THE CROWN… un nom qui inspire encore aujourd’hui respect éternel et des souvenirs de « moments métalliques » très forts à certains … et provoque un haussement de sourcil interrogateur au plus grand nombre. C’est entre autres à cause de ce manque de reconnaissance de ces pairs (et bien entendu d’une grande partie du public) que le combo Suédois si talentueux (avis purement subjectif, et je vous merde ! :p) a décidé en 2003 de conclure l’aventure… pour l’instant ? Après nous avoir fait le coup du réenregistrement d’album (avec un DVD live déjà bien sympathique), c’est aujourd’hui le triple DVD rétrospectif qui vient achever le fan idolâtre que je suis. Ce gros bébé se présente sous la forme d’un digipak à l’artwork sombre et plutot classieux, renfermant un petit livret récapitulant les nombreux lives du document. Comme un tel objet ne saurait s’apprivoiser en quelques lignes seulement, cette chronique sera détaillée DVD par DVD…
DVD 1 : The Road to Nowhere :
Ce titre laconique donne le ton d’entrée: un documentaire posthume sur la carrière imprévisible de The Crown, passé du statut de groupe underground... à celui de groupe un peu moins underground. Couvrant les 14 ans de carrière du groupe, ce documentaire, que le groupe nous annonçait comme une future référence dans l’approche de l’intimité d’un groupe de Death Metal (si mes souvenirs de la news correspondante chez Blabbermouth sont bons)…. est étrange… et franchement décevant.
Chapitré en 22 parties, ce documentaire s’apparente en effet davantage à un délire de Lindstrand (le maître d’œuvre derrière le script du DVD) qu’à un document réellement informatif. Chaque chapitre représente bien évidemment une courte époque de la carrière du groupe, des débuts en salle de répets aux différents albums, en passant par les tournées et le pinacle que constitua la date au Wacken… présentés à chaque fois sous l’originale forme d’un vieux film d’horreur des années 60, avec musique approprié et grain de l’image verdâtre.
Un bon point est à noter dès le départ, il n’est heureusement pas nécessaire d’un niveau d’anglais extraordinaire pour comprendre ce qui se passe ici, de courts textes donnant le fil des événements apparaissent en effet régulièrement pour commenter de façon ultra subjective (comment pouvait-il en être autrement ?) les faits, et introduire les chapitres.
C’est donc presque un film que l’on contemple ici, mais qui dit film dit scénario, scripts, action, acteurs, … Or, « The Road to Nowhere » est surtout un gros fourre tout, qui, s’il retrace chronologiquement l’histoire du groupe, n’apprendra pas grand-chose de neuf au fan. Peu ou pas d’interviews (à part 2 minutes inintéressantes au possible pendant un festival en Finlande), pas de commentaires du groupe sur les différents événements (à part ces fameuses textes rédigés par Lindstrand qui restent très succincts et laconiques), pas d’anecdotes sur les tournées… Une lecture de la biographie sur le site officiel quand il existait encore donnait la meme dose d’informations, les images en moins certes..
Alors, on se rattrape sur les 3 clips du groupe, étonnamment bons (« Between Good and Evil », « Angel’s Die » et « Face of Destruction / Deep Hit of Death »), les quelques séquences privés (l’ambiance avant un concert, en répet, ou durant l’enregistrement d’
« Eternal Death »…), et les quelques morceaux lives (mais qui font pale figure face à ceux des deux autres DVDs) représentés… Mais les chapitres défilent, et le fan s’ennuie, revoyant la désormais connue histoire du groupe (le changement de nom suite à la plainte d’un groupe de glam chrétien (lol), la signature chez Metal Blade après que Johan ait renversée la consomation d’un des dirigeants du label lors d’une date en France, la tournée de
« Deathrace King » en compagnie de Cannibal Corpse, le départ de Lindstrand et l’arrivée de Lindberg (et son départ, justifié par « des divergences d’opinions portant sur à peu près tout » lol), le retour (présenté comme triomphal) de Lindstrand, l’apparition au Wacken, et enfin la désastreuse dernière tournée du groupe, sans aucune promotion…) sans avoir ce qu’on pouvait désirer le plus ici : avoir un éclairage différent sur les événements, apprendre des petits détails croustillants sur les tournées, les enregistrements, les habitudes de chacun…
Et non, les membres de The Crown restent de parfaits inconnus au spectateur à la fin de ce « documentaire », on sent des gars sympas liés par une forte amitié (les vidéos d’enregistrement et de concerts le montrent bien), mais c’est tout… L’habillage « film d’horreur » reste original et plutôt réussi, mais le fond ne suit pas…
Alors oui je suis déçu par ce premier DVD, qui s’apparente davantage à un film à usage privé, un délire du groupe fait par le groupe pour le groupe… qu’un réel documentaire qui aurait partagé quelque chose avec les fans. On est donc bien loin d’un « Some Kind of Monster » de Metallica, qui montrait le groupe sous un jour totalement nouveau et bien plus humain qu’ici.
Petit délire, j’apparais dans les remerciements du DVD (à 1h15min51 secondes)… on a la classe ou on l’a pas ! m/
DVD 2 : Deathexplosions in the Sky :
Plus classique et clairement plus intéressant pour le fan, le second DVD comporte 4 enregistrements supposés “professionnels” de prestations lives de The Crown. Ca commence excellemment bien avec le show du Wacken 2003 (ou j’étais, ma première rencontre live avec le groupe), qui est aussi bien filmé qu’interprété… Le son est excellent, la prestation convaincante, même si les musiciens semblent un peu perdus sur une scène aussi immense. Il est dommage que le show ne soit pas présent dans son intégralité, car manquent à l’appel les 3 derniers titres du concert (« 1999-Revolution 666 », « Total satan » et « Executioner-Slayer of the light »). Et c’est d’autant plus regrettable car le show du Wacken est le plus intéressant musicalement de pratiquement tous les lives du DVD…
Second concert proposé, la prestation du groupe au Summer Breeze 2003. Le groupe est ici déjà davantage à l’aise, jouant de nuit sur une scène à taille humaine, mais ce qui pénalise le plus le groupe ici est le son, qui outre une batterie triggée peu agréable, souffre d’un effet de « va et vient » qui fait sonner les guitares de façon « spatiale ». Les plans de caméras sont par contre toujours aussi intéressants, et on notera la présence exclusive à l’époque de « Zombified », qui apparaîtrait plus tard sur
« Possessed 13 ». Gros coup de cœur également pour « Death Metal Holocaust », mon titre fétiche du groupe, qui malgré le son très étrange est une boucherie ultime, visiblement attendue par une partie du public !
On passe au troisième show du DVD, à savoir celui du « Party San 2002 » (et oui, encore un festival en Allemagne…), qui relève un peu le niveau… Contrairement à ce que la date pourrait laisser penser, c’est bien Johan Lindstrand qui assure le chant et non pas Tomas Lindberg, viré quelques temps auparavant par le groupe… Le gaillard s’en sort étonnamment bien pour quelqu’un qui sortait d’un break musical aussi long, malgré un essoufflement évident sur la fin du concert (le débit de paroles de « Death Metal Holocaust » lui cause notamment beaucoup de problèmes..). Niveau son, sans être parfait on se rapproche enfin de quelque chose d’écoutable, et ce malgré un son de grosse caisse trop présent. Quelques effets pyrotechniques (bon, juste quelques flammettes, c’est pas Rammstein non plus) et un éclairage très satisfait rendent ce show bien plus agréable que celui du « Summer Breeze ».
Dernier concert et pas des moindres, le « Essen 2000 ». Seul show ne datant pas de la tournée « CIT », il nous permet de voir le groupe plus jeune (Lindstrand avait encore les cheveux longs !), rempli d’énergie et prêt à défendre
« Deathrace King » sur scène (dans un petit club ici en l’occurrence). Résultat : une boucherie ! Une set list de fou, un groupe beaucoup plus énergique que ses récentes prestations (Lindstrand est proprement déchainé !), et un public dont les premiers rangs sont acquis à la cause Crownienne ! Comme tout ne peut être parfait, le concert est filmé par une seule caméra d’un balcon, mais les nombreux zooms et la netteté de l’image rendent le tout parfaitement visible. Le son est peut être un peu faiblard, mais ce petit détail n’empêche pas qu’il est sans conteste le meilleur live du DVD ! Voilà l’image qui devrait rester gravé dans le cœur des fans, un groupe au sommet de son art et qui rivalisait de puissance avec bien des combos « plus connus »…
Bilan de ce second DVD, des prestations globalement de qualité, malheureusement parfois desservies par un son très moyen (le « Summer Breeze » est épuisant à écouter) mais bien filmés. Les sets lists des 3 concerts de la tournée « CIT » sont sensiblement les mêmes à quelques différences près, mais cela ne me gêne pas du tout, étant donné mon amour de l’album en question. En terme de prestation pure et dur, le groupe n’a rien à prouver, et si l’énergie manifeste dont ils font preuve en 2000 manque un peu sur 2002 et 2003, la puissance des compos vaut le détour. Voyons voir maintenant ce que propose le 3ème DVD, une compilation de titres bootlegs…
DVD 3 : Electric Nights :
Les “Nuit Electriques”... tout un programme! Programme au menu duquel se retrouvent 18 titres, issues de bootlegs à la qualité très variable, allant de l’inaudible à l’excellent.. Encodés à la source de VHS, le grain de l’image est loin d’être parfait, mais ce sont des témoignages inédits de l’époque on ne va pas se plaindre ! Enregistrés chronologiquement, les lives ne deviennent intéressants pour moi qu’à partir de « Beautiful Evil Soul », issu du sublime
« Eternal Death ». Les premiers titres pêchent en effet à la fois par leur manque d’inspiration ainsi que par une qualité sonore et visuelle très moyenne. « Beautiful Evil Soul » est plus intéressante à regarder, car elle est un moment clé de la carrière du groupe, qui passait du statut de groupe « qui fait des répets et a enregistré quelques démos et un album » à celui de groupe réellement pro. Ironie du sort, deux pains énormes se font entendre sur ce titre, une erreur de jeunesse ça arrive…
« Death of God » en live…un titre de 8 minutes, au final d’une intensité foudroyante… est malheureusement massacré par une qualité sonore très limite… L’éclairage verdâtre de la scène colle par contre à merveille à l’atmosphère du titre, et cette conclusion hallucinante… Quand je vous disais que The Crown pouvait rivaliser avec certains groupes de Black sur ce titre…
Avec « The Black Heart » et « Candles », tous deux enregistrés dans le cadre d’un festival à Gant en Belgique, la qualité s’améliore grandement et il n’est plus nécessaire de tendre l’oreille pour reconnaître les riffs. Deux autres excellents témoignages de l’époque ou The Crown existait encore sous le nom de Crown of Thorns.
« Black Lighting » et « Back from the Grave » présentant moins d’intérêt car étant joués avec une qualité bien meilleur sur le second DVD, on s’attachera davantage au duo de raretés « In Bitterness and Sorrow » / « Kill (the Priest) » enregistrés en 2000 et qui rappellent une fois de plus la qualité des compos d’
« Eternal Death ».
J’arrive à la fin de ma chronique, et le nom de Tomas Lindberg n’a été que peu mentionné… il apparaît pourtant enfin sur scène avec The Crown à partir de « Give You Hell » (dans une version proprement horrible, aussi bien vocalement qu’au niveau de la caméra…) et ce pour les 4 prochains titres, qui vont de mieux en mieux. Un « Deathexplosion » dans un petit bar filmé au plus proche du groupe (avec un Lindberg vraiment déchaîné, le contraste avec le précédent titre est saisissant), un « Angel’s Die » au son horrible et enfin
« Crowned In Terror » qui relève sérieusement le niveau, les prestations de Lindberg sont inégales mais quand le bonhomme se donne un peu de mal il est vraiment excellent dans son rôle.
Le dernier titre du DVD est le classique « Face of Destruction / Deep Hit of Death », enregistré en 2002 à Trollhattan, ville d’originaire de The Crown et donc étape symbolique pour boucler la boucle.
Ce 3ème et dernier DVD est lui aussi de qualité inégale, aussi bien en termes de prestation que de qualité sonore et visuelle, mais il a le mérite de couvrir parfaitement toutes les périodes du groupe, et de montrer l’ascension du groupe échelon par échelon. Bien rempli (pratiquement 80 minutes de live non stop), il complète à merveille les deux autres.
Conclusion :
Que retenir de tout cela ? Un premier DVD décevant, un second DVD rempli de lives inégaux, et une compilation de titres d’une valeur historique (pour le fan de The Crown ‘s’entend) indéniable, mais là aussi de qualité variable… D’habitude, je conseille ce genre de produit les yeux fermés au « fan », cette bête curieuse qui mettra toujours la somme nécessaire pour acquérir tout ce qui touche à son groupe favori, mais ici j’avoue qu’il m’apparaît difficile de le faire… Le plus frustrant, c’est que je n’ai même pas l’impression d’avoir affaire à un produit bâclé, mais je pense que l’idée a été mal exploité (concernant le documentaire).. La qualité de certains lives (ceux qui sont assez « agressifs » visuellement diront-nous), est difficilement critiquable, les supports de l’époques étant forcément un peu limités…Pour les enregistrements pros, c’est un autre problème, mais The Crown a sans doute été bien malchanceux sur ces quelques dates, et les moyens mis en œuvre n’équivalaient sans doute pas ceux d’un groupe plus connu…
Alors document essentiel ou pas ? Tout dépend, ici encore plus que pour un autre achat de ce genre (comprendre « réservé aux purs fans »), de votre attachement au groupe… Je met quand même au final une « bonne note », car la quantité impressionnante de documents vidéos le justifie totalement, mais j’aurais tellement aimé pouvoir mettre plus…
RIP The Crown
6 COMMENTAIRE(S)
23/11/2005 18:34
1er DVD, 1h15min51s, "Chris - Thrashocore", facilement lisible pourtant...
23/11/2005 11:49
On reste sur sa faim pour résumé.
22/11/2005 16:15
Pour ma part ce DVD m'a fait comprendre que je n'avais pas à regretter de ne pas les avoir vus sur scène. Juste toujours déçus qu'ils se soient arrêtés.
Je me suis aussi rendu compte, grâce à mon batteur d'ailleurs, que ce groupe n'a en fait pondu que 2 albums qui valent le coup pour moi, en revanche, qu'est-ce qu'ils valent le coup dis-donc.
P.S. la note ne cadre pas bien avec la chronique trouvé-je.
22/11/2005 9:52
22/11/2005 0:09
21/11/2005 22:25
voilà le détail des DVDs, vu que ça serait illisible dans la "tracklist" des chroniques...
Disc 1 – "The Road to Nowhere" (Documentary):
Disc 2 – "Deathexplosions in the Sky":
Wacken Open Air 2002:
01. House of Hades
02. Crowned in Terror
03. Deathexplosion
04. Under the Whip
05. Blitzkrieg Witchcraft
06. Satanist
07. World Below
08. Face of Destruction / Deep Hit of Death
09. 1999 Revolution 666
Summer Breeze Open Air 2003:
10. Deathexplosion
11. Under the Whip
12. Blitzkrieg Witchcraft
13. Satanist
14. World Below
15. Zombiefied
16. 1999 Revolution 666
17. Total Satan
18. Death Metal Holocaust
Party San Open Air 2002:
19. Crowned in Terror
20. Deathexplosion
21. Executioner Slayer of the Light
22. World Below
23. The Poison
24. Under the Whip
25. Back from the Grave
26. Black Lightning
27. The Serpent Garden
28. 1999 Revolution 666
29. Death Metal Holocaust
30. Total Satan
Essen, 2000:
31. Executioner (Slayer of the Light)
32. The Poison
33. Angels Die
34. Blitzkrieg Witchcraft
35. Deathexplosion
36. Back From the Grave
37. Vengeance
38. Kill the Priest
39. Total Satan
Disc 3 – "Electric Nights" (bootleg compilation):
01. Seventh Gate (Angered, Sweden 1992)
02. Beyond Where Darkness Dwells (Trollhättan, Sweden 1992)
03. Last Rite (Trollhättan, Sweden 1992)
04. In Tears (Previously unreleased – Trollhättan, Sweden 1992)
05. Beautiful Evil Soul (Trollhättan, Sweden 1997)
06. Death of God (Rotterdam, Holland 199
07. Forget the Light (Gent, Belgium 199
08. The Black Heart ((Beveren, Belgium 199
09. Candles (Beveren, Belgium 199
10. Black Lightning (Lorain, USA 2000)
11. Back from the Grave (Springfield, USA 2000)
12. In Bitterness and Sorrow (Springfield, USA 2000)
13. Kill (The Priest) (Brooklyn NY, USA 2000)
14. Give You Hell (Bengtsfors, Sweden 2001)
15. Deathexplosion (Tampa, USA 2002)
16. Angels Die (San Francisco, USA 2002)
17. Crowned in Terror (Stockholm, Sweden 2002)
18. Face of Destruction / Deep Hit of Death (Trollhättan, Sweden 2002