Daemonokrat - The Scourge Of Chaos
Chronique
Daemonokrat The Scourge Of Chaos
Quand j’y réfléchis, je ne sais pas vraiment ce qui m’a poussé à écouter Daemonokrat. Certainement pas ce patronyme puisque j’exècre tous ces noms en "Daemon" ainsi que cette fâcheuse lubie qui consiste à remplacer une lettre par une autre alors que la sonorité reste inchangée. Probablement pas non plus ce logo tout à fait quelconque ni même cet artwork pas nécessairement désagréable mais tellement pompé sur celui de Penetralia, premier album d’Hypocrisy illustré à l’époque par Dan Seagrave, que cela en devient gênant. Enfin bref, tout ça pour vous dire que malgré ces petits défauts j’ai évidemment bien fait de m’y intéresser tant The Scourge Of Chaos s’avère être au final une excellente surprise...
Groupe italien originaire de Sicile, Daemonokrat voit le jour en 2013 sous l’impulsion de quatre copains ayant pour la plupart faits leurs armes chez Thrash Bombz (très bon groupe de Thrash sur lequel on a pourtant fait l’impasse ici) ou Religio Mortis. S’ils ne perdent pas de temps pour sortir leur premier EP (Predators, 2013), il leur faudra près de quatre ans pour lui donner une suite avec la sortie en 2017 de leur premier album intitulé The Scourge Of Chaos. Une progression retardée par un petit souci d’effectif puisque le groupe aura vu passer pas moins de trois batteurs en l’espace d’une seule année. Arrivé en 2014 derrière les fût, on trouve aujourd’hui un certain Simone Piras, ancien batteur de Hour Of Penance sur l’album Sedition. Disponible tout d’abord au format numérique, l’album sera pressé quelques mois plus tard en CD par un petit label français dont on entend finalement assez peu parler, Polymorphe Records.
N’ayant aucune ambition particulière si ce n’est celle de produire un Death Metal de qualité, Daemonokrat va se « contenter » de reprendre à son compte une formule depuis longtemps éprouvée avec en ligne de mire quelques grands noms de la scène floridienne du début des années 90. Ainsi, à l’écoute de ce premier album, ne vous étonnez pas si vous y entendez ici ou là quelques réminiscences de groupes tels que Morbid Angel, Massacre (d'ailleurs Kam Lee vient ici faire un featuring) ou Monstrosity puisque ce sont clairement les principales influences des Italiens. Produit par Alessandro Fede, guitariste/chanteur de Daemonokrat, The Scourge Of Chaos bénéficie d’un son particulièrement efficace qui n’est pas sans rappeler celle du premier album de Massacre. Si effectivement l’originalité n’est pas spécialement au rendez-vous, il est appréciable de voir ce qu’un groupe de cette envergure, aux finances que l’on imagine relativement limitées, est capable de faire avec ses propres moyens. Puissante et parfaitement équilibrée, la production d’Alessandro Fede évite les travers de certaines sorties de notre époque, focalisant ainsi son travail sur ce qui faisait le charme de ces sorties dans les années 90 : impact, puissance et atmosphère.
Musicalement parlant, on pourrait dresser le même constat puisqu’encore une fois si les influences pourront sembler plus ou moins évidentes à certains, la qualité globale de ce premier album que ce soit en terme de composition, d’ambiance ou tout simplement d’efficacité fait bien vite oublier cette relative absence de personnalité. Il faut dire que le groupe n’y va pas de main morte, délivrant un Death Metal brutal et particulièrement soutenu qui d’emblée impressionne par sa force de frappe. Il faut dire que derrière les fûts, Simone Piras sait parfaitement ce qu’il fait que ce soit lors de longues séquences de blasts ou lors de passages plus thrashisant à base de tchouka-tchouka toujours aussi entraînants. Bien entendu, Daemonokrat se plait parfois à ralentir la cadence ("The Holiest Servants Of Doom" à 1:38, "The Scourge Of Chaos" à 2:40, "Ordo Decimatus"...), soulignant ainsi encore un peu plus la qualité et la pertinence de ces séquences fulgurantes tout en apportant un peu de nuance et pas mal de groove à son propos pour le moins radical. Car du côté des riffs ça ne rigole pas non plus. Necrosplatter s’en donne ainsi à cœur joie tout au long de ces trente-huit minutes grâce à un riffing hyper incisif et tout en nerfs absolument redoutable d’efficacité. Car s’il n’y a semble-t-il rien de bien compliqué dans ce qui est ici proposé, l’intensité ainsi que l’atmosphère belliqueuse qui se dégage de ces riffs, leads et autres solos suffit à faire ployer le genoux et courber l’échine en signe de reddition (difficile de résister face à des titres tels que "Hellspawn", "The Scourge Of Chaos", "Beyond Eternity" ou "Abaddon's Inehritors (Slaves Of Darkness)". Finalement, il n’y a bien que ce titre instrumental intitulé "Our Scorn...Our Silence" qui fait tout de même un petit peu de peine à entendre tant il semble maladroit et donne le sentiment d’avoir été composé par un apprenti guitariste dénué de toute notion de feeling.
N’ayant absolument aucune attente particulière à l’égard de Daemonokrat au regard de ce qui a été évoqué plus haut en guise d’introduction, je dois bien reconnaître que j’ai été particulièrement soufflé par la qualité générale de ce premier album qui allie respect des traditions, brutalité, riffing nerveux et incisif, nuances en terme de cadences et atmosphères sombres et belliqueuses. Certes, tout cela manque peut-être encore un peu de personnalité mais une fois de plus cela n’a aucune espèce d’importance quand vous avez des titres de cette qualité à vous enfiler pendant près de quarante minutes. Ne vous fiez donc pas aux apparences.
| AxGxB 24 Juillet 2019 - 642 lectures |
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