Chaosbreed - Brutal

Chaosbreed ou le « Bloodbath finlandais » ? Jugez plutôt du line-up : Taneli Jarva (ex-Impaled Nazarene, ex-Sentenced) au chant, Esa Holopainen (Amorphis) à la guitare, Marko Tarvonen (Moonsorrow) à l'autre guitare, Oppu Laine (ex-Amorphis) à la basse, Kasper Martenson (ex-Amorphis) aux claviers et enfin le fameux Jörgen Sandström (ex-Grave) en guest. A l'instar de la « dream team » suédoise, la formation de Chaosbreed (en 2003) se fait autour de quelques bières dans un garage afin de raviver la flamme « death metal » de leur adolescence (fin 80 – début 90). Avec un tel nom de groupe (tiré de Clandestine) et un premier EP intitulé Unleashed Carnage, vous aurez de suite compris de quelles influences death l'on parle. Face à ces impressionnants CV et après un Ressurection Through Carnage bien accueilli, les Finlandais signeront sans trop de mal chez Century Media afin de lever le voile sur leur premier album sobrement nommé Brutal.

Chaosbreed aura peut-être exagéré sur le titre de son album mais il est clair que ce Brutal ne fait pas dans la dentelle. Dans le plus pur esprit début 90, place au son « scie sauteuse enraillée » et à des riffs massivement grassouillets pour faire virevolter sa crinière pleine de sueur. On connaissait déjà de Taneli Jarva son chant black (North From Here) ou son chant death teinté gothique (Amok), cette fois-ci le bonhomme au timbre particulier s'arrache les cordes vocales à faire mouiller l'adepte de la scène de Stockholm (puissant et varié, tout le charme du monsieur Jarva). On appréciera les grognements d'ogre du père Jörgen Sandström venu épauler ses potes finlandais sur « Casket Ride » et l'ultra headbaguante « Rotting Christ ». Au-delà de ça, Chaosbreed propose une musique à dominante mid-tempo mais aux accélérations finement placées et au travail de composition poussé. Le groupe fait monter sa sauce avec une certaine aisance pour finalement balancer un riff casse-nuque ou un changement de tempo inattendu. Ainsi contrairement à une pléthore de groupes s'essayant eux aussi au « revival death », Chaosbreed arrive quelque peu à « surprendre » l'auditeur et à tenir en haleine.

Pour ceux ne vénérant que le death « bête et méchant », rassurez-vous, Chaosbreed a aussi pensez à vous. « Wretched Life » (imparable), « Moralized », « Symptoms Of The Flesh » (et ce riff à vous mettre en transe un zombie), « F/C/D/C » (et ces « aboiements » orgasmiques) sauront vous satisfaire. A noter une production très puissante et plutôt propre, n'en déplaise au vieux de la vieille. Du tout bon en somme ? Pas tout non. Contrairement à Bloodbath qui malgré un début focalisé « tribute », arrivait tout de même à ajouter une légère touche personnelle. Brutal fait plus office de compilation de titres des ténors que sont Entombed, Dismember et Grave. Outre quelques « copier-coller » aléatoires (ou clins d'œil selon la perception de chacun) dans le nom des titres ou les paroles, certains riffs et soli donnent trop ce sentiment de « déjà-entendu »... Ajouter à cela quelques baisses de régimes qui priveront Chaosbreed d'une meilleure mention.

Brillamment exécuté et à l'efficacité indéniable, Brutal aurait certainement pu faire encore plus mal aux cervicales avec moins d'idées trop calquées sur les albums de référence des prémices du death metal suédois. Une touche d'Amorphis, d'Impaled Nazarene, Sentenced ou Moonsorrow aurait certainement donné une saveur particulière à ce premier album. Après au vu du line-up ahurissant, on aurait peut-être aimé une musique qui le soit tout autant. 6 années se sont écoulées depuis la sortie de Brutal et nul ne sait si Chaosbreed n'était pas juste un « coup d'un soir ».

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