Puisque j’ai eu la chance d’acheter « Symbolic » au moment de sa sortie (et oui, je suis un vieux singe grimaçant), revenons en préambule sur ce printemps 1995 assez invraisemblable en termes de sorties majeures puisqu’en l’espace de quelques semaines seulement, on a pris dans la gueule « Domination » (MORBID ANGEL), « Demanufacture » (FEAR FACTORY) et ce sixième full length de DEATH donc, un « Symbolic » creusant un peu plus le sillon heavy initié sur le joyau
« Individual Thought Patterns ». Devant pareil enchainement de perles death c’était l’évidence même, le futur, on avait hâte d’y être ! Mais c’était compter sans l’effondrement de l’empire métallique à coup de vagues néo/true metal successives, la Scandinavie offrant à l’époque une terre d’asile providentielle pour amateurs de black et de death mélodique. N’étant guère porté sur la frange la plus noire de la résistance aux Ross Robinsonneries et autres blouseries southern rock en forme de majeur bien tendu (un « Load » de sinistre mémoire), 1995 restera pour moi une année charnière avant la décrépitude d’un style musical seulement revigoré au début des années 2000.
Concernant « Symbolic », peut-on parler de tournant pour DEATH dans la mesure où seul le controversé
« The Sound Of Perseverance » lui succèdera ? J’ai plutôt envie de répondre par la négative, quand bien même le projet CONTROL DENIED poussera encore plus loin la logique aérienne d’un combo passé progressivement des sous-sols de la peur (la jouissance death primitive du fondateur
« Scream Bloody Gore ») au septième ciel artistique d’un « Symbolic » empreint de mélancolie, pas encore marqué du sceau de la souffrance physique et morale (la maladie de Chuck sera détectée plus tard). Mais si la véritable rupture a eu lieu entre
« Spiritual Healing » et
"Human" (Death technique) de Death
">« Human », il est une constante entre chaque album de DEATH depuis les débuts du groupe en 1983, je veux bien sûr parler des changements de line-up ! Et Chuck Schuldiner, qui aimait comparer son groupe à une équipe de foot (cf interview dans le hard n’ heavy de l’époque), avait le mercato dans le sang puisque seul l’ex-DARK ANGEL Gene Hoglan survit ici aux habituelles grandes manœuvres. Exit Andy LaRocque et Steve Di Giorgio, place aux anonymes Bobby Koelble (un ancien camarade de classe) et Kelly Conlon (futur MONSTROSITY), deux Floridiens purs souche recrutés par un leader qui, de toute façon, n’a besoin de personne pour tracer sa route. De plus en plus sensible aux textes et à l’intelligibilité de sa musique, Chuck met la pédale douce sur le death metal pur et dur (la production plus thrashisante signée par lui même et Jim Morris) et change de fusil d’épaule au niveau du chant, bien moins guttural que par le passé. Certes, le contraste n’est pas aussi déstabilisant que sur
« The Sound Of Perseverance » (un massacre, à mon humble avis) mais l’évolution vers plus de clarté est palpable à tous les niveaux, malgré quelques vestiges thrash death nous renvoyant vers le DEATH d’avant (« Misanthrope », « 1,000 Eyes »).
Si la rapidité est toujours de mise (le foudroyant title track), DEATH varie les tempis avec une fluidité ahurissante, qui projette l’auditeur d’une accélération foudroyante typique (« 1000 Eyes ») à des passages d’une rare lourdeur (le refrain à tomber de « Zero Tolerance »), tout en caviardant « Symbolic » de moments de grâce lead qui suffisent à le propulser au panthéon des œuvres majeures, toutes chapelles métalliques confondues. Les arpèges classieux sont également de sortie (« Zero Tolerance » toujours, « Sacred Serenity », « Perennial Quest » et le démarrage de la formidable « Empty Words ») pour un contenu d’une rare puissance car au-delà de la technique pure (Chuck avait encore plus épaté la galerie sur
"Human" (Death technique) de Death
">« Human » et
« Individual Thought Patterns », bien aidé par Paul Masvidal et Andy LaRocque), « Symbolic » est l’album de DEATH le plus fort émotionnellement parlant. C’est bien simple, le break de « Without Judgement » m’arrache une larme quasiment à chaque écoute ! Où l’on touche du doigt quasiment en permanence ce vernis de tristesse inédit pour un groupe que l’on n’écoute plus depuis bien longtemps pour le simple plaisir de se rompre le cou, mais bel et bien pour rallier cette dimension supplémentaire dans laquelle Chuck semble vouloir nous attirer depuis un
"Human" (Death technique) de Death
">« Human » cosmique. Du coup, les titres plus légers aèrent un tant soit peu un opus si intense que chaque retour aux affaires courantes (« 1000 Eyes », « Sacred Serenity », « Misanthrope ») permet de souffler entre deux morceaux de bravoure comme l’éternelle « Crystal Mountain » et son sublime final flamenco ou l’ultime pèlerinage « Perenial Quest », pièce la plus progressive du lot avec ses 8 minutes et des poussières. Tirant la leçon des erreurs passées
(« Individual Thought Patterns », quelque peu plombé par une production ne lui rendant absolument pas justice ), Chuck joue la carte de la limpidité et simplifie ses riffs juste ce qu’il faut, le jeu tout en nuance d’un Gene Hoglan plutôt habitué à bûcheronner et l’espace alloué à la basse de Kelly Conlon achevant de faire de « Symbolic » un album parfait en tous points.
Paradoxalement, « Symbolic » reste l’album de DEATH vers lequel j’ai le plus de mal à revenir avec
"Human" (Death technique) de Death
">« Human » car l’écoute de ces deux œuvres singulières m’est assez inconfortable. Pour raisons personnelles concernant « Symbolic » (pas pour rien que je repousse sans cesse l’écriture de cette chronique depuis de longs mois) mais pas pour
"Human" (Death technique) de Death
">« Human », ce qui tend à prouver qu’à son meilleur niveau, DEATH fait bien plus que transcender le matériau death de base pour lequel on l’a tous écouté au départ. Ils sont bien loin les lépreux de Repka, les goules grotesques de
« Scream Bloody Gore » et l’évangéliste véreux de
« Spiritual Healing » ! Meilleur album de DEATH ? Il y a match avec quelques-uns de ses devanciers, suivant l’épaisseur de la fibre old school qui sommeille en vous
(« Leprosy », toujours aussi monstrueux presque 25 ans après sa sortie) mais autant on peut trouver quelques défauts mineurs dans le reste de sa discographie, autant DEATH signe avec « Symbolic » une performance totale aux allures de voyage initiatique qui, à mon sens, vaut qu’on lui décerne cette palme. De plus, cette merveille marque la fin d'une époque dorée pour les aficionados de death à l'ancienne, avec force rythmiques thrash et solis d'anthologie. Album essentiel, s’il en est.
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