The Crown - Doomsday King

Sorti dans une indifférence quasi totale, "Doomsday King" est pourtant un album auquel je ne croyais plus. Que The Crown se reforme, qui plus est sous son nom d'origine, avec les 4/5 de son line up tenait du miracle, et la sortie somme toute très rapide de l'album peu de temps après cette annonce représentait une sorte de cadeau de Noël anticipé à mes yeux. De l'extérieur, tout est conforme à mes attentes: le logo n'a pas changé, la thématique à base de crânes est décidement une constante chez les Couronnés, et à la lecture des paroles on voit que Magnus n'a pas changé son fusil d'épaule. Reste à voir ce qu'à la bête dans le ventre...

Qu'est-ce qui me fait aimer The Crown? En y réfléchissant bien, je vois 3 composantes principales qui ont suffit à me faire encenser le groupe sur la majeure partie de ses oeuvres discographiques: un chant au top, hargneux et vindicatif à souhait; une prédisposition à blaster vite et bien (et moi quand ça blast, j'aime), et enfin cette originalité de sonner parfois plus death n' roll que bêtement death / thrash, depuis "Wolverine Blues" d'Entombed j'en redemande. Le premier atout de The Crown reste non négligeable, car se trouver des vocalistes exceptionnels, avec tout ce qu'il faut de hargne et de rage pour accompagner le death / thrash n' roll qui se joue en arrière plan, n'est pas donné à tous les groupes. On ne reviendra pas sur l'absence de Johan Lindstrand, vocaliste originel et fondateur de The Crown, qui préfère perdre son temps chez One Man Army... ; ou sur l'absence non surprenante de Tomas Lindberg qui n'aura fait qu'une apparition fugitive sur le néanmoins admirable "Crowned In Terror". Bonne nouvelle: le transfuge de chez God Macabre qui officie désormais au micro se nomme Jonas Stålhammar, et est pour ainsi dire le double maléfique de Lindstrand. La ressemblance est plus que frappante: même conviction, même hurlements rageurs, même débit. Sans être pour autant une pâle copie de son inspiration, la démarche vocale est sensiblement la même, et du coup pour le fan old school de The Crown, la transition est simple: c'est presque comme avant! Autrement dit, je ne peux que me féliciter du choix du nouveau chanteur, qui réalise une prestation à mon sens exceptionnelle et très convaincante. Une bonne chose de faite.

Le line-up est donc à la hauteur de nos attentes; mais les titres? Et c'est là, bien sur, que le bât blesse: ayant eu un gros coup de frayeur en écoutant le Myspace du groupe peu avant l'album, j'étais persuadé de tomber sur une grosse daube poussive et sans saveur. Alors ouf! Ce n'est pas une grosse daube poussive et sans saveur (j'adore l'écrire); mais ce n'est pas digne d'un come back aussi attendu.. Par quoi je commence... On va se dire déjà qu'au niveau des tempos le groupe ne s'est pas bien foulé: pour un album de death / thrash c'est du "toupa-toupa" classique, mais quid des blasts? A l'exception de quelques fugitives apparitions de quelques secondes, pratiquement aucune partie blastée n'a ravi mes oreilles ici. Et quand on a un batteur de la trempe de Janne Saarenpää (qui est au passage absolument parfait sur l'ensemble de sa prestation sur cet album), c'est un vrai gâchis. Vous ne retrouverez donc pas sur "Doomsday King" de titre ultra rapide et ultra joussif à la "Total Satan", "Death Metal Holocaust" ou "Zombified"...et ce n'est que l'un de mes nombreux regrets.

La composante 'n roll qu'utilisait souvent The Crown pour composer des brûlots efficaces est également aux abonnés absents: à l'exception peut être d'un riff ou deux (dont un très bon sur un break de "The Tempter And The Bible Black", malheureusement pas réutilisé ensuite dans le reste du titre), le groupe se cantonne à un death / thrash assez classique, et sans ces sonorités plus colorées qui ont fait les grands jours de "Hell is Here" notamment.
Et je finis d'achever mon énumération par un constat simple: les riffs de tueur dont Magnus Olsfelt nous gratifie habituellement (étant crédité comme compositeur principal sur pratiquement tous les titres) sont clairement absent de cet album bien, mais pas top...pour du The Crown s'entend.

Car oui, pour du death / thrash basique le contrat serait rempli: une majorité de compos rapides (mais sans blasts donc), un seul titre mid - tempo, un vocaliste au top, une production puissante et aérée ...mais pourtant pas la magic touch Crownienne que nous avons tant apprécié par le passé. Ici, les titres sont agréables à écouter, d'un format suffisamment court pour ne pas lasser, et très franchement l'on ne s'ennuie pas. Mais The Crown m'a habitué, et je le sais d'autant plus que j'écoute en boucle leurs albums en parallèle depuis quelques semaines, à m'épater avec du grandiose à la "Under the Whip", "Blitzkrieg Witchcraft" , "1999 - Revolution 666"...j'aurais même signé pour un simple "Cold is the Grave" bis, titre mid tempo pas bien révolutionnaire mais foutrement accrocheur! Et non, non non, et pourtant je l'ai écouté cet album, mais je n'en retiens pas suffisamment pour le qualifier de come back réussi.. "Doomsday King" fait illusion quelques temps car il ouvre l'album mais s'oublie aussi vite, à la limite "Age of Iron" et "Through Eyes Of Oblivion" dégagent suffisamment d'énergie pour faire penser à l'ancien temps, mais si je dois retirer quelque chose de positif de la tracklist ce sera surtout l'étonnant "He Who Rises In Might- From Darkness to Light", à la structure alambiquée pour The Crown, et qui est surprenant de par la variété des ambiances dégagées, le tout restant parfaitement cohérent. Dommage qu'il soit placé en fin de parcours..

"Doomsday King" ne supporte pas une comparaison franche et directe avec n'importe lequel de ses prédécesseurs (post "Eternal Death"), si je m'étais amusé à le faire il ne récolterait même pas la moyenne. En tant qu'album de death / thrash anonyme il mérite un 7 bien tassé, mais vu la déception portée par ce come back loupé, un bon point et demi supplémentaire s'échappe vers d'autres horizons, lui laissant le cul entre deux chaises, entre "Bof" et "Moyen". Je porte surtout beaucoup d'espoir pour la tournée je l'espère imminente du groupe, car sur scène ces titres doivent prendre une toute autre dimension; et encore plus d'espoir sur le prochain album, qui devra être plus inspiré pour récupérer la gloire et l'estime que ce groupe méconnu mérite plus que tout autre. Affaire à suivre.

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