Comme beaucoup, j’attendais énormément du premier album de Bølzer. Après une démo rondement menée mais à l’étincelle encore un peu fébrile et deux EPs particulièrement prometteurs révélant l’extrême singularité d’un duo flirtant allègrement avec les limites d’un genre aux critères pour le moins obsolètes mais (presque) essentielles, les attentes placées en
Hero étaient on ne peut plus élevées. Aussi, qu’elle ne fût pas ma déception lorsque je pu enfin poser mes oreilles sur ces quelques nouveaux morceaux. Cette baisse d’intensité particulièrement flagrante, cette batterie toujours sur la retenue, comme si quelqu’un retenait HzR dans son jeu, ce chant mélodique aux placements pour le moins hasardeux, tout cela au dépend de ce growl et autres passages hallucinés ayant dès lors disparus... Autant de justifications à l’une de mes plus grosses déceptions de l’année 2016.
Pour autant,
Hero a depuis sa sortie toujours tourné régulièrement chez moi. Peut-être parce qu’au fond, j’ai toujours eu envie d’aimer cet album mais aussi parce que de manière plus pragmatique, j’ai fini par me débarrasser petit à petit, à force d’écoutes, de mes propres attentes afin d’embrasser purement et simplement la seule vision de l’artiste, faisant ainsi de ces défauts non pas des qualités mais des facteurs de contingence que j’ai appris à accepter et pour certains même à apprécier.
Si je n’espérais donc pas un retour de Bølzer vers des sonorités proches de ces deux premiers EPs, ce serait néanmoins vous mentir de dire que je n’attendais rien de ce
Lese Majesty. Déjà parce qu’après avoir réussi à dompter à force de répétitions ce
Hero, j’étais bien décidé à ne pas me laissé décourager par un nouveau EP, aussi généreux soit-il du haut de ses vingt-neuf minutes et quatre titres. Mais aussi et surtout parce que j’aime tout simplement beaucoup Bølzer pour son approche toujours aussi particulière, son univers visuel et sonore n’appartenant qu’à lui, sa forme atypique, celle d’un duo sans bassiste, son discours... Bref, tout un tas de raisons plus ou moins concrètes et subjectives qui m’empêcheront probablement pour toujours de me détourner un tant soit peu de ce groupe. Et donc, ce
Lese Majesty ?
Et bien pour la première fois depuis 2013, cette nouvelle offrande n’a vu le jour ni sur Invictus Productions ni sur Iron Bonehead Productions mais sur Lightning & Sons, petite structure créée pour l’occasion par KzR er HzR vraisemblablement en quête d’indépendance. Moins halluciné mais toujours très intense, l’artwork de ce EP reprend de manière très graphique ces fameux éclairs si chers à l’univers de Bølzer, laissant au passage peu de doutes sur la nature des thèmes abordés tout au long de ce
Lese Majesty.
Musicalement, pas de surprise, le groupe reprend les choses là où il les avait laissé sur
Hero. Enfin, quand je dis pas de surprise, je modère tout de même un peu mes propos car je dois bien vous avouez, à mon grand étonnement, que je suis quand même rapidement tombé sous le charme de ces quatre nouveaux morceaux (allez, trois, si l’on met de côté "Æstivation" qui fait davantage figure d’interlude). Pourtant, la formule reste sensiblement la même, Bølzer explorant à nouveau les terres plus ou moins progressives de son Black/Death majestueux aux sonorités désormais plus célestes qu’aquatiques. Alors à quoi attribuer cet enthousiasme retrouvé ou en tout cas plus immédiat ?
Et bien pour commencer parce que je savais très certainement à quoi m’attendre. L’effet de surprise désormais dissipé, il ne restait plus qu’à se laisser happer par les compositions toujours aussi ambitieuses d’un Bølzer qui, et c’est probablement là l’autre raison de ce succès sur ma petite personne, à tout de même retrouvé cette énergie et cette rage qui faisaient quelque peu défaut à son prédécesseur. En effet, que ce soit sur "A Shepherd In Wolven Skin", "Into The Temple Of Spears" ou "Ave Fluvius! Danú Be Praised!", on sent clairement que le groupe n’est plus dans cette espèce de retenue contemplative. Le jeu de HzR a ainsi retrouvé ses couleurs d’antan avec bon nombre de séquences bien plus soutenues que sur
Hero. Certes, certaines d’entre-elles conservent ce pouvoir hypnotique à force de répétition et de modération (semi-blasts) mais on remarque avec plaisir qu’il y a également beaucoup de passages particulièrement explosifs, menés à coups de blasts particulièrement redoutables. Même chose pour le chant d’Okoi Thierry Jones qui se montre beaucoup plus abrasif et rageur qu’il ne l’a jamais été (les premières lignes sur "A Shepherd In Wolven Skin" l’attestent sans mal). Un chant toujours aussi fier et conquérant dans ses invectives les plus agressives mais qui a également gagné en assurance lorsqu’il se fait mélodique et lumineux. Si
Hero pâtissait de placements vocaux hasardeux et de lignes mélodiques parfois bancales, ce n’est plus le cas aujourd’hui comme le prouve ces passages tantôt sombres, tantôt plus lumineux à vous filer la chair de poule ("A Shepherd In Wolven Skin" à 2:04 et 4:55, "Into The Temple Of Spears" à 2:55 et 6:24, "Ave Fluvius! Danú Be Praised!" À 5:11). Cette ambivalence est clairement l’un des atouts du duo tout comme ces riffs toujours aussi fulgurants, inspirés et bouillonnants évoquant une espèce de colère divine à coup d’éclairs menaçants lancés à travers les cieux alors que résonne la voix perchée et hallucinée (toujours moins qu’avant) d’un KzR toujours aussi charismatique.
Ouais, décidément Bølzer, tu m’as bien eu à souffler ainsi le froid et le chaud. Car si
Hero m’avait fait l’effet d’une véritable douche froide,
Lese Majesty me fait à l’inverse l’effet d’un feu ardent que rien ne pourrait éteindre. Tout y est savamment dosé et réajusté, comme un délicieux mélange entre
Aura pour cette intensité et cette hargne retrouvée et
Hero pour cet aspect mélodique, vaguement progressif et définitivement introspectif. Tout en continuant d’entretenir cette singularité qui est la sienne, Bølzer renoue quelque part avec son histoire pour un résultat final qui dépasse de loin toutes mes attentes. Ouais, Bølzer, tu m’as bien eu et je n’ai maintenant pas d’autre choix que de plier le genou et de courber l’échine devant autant de grandeur et de majestuosité.
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