Avant de créer l’un des buzz les plus assourdissants qu’ait connue la petite scène Metal underground avec la sortie courant 2013 de son premier EP, l’excellent
Aura, les Suisses de Bølzer avaient pourtant déjà fait parler d’eux à travers une première démo rapidement sold out. Bien que celle-ci ait été rééditée en cassette par Iron Bonehead quelques semaines avant la sortie du fameux
Aura, il aura fallu attendre 2015 pour voir enfin
Roman Acupuncture réédité en bonne et due forme. D’abord en vinyle (avril) puis en CD (août).
Cette réédition, fidèle à la version originale, en reprend tous les éléments. De l’artwork au tracklisting en passant par la production, tout y est identique. Particulièrement soignée dans sa présentation, cette nouvelle version de
Roman Acupuncture propose un lettrage argenté très classe (qui malheureusement ne rend rien sur l’image que vous pouvez voir à votre droite). Bref, de quoi combler tous les amateurs de Bølzer qui se languissaient de pouvoir enfin mettre la main sur cette réédition annoncée il y a déjà plusieurs mois.
Malgré son statut de démo,
Roman Acupuncture bénéficie d’une production largement satisfaisante (faut pas déconner, nous ne sommes plus en 1984 hein). On pourrait peut-être trouver à redire, notamment en ce qui concerne une saturation quelque peu excessive apportant son lot de grésillements mais dans l’absolu tout ceci n’est finalement pas très gênant pour apprécier ces trois morceaux.
Sorti un peu moins d’un an avant
Aura,
Roman Acupuncture pose naturellement les bases de la musique de Bølzer. Une musique hybride et très personnelle qui, bien qu’elle s’appuie sur des éléments déjà existants, réussit le pari osé et plus compliqué qu’il n’y paraît de ne ressembler à rien d’autre. Pourtant, l’entité Suisse n’a rien inventé, construisant ainsi les fondations de ses compositions sur des éléments propres à la scène Black et Death underground. C’est surtout dans la manière de les agencer et de les faire sonner que Bølzer a réussi à tirer très franchement son épingle du jeu. Entre ces riffs aquatiques absolument incroyables et cette atmosphère hallucinée retranscrite notamment grâce à cette voix de gourou sous extasie, le duo a très vite su se démarquer du reste de la scène par un son qui n’appartient toujours qu’à lui.
Ceci étant dit et à la différence de bien d’autres démos,
Roman Acupuncture ne fait pas que poser les bases d’un style en devenir. Non,
Roman Acupuncture nous propose de découvrir un groupe ayant d’ores et déjà une pleine maîtrise de son art. Un groupe à l’identité forte et pleinement assumée. Un groupe complètement à part qui ne ressemble à aucun autre. Un groupe avec des idées et l’envie de les exploiter. Bref, un de ces groupes dont on parlera encore probablement dans quelques années n’en déplaisent à ceux qui parlent de "hype" pour un groupe ne vendant que quelques milliers d’exemplaires de toutes ses productions réunies sur un total de plus de sept milliards d’habitants.
Ayant découvert cette démo sur le tard, ces trois titres ne réservent évidemment pas le même effet de surprise que celui ressentie par les quelques heureux ayant pu découvrir le groupe à l’époque de
Roman Acupuncture. Mais peu importe, car au-delà de ce sentiment éphémère, la qualité de ce premier essai n’en est pas moins exceptionnelle, à tel point que je me demande si je ne préfère pas les titres de cette démo à ceux de
Soma, deuxième EP de Bølzer paru l’année dernière qui m’avait bien chatouillé même s’il n’avait pas su répondre complètement à mes attentes. Quoi qu’il en soit, et comme déjà évoqué un peu plus haut, "Roman Acupuncture", "Soul Eclipse" et "Zeus - Seducer Of Hearts" proposent déjà tout ce qui fait le charme des quelques titres de
Aura : un riffing atypique (toujours cette impression que les notes ondulent perpétuellement) et ponctué par des séquences mélodiques aux sonorités aquatiques et lumineuses. A cela vient également s’ajouter la voix très personnelle d’un Okoï Jones complètement halluciné. Celui-ci alterne entre parties growlées et passages complètement schizophréniques sur lesquelles se mêlent cris d’aliénés, incantations lointaines et déclamations prophétiques comme pourrait le faire n’importe quel gourou religieux sous acide. La batterie, même si elle demeure efficace en faisant le boulot comme il se doit, reste cependant bien plus anecdotique avec notamment beaucoup de tchouka-tchouka et de blasts tout en retenue.
Que dire de plus si ce n’est que la réédition de cette démo comblera à n’en point douter tous les amateurs de Bølzer ? Car
Roman Acupuncture fait bien plus qu’introduire en filigrane le style du groupe suisse, il en révèle déjà les moindres détails avec toute l’efficacité et l’excellence que l’on retrouvera ensuite sur un disque comme
Aura. La principale différence se joue selon moi sur la qualité de la production ici moins bonne de part cette saturation et ce grain un poil gênant si tant est que l’on décide d’y prêter attention. Le reste n’est qu’un condensé de Black/Death absolument insaisissable. Il me tarde désormais de pouvoir enfin découvrir leur premier album.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo