Sacramental Blood - Ternion Demonarchy
Chronique
Sacramental Blood Ternion Demonarchy
Des groupes originaires de Serbie, je n’ai pas le souvenir d’en avoir chroniqué des masses. À vrai dire, Sacramental Blood pourrait bien être le premier. D’ailleurs, vérification faite du côté de la base de données de Thrashocore, il s’agit effectivement de la première fois que je rédige un article sur un groupe originaire de ce pays situé dans le sud-est de la péninsule des Balkans. Plus surprenant, celui-ci n’est que le deuxième à y figurer aux côtés d’un certain Disdained dont la seule chronique remonte maintenant à plus de dix ans...
Formé en 2002 à Belgrade, Sacramental Blood compte dans ses rangs des membres et ex-membres de formations relativement confidentielles telles qu’Agonize, Blasphererion, Amon Din ou Sin Of God. Des groupes qui n’ont vraisemblablement jamais été en mesure de s’exporter tant il me semble qu’ils sont par chez nous (et même ailleurs) complètement inconnus de la plupart des amateurs de musiques extrêmes... En attendant, s’il y a aujourd’hui un groupe Serbe qui mérite qu’on lui prête un petit peu d’attention, c’est bien Sacramental Blood. Il était donc temps de rétablir un semblant de justice pour cette entité malheureusement sous-estimée et surtout honteusement passée sous silence ici ou ailleurs.
Sorti en 2016 sur Ghastly Music (Cyanic, Gutslit...), Ternion Demonarchy n’est que le premier album de Sacramental Blood. Celui-ci fait suite à une série de splits et de démos parus entre 2004 et 2013 mais aussi à une valse de musiciens (pas moins de douze allées et venues) ayant assurément ralentie la progression des Serbes qui auraient probablement préféré pouvoir s’affranchir de cette étape un petit peu plus tôt dans leur carrière. Enfin bon, comme il ne sert à rien de courir et qu’il semble plus judicieux d’arriver à point, on n’en tiendra pas rigueur à Sacramental Blood. D’autant plus que moi non plus, je ne suis pas spécialement dans les temps pour évoquer avec vous ce premier album superbement illustré par Juanjo Castellano Rosado dont on reconnait aisément le coup de pinceaux.
Loin de révolutionner quoi que ce soit, Ternion Demonarchy possède heureusement d’autres qualités à commencer par un sens de l’efficacité particulièrement affûté qui en fait un disque tout simplement redoutable. Largement influencé par des groupes tels que Deicide, Malevolent Creation ou Sinister pour rester de ce côté-ci de l’Atlantique, ce premier longue durée est marqué dans son ensemble par un rythme extrêmement soutenu qui en fait un disque intense et extrêmement jouissif. Pour autant, les séquences plus en retenues ne manquent pas et vont ainsi permettre d’apporter ici et là quelques courtes respirations pour le moins providentielles. C’est le cas notamment de ces trois titres instrumentaux que sont "Aeons", "The Relic" et "De Praestigiis Daemonum" disposés de manière plutôt judicieuse tout au long de ce premier album et qui vont permettre à l’auditeur de retrouver ses esprits entre deux soufflantes. De la même manière, un titre tel que "Sanctimonious" va jouer la carte du mid-tempo histoire de varier les plaisirs et de ne pas céder à une certaine facilité qui consiste à foncer dans le tas tête baissée sans jamais chercher à nuancer son propos.
Aussi utiles soient-ils, ces quelques moments ou passages ne pourront néanmoins faire oublier la franche correction administrée ici par les Serbes qui effectivement ne sont pas là pour plaisanter. Pied au plancher, Sacramental Blood s’impose par la force grâce à un riffing infernal et diabolique (sublimé par ces nombreux solos chaotico-mélodiques plutôt bien inspirés) qui derrière cette approche plus ou moins complexe et tarabiscotée révèle des atmosphères particulièrement sinistres et incandescentes. À ces riffs sombres et fuligineux va se mêler une section rythmique particulièrement généreuse en blasts, tapis de double et autres accélérations thrashisantes menées le couteau entre les dents. Une intensité particulièrement redoutable qui ne laisse que peu de place aux hésitations et à la demi-mesure. On soulignera également la capacité des Serbes à prendre l’auditeur à revers grâce à quelques transitions brise-nuques relativement inattendues qui en passant vont apporter un semblant de relief à des séquences exécutées avec la furieuse envie d’en découdre. Enfin côté chant, Srđan Todorović emprunte à John Tardy (un peu) et Chuck Schuldiner (davantage) de cette voix arrachée et agonisante même si le débit est évidemment ici bien plus soutenu que chez les Floridiens d’Obituary. Une prestation marquée effectivement de temps à autre par un certain mimétisme qui pourra probablement en agacer quelques-uns mais qui personnellement ne me gêne absolument pas dans la mesure ou en plus d’être terriblement efficace ces quelques moments sont loin d’être systématiques.
Largement sous-estimé par de nombreux hardos pourtant adeptes de ce genre de Death Metal intense et explosif, ce premier album de Sacramental Blood mérite qu’on lui prête une attention toute particulière, surtout si on est du genre à transpirer à grosses goûtes à l’écoute des premiers albums de Deicide, Malevolent Creation et Sinister. Certes, il n’y a rien de très original dans ce que proposent ici les Serbes mais le degré d’efficacité est tel qu’on en oublie très vite ce genre de petit détail sans importance. Bref, vous l'aurez compris, Ternion Demonarchy relève de la petite pépite cachée, celle que l'on va trouver dans les méandres de l'undeground au gré de pérégrinations nocturnes en quête de nouveautés à se caler sous la dent et qui une fois enfiler dans les oreilles nous fait nous demander pourquoi nous ne nous sommes pas rencontrés avant. Allez hop, ne perdez pas plus de temps et allez m'écouter tout ça !
| AxGxB 5 Mai 2021 - 1082 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène