin, sous un léger rayon de soleil encore embrumée d’une nuit humide… le groupe a sans aucun doute la main verte, se baissant délicatement… sur le levier de vitesse du Panzer Z-320 afin de mettre en route le mastodonte et d’écraser sans pitié roses, herbes et promeneurs du dimanche si possible. Panzerchrist, faut pas les faire chier, sinon la déferlante Danoise déboule dans ton salon, et nul doute que les voisins apprécient rarement la vue d’un canon dépassant de la fenêtre donnant sur la cour intérieure…
Trèves de blagues pas drôles et de métaphores dépassées, « Bataillon Beast » est le 5ème obus des Danois, et une sacrée baffe (une de plus) pour tout amateur de Death en quête de nouvelles sensations. Ayant déjà entendu quelques titres des anciens albums, je n’avais pas souvenir d’affinités si perceptibles avec le Black, or il s’avère que cet album fricote beaucoup avec quelques sonorités de cet univers. Tout commence par les vocaux de Bo Summers, le beugleur de Illdisposed, dont je connaissais essentiellement le chant guttural, et qui se révèle ici un excellent hurleur dans les sonorités plus éraillées du black. L’ajout récent d’une claviériste au groupe confirme l’inclinaison mixte de Panzerchrist, même si la base reste pleinement et brutalement Death. Panzerchrist a vu défilé nombre de batteurs, mais celui qui semble être le plus « stable » et également le plus sollicité en dehors du groupe, c’est bien Reno Kiilerich, qui officie également au sein de Dimmu Borgir (ou officiait, j’avoue ne plus trop suivre les incessants changements de line-up là bas). Remarqué pour avoir battu un record de vitesse à la double pédale, il faut avouer que son style de jeu colle parfaitement à Panzerchrist, ou le principe est je le rappelle d’annihiler totalement toute résistance de l’auditeur en simulant le mieux possible une attaque de chars (un peu comme dans Command & Conquer, ou la stratégie de la mission 1 à la 22 revient toujours à construire davantage de chars que son adversaire).
Cette simulation auditive repose sur un tapis, que dis-je, un mur de son, qui suppose une double pédale très active. Mettez les basses à fond, ouvrez grand les fenêtres, et regardez un peu la tête des passants. Pas de doutes, Reno Killmerich n’a pas usurpé sa réputation, et le mixage fait honneur à ses pieds bioniques. Passé cette considération purement sonore, reste à voir ce que valent les riffs qui accompagnent ce déferlement de blasts et de BPMs pédestres.
Et c’est là que cet album en vient à mériter sa très bonne note, car il est difficile de nier la qualité des nombreux riffs, solos et autres mélodies qui occupent cet album. Tirant souvent vers le Black (« The Lean Black Cruisers », « He is Dead Who Will Not Fight », « War in the North »), tout en gardant un aspect mélodique très recherché (mais pas mélodieux, nuance), le travail de composition au niveau des riffs est tout simplement remarquable. Les influences Death ne sont pas en reste, certains titres étant marqués par quelques riffs génialissimes malgré leur simplicité (le Vaderien « The Gods they do not give us long », « Lumps of Rotten Clay »)… et dans tout cela, que vient faire la claviériste me direz vous ?
A part donner un peu de charme aux photos du groupe, elle fait heureusement bien davantage que de la simple figuration en apportant sur des titres comme « War in the North », « Spirit of the Soldiers » ou « Flame of the Panzerchrist » un ajout significatif en terme d’ambiances. Ces titres bénéficient à ce titre d’introductions excellentes, et sont accompagnés dans leur construction de cette touche discrète et jamais trop visible de nappes de claviers aériennes. Cela peut sembler bizarre sur le papier, quand on se rappelle qu’on traite quand même d’un groupe censé être massivement brutal et dévastateur, mais l’alliance des deux approches passe parfaitement bien, et quitte à perdre un peu en brutalité au départ, on gagne en richesse sur le fond.
Et histoire de rester toujours aussi dithyrambique au sujet de cet album, qui a pourtant mis du temps à me convaincre, je suis toujours aussi étonné de la qualité et de la cohérence des quelques passages mélodiques qui s’insèrent sans difficulté dans des compos très brutales au départ. C’est ainsi que le break atmosphérique à 2min53 sur « The Lean Black Cruisers », suivi d’un solo très mélodique, passe étrangement bien, malgré le décalage avec la brutalité du reste du titre. Idem pour le tapping d’entrée de jeu sur « Infant’s Graves », peut être sonnant plus obscur et donc plus simple à incorporer au titre, qui reste là aussi bien brutal.
Bref, Panzerchrist réussit le pari d’être à la fois massif, lourd, destructeur… et mélodique et même un poil atmosphérique sur quelques passages. Toutes les compos se valent en qualité, et l’aspect black de plus en plus prononcé au fil de l’album ne gêne en rien la cohérence de l’album, de même que les quelques mélodies. Bref, rien à redire ici, tout comme on pouvait parler de victoire quand Canard WC arrivait à déboucher mes toilettes, j’ai bien envie de dire « encore une victoire pour Neurotic Records ». C’est sans doute moins classe dit comme ça, mais fort à propos après le dernier Spawn of Possession qui tendait déjà très fort à finir dans les meilleurs albums de l’année…
| Chri$ 8 Octobre 2006 - 2539 lectures |
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