Entité Suisse encore peu connue, même au sein de l’underground Death Metal, Bølzer se pose néanmoins comme l’une des meilleures découvertes de 2013. Le groupe qui évolue sous la forme d’un duo compte dans ses rangs un certain KzR que l’on retrouve également chez les excellents Deathcult (dont j’espère pouvoir vous parler prochainement) et depuis peu chez les Néo-Zélandais de Witchrist. Fort d’une première démo parue fin 2012 et intitulée
Roman Acupuncture, Bølzer s’est rapidement vu proposé un deal avec Iron Bonehead Productions pour la sortie cette année d’un EP trois titres intitulé
Aura. Comme pour l’excellent premier album de Beyond, la version CD de ce EP est disponible via Necroshrine Records.
Alors que l’artwork à été confié à Alexander L. Brown (guitariste chez Witchrist) remarqué auparavant pour son travail avec des groupes tels que Lantern, Heresiarch, Diocletian ou Vorum, c’est un autre Néo-Zélandais qui s’est chargé de la production puisque l’on retrouve Cameron Sinclair (batteur chez Diocletian et Witchrist) derrière les manettes. Quelques noms alléchants qui suscitent suffisamment d’intérêt pour se pencher avec conviction sur ce premier EP.
Cependant, l’intérêt de Bølzer ne réside pas dans ces quelques noms mais bel et bien dans la qualité des trois titres dévoilés ici. Il y a en fait bien longtemps qu’un disque de Death Metal ne m’avait pas semblé si éloigné de certains standards de compositions aujourd’hui usés jusqu’à l’os (à l’exception néanmoins du dernier album des Suédois de Tribulation). Je n’irai pas jusqu’à évoquer un vent de fraîcheur pour qualifier la musique de Bølzer car cela serait oublier l’atmosphère obscure et pourtant lumineuse de
Aura, mais il semble toutefois évident, et cela dès les premières notes de "Coronal Mass Ejaculation", que l’on tient ici un groupe totalement à part et complètement décomplexé à l’idée de produire une musique apportant ce qu’il faut d’originalité à une scène qui a parfois trop tendance à s’enraciner dans le passé (même si c’est en grande partie pour ça qu’on l’apprécie également).
Car Bølzer n’est pas de ces groupes qui tournent le dos à leurs influences dans le seul but d’innover. Au contraire, l’ossature de ce trop court EP (vingt trois minutes pourtant) s’articule autour d’éléments empruntés principalement à la scène Death Metal néo-zélandaise et canadienne. Si la production se veut peut-être plus limpide, l’auditeur est pourtant tout de suite submergé par cette masse sonore imposante et monolithique. Il faut dire que le chant particulièrement guttural aide très justement à renforcer cette sensation. D’un point de vue rythmique, Bølzer reste sur des patterns tout ce qu’il y a de plus classique en alternant passages soutenus (mais pas trop) à base de semi-blasts, tchouka-tchouka entrainants et parties plus en retenues façon mid tempo tout en atmosphères.
Vous l’aurez compris, l’originalité de Bølzer se situe donc autre part. C’est notamment grâce à la construction de ses riffs et à leurs sonorités que le groupe suisse tire ici son épingle du jeu. KzR semble ainsi partir du postulat que le Death Metal n’a pas besoin (que) de riffs obscures pour exister. De fait,
Aura est un disque construit autour de riffs particulièrement lumineux mais qui pourtant ne procurent pas de sensation beaucoup plus rassurante. Si la perception de la musique est bien quelque chose de tout à fait personnel, alors cela ne vous choquera pas si je vous avoue entendre du Mastodon ou du Kylesa à chaque fois que j’écoute de EP. Osez me dire que vous ne l’entendez pas vous aussi à l’écoute de l’excellent "Entranced By The Wolfshook" mené par ce riff terrible, pourtant mélodique mais cependant si entêtant? La particularité de Bølzer se trouve donc principalement dans ces riffs qui ne cessent d’onduler, semblent se tordre et se détordre à volonté. Une approche tout à fait unique mais qui ne constitue pas le seul intérêt ici. En effet, l’autre point fort de Bølzer concerne le chant partagé entre les deux protagonistes. Un chant profond tout d’abord qui en appelle à ce Death Metal obscure et blasphématoire bien représenté sur ces pages (Incantation, Witchrist, Mitochondrion…) mais aussi un chant halluciné et totalement possédé ("Coronal Mass Ejaculation" à 0:51, 3:16..., "Entranced By The Wolfshook" à 1:30, 2:04...) ainsi qu’un chant crié particulièrement tendu et agressif ("Coronal Mass Ejaculation" à 1:31, "Entranced By The Wolfshook" à 1:57… etc…). Une diversité vocale qui offre à
Aura une espèce de feeling surnaturel et mystérieux, à la fois lumineux (merci les riffs) et complètement insaisissables et hors du temps et de l’espace.
Nous sommes en 2013, et Bølzer réussi le pari de ne ressembler à aucun autre groupe tout en restant affilié de près à la scène Death Metal underground. Un pari osé mais relevé ici haut la main grâce à trois titres impressionnants encrés dans une certaine tradition qui n’a plus rien à prouver mais tourner également vers des sonorités plus modernes pour une personnalité juste et tout à fait affirmée. J’espère sincèrement que le duo Suisse réussira l’exercice du premier album avec brio car après un tel disque, les attentes vont êtres assurément élevées.
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