Trente ans de carrière, dix albums et un parcours exemplaire pour l’un des groupes de Death Metal les plus respectés de la planète. Malgré les années qui passent, Immolation n’a en effet jamais retourné sa veste, préférant faire passer au second plan toute idée d’évolution trop marquée. Un choix salutaire puisque les New-Yorkais sont encore aujourd’hui très largement plébiscités, en atteste les retours extrêmement positifs qui entourent ce nouvel album paru en février dernier sur Nuclear Blast.
Intitulé
Atonement, ce disque surprend dans un premier temps par son artwork très coloré signé une fois de plus des mains de Pär Olofsson (
Majesty And Decay,
Providence et
Kingdom Of Conspiracy) et surtout par le retour de l’ancien logo que l’on avait pas revu sur une pochette d’Immolation depuis plus de vingt ans et la sortie de
Here In After en 1996. Un détail que beaucoup auront déjà très vite remarqué. Ce nouvel album marque également le remplacement du guitariste Bill Taylor par le grand frisé Alex Bouks (Ruinous, ex-Incantation, ex-Funebrarum, ex- Goreaphobia...). Pas de quoi susciter d’inquiétudes d’autant que le duo fondateur (Robert Vigna et Ross Dolan) n’a évidemment pas bougé.
Nous avions laissé Immolation après un
Kingdom Of Conspiracy particulièrement véhément mais aussi quelque peu décrié par certains à cause d’une production jugée "dans les choux". Pour ce dixième album, les New-Yorkais n’ont pourtant pas souhaité faire appel à qui que ce soit d’autre que Paul Orofino et Zack Ohren qui les suivent respectivement depuis 1999 et 2010. Ceci étant dit, la copie a été quelque peu revue comme pour mieux limiter les grincements de dents parmi ses auditeurs les plus tatillons. Moins sec et offrant davantage de rondeurs (notamment en ce qui concerne le son de batterie de Steve Shalaty), le travail de Paul Orofino et Zack Ohren est effectivement ici mieux équilibré (en dépit d’un côté légèrement trop synthétique inhérent à ce type de grosses sorties sur un label du type Nuclear Blast) apportant ainsi au Death Metal d’Immolation cette stature imposante qui lui convient si bien. Cette production devrait donc faire davantage écho aux amateurs d’Immolation là où celle de
Kingdom Of Conspiracy en avait malheureusement laissé quelques-uns sur le bord de la route.
Du reste, ce sont là (l’artwork, le logo, l’intronisation d’Alex Bouks et la production) les seuls véritables nouveautés puisque pour le reste, la formule développée par Robert Vigna et Ross Dolan depuis maintenant près de trente ans semble absolument immuable. Certes, Immolation n’a pas été sans s’adapter aux époques qu’il a traversé mais sa rigueur et son dévouement sans faille continuent encore aujourd’hui (surtout aujourd’hui) à forcer le respect. Si
Atonement ne propose donc rien qu’Immolation n’ait jamais fait auparavant, l’album n’en demeure pas moins un excellent cru principalement parce qu’il se présente comme la synthèse parfaite de ce groupe tantôt lourd et rampant, tantôt nerveux et direct. Les variations de rythmes sont donc nombreuses tout au long de ces quarante-quatre minutes (quarante-huit pour la version digipack qui comprend une version réenregistrée du titre « Immolation ») créant ainsi une véritable dynamique d’ensemble. Naviguant alors entre séquences mid-tempo écrasantes et moments beaucoup plus intenses, les Américains suscitent constamment l’intérêt sans jamais lasser.
Et d’ailleurs comment réussir à lasser avec un tel riffing ? Je me le demande encore... Riche, tortueux, dissonant, complexe, atypique, dynamique et vicieux sont autant de qualificatifs pouvant s’appliquer au jeu si particulier de Robert Vigna. Celui qui dès la sortie de
Dawn Of Possession a donné son identité au Death Metal d’Immolation continue trente ans plus tard à se montrer particulièrement inspiré. De ces nombreuses petites notes dissonantes aussi vives et soudaines que malfaisantes à ces constructions alambiquées aux riffs sournois et torturés (les débuts de "The Distorting Light", "When The Jackals Come" à 0:53, "Fostering The Divide" et ses mid-tempos chaloupés, "Destructive Currents" à 1:03, etc) en passant par ces leads et autres solos menaçants et terriblement mélodiques ("The Distorting Light" à 0:52, 2:15 et 2:41, l’introduction de "When The Jackals Come" puis à 1:21 et 2:34, "Fostering The Divide" à 2:11, "Rise The Heretics" à 1:43, "Destructive Currents" à 2:01...),
Atonement n’a rien d’un album composé à la va-vite. Difficile par contre d’évoquer ici l’influence d’Alex Bouks puisque ce dernier n’a rejoint les rangs de la formation que l’année dernière, un peu avant l’enregistrement de ce nouvel album. Une chose est sûre et certaine, son arrivée n’a pu être que bénéfique.
Enfin, pour parfaire cette atmosphère de fin du monde, on peut également toujours compter sur la voix grave et autoritaire de Ross Dolan qui, en dépit des années qui passent, conserve un coffre des plus impressionnants. De la même manière que le riffing de Vigna n’appartient qu’à lui, le chant de Dolan se distingue par un phrasé assez particulier qui lui donne une stature de leader implacable et terriblement menaçant.
Atonement ou le retour en grande pompe d’un groupe qui pourtant n’a jamais véritablement déçu en dehors de ces questions de productions. Pour le coup, celle-ci est donc plutôt soignée et ne devrait pas véritablement poser de problème. De fait, elle met en avant (sans que cela soit une surprise) toute la richesse et la personnalité d’un Immolation qui n’a que peu évolué durant ces trente longues années. Alors effectivement, l’artwork de Pär Olofsson fait encore un peu plastique (même s’il est à mon sens bien plus convaincant que ses derniers travaux pour le groupe) et certes la production est encore perfectible (un côté un poil "trop" moderne qui parfois me démange) mais trouvez-moi des groupes qui après avoir débuté leur carrière en 1988 sont à ce jour aussi pertinents et surtout à la hauteur d’une scène revigorée par l’émergence de dizaines de nouvelles formations chaque jour ? Il y en a peu, je vous le dis. On peut donc avancer sans trop se tromper qu’Immolation a encore de beaux jours devant lui. Tant mieux.
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