Chez Thrasho, on adore THE CROWN. Enfin tout le monde, sauf Ikea, AxGxB, FleshovSatan, Dysthymie, Dead, Sakrifiss, et Keyser. Et Mitch est pas fan de tout. Voire de rien. Bon je reprends : sur Thrasho, MOI J’ADORE THE CROWN. Voilà, c’est plus juste. Alors, autant vous dire que cet album, je l’attendais comme le Messie, surtout après 4 ans d’attente, un
« Doomsday King » décevant (5.5/10 à un album de THE CROWN, rendez vous compte !!), et un line up intriguant : le retour du chanteur originel (Lindstrand Président !), mais le départ des pilliers Saarenpää (membre fondateur et batteur aussi génial que méconnu) et Sunesson (bis, en guitare solo). Pour la partie « notes aigues », apparition du moustachu Sörqvist, de chez IMPIOUS, des copains de longue date, on se dit que ça devrait le faire. A la batterie…hum…Marko Tervonen, autre tête connue, mais connue plutôt pour être à la guitare rythmique d’ordinaire qu’aux percussions. A priori, l’album ayant été enregistré dans son studio, et certainement pour des contraintes de budget, de temps ou de distance géographique (le batteur d’IMPIOUS ayant enregistré quand même les deux reprises de SODOM et de PARADISE LOST), il n’était pas possible de faire autrement, et c’est donc Tervonen qui assure la batterie, mais nous y reviendrons.
Si je ne vous ai pas encore perdu ici, c’est que vous kiffez THE CROWN autant que moi (ou que vous n’avez rien d’autre à foutre), et vous avez donc bon goût. Cependant, aimez un groupe aussi génial que THE CROWN n’empêche pas d’avoir un minimum de sens critique, et de se demander donc légitimement si « Death is Not Dead », et sa pochette « flipper » (pas le dauphin) vaut le détour, et rattrape la déception franche et nette qu’était
« Doomsday King ». Alors, pour faire mon centriste, OUI et NON. Thèse, antithèse, synthèse, on est parti.
OUI ! Pourquoi OUI ? Parce que ce qui fait l’essence de THE CROWN, à savoir un savant mélange de rock n’ roll et de Death Metal ; des riffs pas forcément ultra techniques mais souvent mémorables (le riff d’intro de « Struck by Lightning », t’aurais pas aimé l’avoir composé celui là ami thrasheur ?) ; et une belle volonté d’envoyer du gras ; bref tous ces composants primordiaux sont de retour, après un « Doomsday.. » trop générique et « sage » pour (me) convaincre. Prenez un titre comme « Speed Kills » : aussi bateau que soit la mélodie de refrain, sa simplicité est étonnamment rafraîchissante, et elle accompagne avec beaucoup de talent la fabuleuse montée en puissance de la seconde partie du titre, aboutissant à un très sexy solo (on en parviendrait presque à oublier Sunesson). Quand on aime le Death / Thrash, on aime quand ça envoie un peu la purée aussi, et vous ne serez pas déçu avec « Herd of Swine » (et son démarrage en faux ami), « Headhunter » ou « Struck by Lightning » ; même si le tempo est moins excité que par le passé (« Crownded in Terror » restera leur album le plus brutal). Au-delà des BPMs, la dimension mélodique n’est pas oubliée pour autant, et permet de mettre en avant ce satané Sörqvist, décidément un candidat très crédible au remplacement de Sunesson : écoutez moi ce pont sur « Iblis Bane », et ce solo plein de feeling, qui démarre tout mielleusement avant de partir dans une belle envolée « guitar hero style », ça en jette ; le reste du titre n’est pas décevant non plus, dans un style death / thrash classique mais efficace. Et vu qu’on est dans la mélodie, il ne m’est pas permis d’éluder les deux instrumentaux de toute beauté qui ouvrent et (quasi) ferment « Death is Not Dead » : si « Reign » n’aura le mérite que de contraster avec le début punchy de « Headhunter », « Medusheld » mérite quand à lui d’être davantage commenté, car la science du titre instrumental de 5 minutes a tendance à s’être perdue ces dernières années. Et quand on a été biberonné comme moi à l’école « The Jester Race » / « Whoracle » / « Mind’s Eye », cela rappelle de beaux souvenirs que de se plonger dans un titre aussi réussi, certes pas aussi magique que « Man Made God » (meilleur instrumental jamais composé ?), mais tenant sacrément bien la route. « Godeater » qui lui succède, fait d’ailleurs un peu pâle figure en comparaison, perso j’aurai inversé les deux titres pour conclure.
Un dernier OUI magistral pour mr Lindstrand : bien que je n’avais pas de soucis avec son bref remplaçant sur « Doomsday », qui faisait du Lindstrand-like sans trop se rendre ridicule, il n’y a pas à chier : le Maître reste intouchable. Et je réalise enfin à quel point le chant du Elvis du Death Metal est une composante majeure de la magie de The Crown : il prend parfois des intonations profondément troublantes, et ses rugissements me font dire qu’il fait partie des meilleurs vocalistes du genre, bien qu’étant sous estimé : à 3mn36 sur « Struck by Lightining », vous n’avez pas des frissons à l’entendre incanter « Dominus Illuminatio Mea » ? Et à l’entendre hurler « Speed Kills » en boucle sur le titre éponyme, aucune envie de prendre votre Punto pour aller cramer du bitume ? Moi j’ai un abonnement Velo’v alors ça le fait moins, mais l’esprit y est.
NON ? Alors NON, « Death is No Dead » n’est pas un album à mettre au piédestal de leur discographie ? (oui je suis passé à l’antithèse, faut suivre). Et bien mon cher lecteur, il y a quelques points d’accroches qui m’empêchent de mettre une note ultimement bonne : tout d’abord une production un brin faiblarde, l’album étant enregistré, produit et mixé chez Tervonen, et non pas dans un « grand studio » : le son, sans être faible, n’a pas autant la patate qu’on pourrait le souhaiter, et quand on réécoute
« Doomsday King » et sa prod en béton armé et ses compos faiblardes, on se dit qu’il aurait fallu inverser les deux albums à ce niveau. L’album est écoutable, mais souffre du syndrome
« Hell is Here » : de très bonnes compos, qui ressortent mal sur les passages rapides à cause d’une puissance sonore qui ne suit pas (exemple flagrant sur « Herd of Swine », censé être LE titre brutal et qui ne décoiffe qu’une mèche ou deux). L’autre souci majeur de l’album, c’est de ne pas avoir eu un vrai batteur : comme dit en préambule c’est Tervonen qui percussione, et comment dire…ça assure le minimum syndical. Ca fait tout drôle d’entendre les parties blastées sous mixés, sans doute pour des raisons d’exécution ou de manque de puissance ; et les patterns de façon générale sont correctes, sans plus. Je n’ai pas noté de maladresse particulière, mais je ne suis pas batteur, peut être certains en auront entendus à ma place, faites vous entendre. C’est d’autant plus flagrant qu’un « vrai batteur » change la donne quand on écoute les covers où officie celui d’IMPIOUS, cela donne tout de suite une autre envergure aux réinterprétations (surtout sur « Agent Orange », qui envoie sévère).
J’avais prévu d’initialement d’en rajouter un peu, dans la colonne « Perfectible », au sujet des compos, mais après m’être refait un paquet de fois l’album, la quasi-totalité trouvent grâce à mes yeux (« Headhunter » et « Godeater » excepté, il reste tout le centre de l’album quand même). Finalement, le OUI bat le NON d’une franche avance, et pour une raison simple : « Death is no Dead » parvient à récupérer l’essence, la fragrance de THE CROWN, ce que j’aime chez eux, et n’est pas parasité par les influences diverses et variées qui existent (contrairement quelque part à
« Doomsday King » justement). Aidé en cela par le retour de Lindstrand (l’atout +++ du come back), et une paire Olsfelt / Tervonen plutôt bien inspirée, je me permet de le situer quelque part entre le « pas loin d’être bon Hell is Here » et le « cultissime Deathrace King ». Et je sens, contrairement à d’autres albums qui font aussi bonne impression sur le court terme, que je reviendrai souvent sur ce « Death is Not Dead » au fil des années, ce qui, nostalgie mise à part, est le signe d’un grand album.
1 COMMENTAIRE(S)
01/02/2015 20:14
Partant de ce postulat, Il est évident que cet album a une saveur particulière dans la manière de l'appréhender et je dois dire que la plus agréable des surprises hormis le retour de (ce qui est pour moi la voix la plus kiffante du metal) est de retrouver un groupe avec une réelle volonté de produire un son proche de ce qui a fait leurs lettres de noblesse à savoir, un son bien rock n'roll, naturel et ce parfait équilibre entre groove et semblant d'agressivité, le tout saupoudré d'une pincée de leads bien kitch comme pour mieux rendre hommage à la culture horreur des années 70 qui les auront tant façonnés.
Résultat donc, un album qui se tient sur la longueur, qui surprend par des touches que l'on avait perdu depuis les années 90, edge of sanity n'est pas loin (le son, le style de We come in peace) complètement ouf et surprenant dans la construction, des riffs rock mémorables avec l'hymne Headhunter, une sorte de voyage discographique avec un Speed Kills qui aurait parfaitement pu se retrouver à l'époque sur Crown In Terror avec cette fameuse lead en backing sur le refrain qui fait revivre l'époque où je découvrais l'album.
Bref, The Crown ou L'ultime jonction du Metal et du Rock N'roll, m'a vraiment fait plaisir avec cet album. Un vrai retour gagnant en ce qui me concerne.