En voilà un bel exemple de volontarisme, de débrouillardise, de pugnacité et d'abnégation: encore un peu et 7th Nemesis pourrait prétendre devenir l'un de ces exemples mis en exergue par notre tout petit président pour illustrer sa « France qui se lève tôt » et qui « travaille plus pour gagner plus ». Sauf que je ne suis pas franchement sûr que les 7th Nemesis en soient déjà à gagner plus! C'est pourtant pas faute de déployer une énergie impressionnante:
- après une auto-prod' promotionnelle en 2002, le groupe sort un split (
underground quality label episode 1) en 2003 avec
Punishment sur lequel il éclipse ses collègues et récolte des louanges partout, y compris à l'international
- le groupe est d'ores et déjà un grand arpenteur de planches qui les a vu partager l'affiche avec
Pitbulls in the Nursery,
Defleshed,
Aborted,
Six Feet Under ou plus récemment
Benighted et
Kronos. Ils ont même été mettre leur grain de sel dans la dernière édition du Hellfest, après avoir dûment gagné leur place en remportant les suffrages des participants d'un web concours.
- le premier album du groupe ici présenté a été dans un premier temps autoproduit et mis à la libre disposition des internautes pour pas une thune (
underground quality label episode 2)
Au vu de ces premiers éléments, j'avoue que même si "Violentia Imperatrix Mundi" - concept album qui ouvre une tétralogie traitant de thèmes Walt Disneyiens comme la violence fondatrice, le nihilisme et la déliquescence (cf. le site du groupe) – ne tenait pas ses promesses, le groupe n'en attirerait pas moins la sympathie.
Heureusement, cet album est très très bon, varié, dense et accrocheur. Au vu des précédentes chroniques réalisées par mes augustes confrères (
ceci n'est pas du verlan), il semble que le style du groupe ait un peu perdu en sauvage bestialité ce qu'il a gagné en richesse de composition et en variété. Pour vous faire une idée du style pratiqué, dites-vous que "Violentia Imperatrix Mundi", c'est une base rythmique death classique, allant du mid-tempo au lattage bien speed, sans pour autant abuser du blast. Par là-dessus, on retrouve des grattes ayant été élevées au son black/death suédois et un chant très (très !)
Carcassien, qui a fréquemment tendance à prendre des intonations black, mais qui sait tout de même aller chercher du bon gros growl quand le besoin s'en fait ressentir. Plutôt alléchant donc.
De plus, le groupe aime à développer son concept sur des pièces dont la durée dépasse occasionnellement les 6 minutes, y parsemant moult variations rythmiques et mélodiques. On rencontre au détour de ce voyage au pays du gros riff des sonorités aux couleurs subtilement méditerranéennes (« Divinus Afflatus », le lead central de « Odium_Humani_Generis », le passage hispanisant sur « Severance »), des passages plus rock, du violon (en touches
très légères, ne fuyez pas), des passages de barbares où le groupe va recouvrir son costume de death-métalleux polonais (
polonais, pour l'aspect martial), des samples et de subtiles effets électroniques afin de peaufiner les atmosphères … Bref, il y a à manger pour tout le monde, ou tout au moins pour tout ceux qui apprécient que la musique - et pas seulement les paroles - porte un concept en développant les ambiances qui lui siéent. Dans le même esprit, le chant de Sargon sait adopter d'autres formes que les susmentionnés registres Carcassiens et growleux, et tantôt parle, susurre, le tout non pas dans une optique putassière metalcoreuse mais bien pour jouer les rôles qui parachèvent de faire de cet album un univers à part entière.
Alors bon, pour finir de me conquérir définitivement, il aurait fallu une ou deux hymnes, de ces pépites qui viennent rehausser encore la magnificence d'une couronne royale, mais l'absence de celles-ci ne fait que refléter une grande homogénéité dans la qualité des compos, aucun morceau ne volant la vedette à ses congénères (quoique j'ai quand même un faible pour « The_Behemoth_Cycles »).
7th Nemesis c'est encore une corde de plus à l'arc métal extrême français, arc qui commence à ressembler de plus en plus à une harpe avec la pelletée de groupes de talent qu'on peut à présent dénombrer en nos terres hexagonales !!! Mais qui s'en plaindrait !
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