Nous avions quitté Noxis un petit peu après la sortie de leur premier EP en 2020 (
Expanse Of Hellish Black Mire) en faisant fi depuis de tout ce que le groupe américain a pu sortir à commencer par cet excellent split en compagnie de Cavern Womb paru l’année suivante chez Rotted Life Records (
Communion Of Corrupted Minds). Si l’idée aujourd’hui n’est pas de rattraper mon retard (s’il y a une chance que je chronique un jour ce split ou même peut-être cette compilation sortie en 2022, c’est probablement beaucoup moins vrai pour cet album live de 2023 dont je me fiche éperdument), il convient malgré tout de se pencher à nouveau sur le cas de ces Américains relativement discrets afin de s’intéresser à leur premier album paru en juin dernier toujours chez Rotted Life Records mais également sur le label néerlandais Dawnbreed Records (Evulse, Hedonist, Phantasmagore, Rancor, Savage, Xoth...).
Intitulé
Violence Inherent In The System, ce premier album souffre d’une illustration peu engageante qui m’a longtemps tenu à bonne distance… Une oeuvre que l’on doit pourtant à Jerry Hionis, un artiste anglais qui à plusieurs reprises n’a pas manqué de m’embarquer dans ses univers visuels (Coffin Rot, Faerie Ring, Fulci, Greenwitch, Maul, Morgul Blade, Sadistic Force, Sentenced 2 Die...) mais qui pour l’occasion n’a pas réussi à marquer le coup puisqu’il livre ici une oeuvre terne et plutôt quelconque qui ne donne pas particulièrement envie d’en voir ou d’en entendre davantage. Côté production, si la plupart des instruments ont été enregistrés par les membres de Noxis (à l’exception comme souvent de la batterie), on doit le mixage et le mastering à monsieur Noah Buchanan dont le curriculum-vitae ne cesse de s’allonger ces dernières années puisque ce dernier a récemment contribué aux récentes sorties de groupes tels que 200 Stab Wounds, Burial Oath, Hemorrhoid, Midnight, Nogothula, Obscene, Sentient Horror, Valdrin et j’en passe. Une collaboration qui ne doit rien aux hasard puisque ce premier album est marqué par une production particulièrement chouette offrant dynamisme, naturel et lisibilité à ces onze nouvelles compositions qui ont effectivement bien besoin de respirer.
En effet, comme je l’évoquais déjà lors de ma chronique d’
Expanse Of Hellish Black Mire, Noxis nous a toujours fait part de son appétence pour les riffs nerveux et tarabiscotés, les structures complexes et changeantes et les rythmiques soutenues mais néanmoins contrastées. Des prédispositions qui lui ont rapidement permis de se distinguer au sein d’une nouvelle scène américaine concurrentielle mais tout de même un petit peu moins portée sur ce genre de sonorités disons-le plus techniques et alambiquées.
Si par moment Noxis n’est pas sans rappeler le Cannibal Corpse de la grande époque ("Blasphemous Mausoleum For The Wicked") ou le Death plus progressif de
Human et
Individual Thought Patterns ("Paths Of Visceral Fears"), le groupe américain amène cependant à sa formule une touche à la fois plus brutale et en même temps plus surprenante qui lui permet clairement de tirer rapidement son épingle du jeu et ainsi se démarquer de ses petits camarades. À ce titre la basse de Dave Kirsch joue un rôle indiscutable puisque contrairement à bien des albums (de Death Metal), celle-ci est plus ou moins toujours présente et parfaitement audible. Naturellement de nombreuses séquences se contentent d’offrir une solide base rythmique à chaque composition mais notre homme n’est pas sans nous gratifier de quelques passages plus remarquables avec notamment ces notes pincées particulièrement distinctives ou d’autres plus en rondeurs qui dans les deux cas vont évidemment amener un groove assez délicieux à l’ensemble (je pense notamment à l’introduction on ne peut plus claire de "Skullcrushing Defilement" et puis à 0:26 et 2:27, "Blasphemous Mausoleum For The Wicked" à 0:19, "Replicant Prominence" à 2:57, "Torpid Consumption" à 1:29 et 2:41, "Horns Echo Over Chorazim" à 0:43 et ainsi de suite jusqu’au terme de ce premier album). D’autres éléments viennent également entretenir le caractère étonnant de ce premier album à commencer par cette clarinette, ce tuba et cette trompette un brin débridés entendus sur l’excellent "Horns Echo Over Chorazim" ou ce dernier titre ("Surfin’ Blood Futile") qui comme son nom le suggère évoque une rencontre improbable entre Surf Music 60’s et Death Metal. Bref, tout ceci constitue une bouffée d’air frais qui apporte effectivement un soupçon d’originalité supplémentaire à un album peut-être pas si novateur que ça sur la forme mais dont le fond révèle pourtant quelques largesses qui permettent sans aucun doute à Noxis de se distinguer de tout un tas d’autres groupes officiant plus ou moins dans le même registre.
Pour le reste,
Violence Inherent In The System concentre sans trop de suspens tout ce qui faisait le charme d’
Expanse Of Hellish Black Mire. Ainsi ce premier album s’impose sans difficulté aucune grâce à de nombreuses saillies pour le moins brutales et intenses lors desquelles Noxis va laisser parler la poudre (de ces séances de blasts plus ou moins soutenus à ces riffs nerveux qui ne tiennent pas en place en passant par ces changements de rythmes inopinés et soudains, cette basse qui frétille et ce growl agressif, difficile parfois de ne pas se sentir submerger par le Death Metal rondement mené des Américains) ainsi que par cette grande variété dont il fait preuve tout au long de ces quarante-neuf minutes (eh oui, tout de même). En effet, si la tendance globale est belle et bien à la distribution de mandales, Noxis va toujours prendre soin d’amener ce qu’il faut de relief et de nuance à ses compositions afin d’accentuer chaque coup d’éclat et offrir au passage à l’auditeur de nombreuses variations pour ne jamais trouver le temps trop long ou certaines séquences trop répétitives.
Quelque peu plombé par une illustration qui ne donne pas nécessairement envie de s’y plonger,
Violence Inherent In The System est pourtant le genre d’album capable de mettre à peu près tout le monde d’accord. Il est en tout cas la suite que l’on était en droit d’attendre après un premier EP particulièrement encourageant que je vous invite vivement à découvrir si vous étiez jusque-là passés à côté. Un disque brutal et nerveux qui de prime abord ne semble pas particulièrement vouloir sortir du cadre mais qui une fois que l’on s’y intéresse plus en détail offre tout de même quelques petite touches d’originalité particulièrement bienvenues. Bref, si j’avais quelque peu laissé de côté les Américains pour des raisons que je ne m’explique pas vraiment (hormis cette histoire d’illustration peu engageante, je n’ai clairement jamais rien eu à leur reprocher), ce premier album est finalement un sérieux rappel à l’ordre quant à l’attention qu’il convient de porter à Noxis et à son Death Metal.
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