Noxis - Expanse Of Hellish Black Mire
Chronique
Noxis Expanse Of Hellish Black Mire (EP)
Des EPs parus en 2020 qui valent le détour, je peux vous dire qu’il y en a eu un paquet. Tellement que j’en suis encore a essayé de rattraper mon retard sur le sujet (Cystic, Wharflurch, Writhing Shadows, Apparition, Mortuary Descent, Writhing, Pustilence, Unembalmed, Perilaxe Occlusion...). Parmi toutes ces nouveautés (qui vont finir par ne plus l’être), on trouve également le premier EP des Américains de Noxis. Formé à Cleveland en 2019, le groupe qui évolue sous la forme d’un trio compte dans ses rangs un ancien Inoculation, groupe signé sur Maggot Stomp Records dont j’aimerai pouvoir vous parler un de ces quatre. Après une première démo parue en 2019 ainsi qu’un single proposé sur Bandcamp l’été dernier, le groupe est naturellement passé à l’étape suivante avec la sortie en octobre dernier sur Rotted Life Records et Pulverised Records de ce Expanse Of Hellish Black Mire.
Superbement illustré par un illustre inconnu répondant au nom de Digitrash Art, ce EP propose quatre titres d’un Death Metal pas forcément très original (même si, et on y reviendra, je lui trouve tout de même un brin de personnalité) mais qui fort heureusement sait se montrer particulièrement efficace et cela en toute circonstance. Oui, comme la plupart des albums, EPs et démos sur lesquels je jette mon dévolu, Noxis ne s’est pas fixé pour mission inutile de réinventer le Death Metal mais plutôt d’apporter en toute modestie sa pierre à l’édifice.
Vous n’entendrez donc rien de surprenant ou qui n’ait pas déjà été fait auparavant tout au long de ces treize petites minutes qui à défaut de révolutionner quoi que ce soit viennent attester une fois de plus de l’excellente santé de la scène Death Metal outre-Atlantique. Pour autant, comme je vous le disais un petit peu plus haut, il y a quelque chose chez Noxis qui va lui permettre non pas de faire la différence mais au moins de nourrir un soupçon de personnalité. Deux éléments concourent notamment à cette conclusion. D’abord il y a cette production massive mais fort à propos qui va mettre en lumière une basse particulièrement expressive (bien qu’un petit peu perdue dans un trop plein de fréquences basses, surtout lorsque le rythme s’accélère) ainsi qu’une caisse claire dont les claquements bien secs rappellerons de bons souvenirs à tous les amateurs de Brutal Death des années 90. Et puis il y a surtout ce riffing dense et parfois complexe qui au-delà de ses changements de patterns réguliers va venir tisser des toiles de cauchemars toujours extrêmement sombres et menaçantes.
Au-delà de ces quelques éléments qui vont donner à Noxis un semblant de personnalité, on retiendra également la brutalité et l’intensité qui se dégage de ce premier EP. Alors oui, des groupes plus rapides et plus démonstratifs ce n’est pas ça qui manque aujourd’hui mais les Américains réussissent ici à conserver une sensibilité à l’ancienne ainsi qu’une véritable authenticité tout en sonnant extrêmement coriace. En effet, on est ici rapidement séduit par la puissance de feu dont fait preuve le trio qui enchaîne les blasts et autres riffs tricotés à toute berzingue lors de séquences particulièrement denses et pimentées qui n’auront aucun mal à bousculer l’auditeur ("Dream Infested" à 1:22 et 3:32, le début de "Contorted Bowels Warm" et son riffing technico-mélodique, les premières mesures de "Incubated Disgust", l’entame impitoyable de l’excellent "Guts Liquify"). Mais si la cadence est effectivement soutenue tout au long de Expanse Of Hellish Black Mire, les ralentissements et autres cassures ne sont pas rares pour autant. Chaque titre est ainsi nuancé par plusieurs brefs moments de répit qui vont ainsi apporter un soupçon de nuances sans pour autant sacrifier à la dynamique d’ensemble et au sentiment de brutalité qui s’en dégage.
Alors non, tout ça n’a rien de nouveau ni de vraiment sorcier mais la manière dont Noxis agence avec aisance l’ensemble de ces éléments lui donne, notamment face à tous ces groupes ancrés dans une approche bien souvent plus "simple" et "rudimentaire", un petit quelque chose en plus loin de passer inaperçu. En tout cas une chose est sûre, on appréciera cette aptitude qu’on les Américains à sonner old school sans pour autant verser dans une resucée d’une quelconque figure majeure de la scène (et cela en dépit d’influences plus ou moins évidentes, coucou Incantation et Tomb Mold). Il se dégage en effet de la musique de Noxis quelque chose de brutal ainsi qu’une certaine intensité qui vont d’emblée lui conférer toute ma sympathie (et la votre à n’en point douter). Et si la suite (qu’on espère dur comme fer être un album) s’avère du même calibre, on tient là un sérieux prétendant au podium.
| AxGxB 8 Février 2021 - 987 lectures |
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