Carnal Ruin - Soulless I Remain
Chronique
Carnal Ruin Soulless I Remain
On peut dire qu’on l’attendait celui-là, et pas qu’un peu ! En effet si régulièrement le label de l’Ohio nous inonde de sorties de grande qualité il avait franchement frappé fort il y’a quasiment deux ans avec
« The Damned Lie Rotting », qui en seulement un petit quart-d’heure montrait tout le potentiel dévastateur de CARNAL RUIN et qui ne demandait qu’à s’exprimer sur une durée plus importante. Ce souhait est désormais exaucé avec ce premier album de haute volée qui va confirmer tout le bien qu’on pensait des Floridiens, qui affublés d’un nouveau batteur signent une pure réalisation de Death Metal sombre et à l’ancienne, qui comblera sans peine les amateurs du genre. Cependant si jusqu’à présent le quatuor évoluait dans un style très classique et balisé celui-ci sans s’en éloigner complètement a néanmoins décidé d’y intégrer d’autres influences, et cela se ressent facilement car tout du long ça va sentir autant la Suède des années 90 (pour le son grassouillet et massif) que le Royaume-Uni et BOLT THROWER (en particulier pour l’aspect rampant et groovesque), et ce sans oublier d’y injecter un soupçon de mélodie qui amène un aspect plus éthéré à l’ensemble qui va y gagner en densité.
Si tout cela va surprendre de prime abord on ne va pas être décontenancé vu que ça s’intègre facilement au son voulu par le combo, et il ne va pas falloir longtemps pour s’en apercevoir et se laisser happer par le résultat final. Et bien que le démarrage très Doom de cet opus sur le court « The Evening Redness In The West » va étonner c’est surtout cette batterie mixée très en avant (sans doute même trop…), et la production générale absolument énorme mais qui manque vraiment de naturel qui vont sauter d’entrée aux oreilles. Néanmoins une fois qu’on a mis de côté tout cela on va clairement sentir que les mecs ont passé un cap aussi bien musical qu’au niveau de l’expérience, car dès les premières secondes de « Epoch Of Dread » on va avoir droit à tout leur panel rythmique comme technique qui montre une attractivité présente autant quand ça joue vite que quand ça ralentit l’allure, le tout avec un niveau de jeu plus élevé que sur les précédentes sorties de l’entité. Si l’arrivée d’Austin Good derrière les fûts y est sans doute pour quelque chose le reste de ses comparses s’est mis également au diapason, créant ainsi un rendu hyper densifié et passionnant à écouter, tant on passe par tous les sentiments possibles lors de ce voyage violent et inquiétant. Avec une noirceur de tous les instants qui ne va pas quitter l’impression rendue de ce disque, celle-ci va monter nettement durant la doublette « Immortalis » / « Torn From Stasis » qui va en plus voir l’ajout d’ambiances neigeuses et glaciales plus massives au niveau des guitares, jouant ainsi le grand écart des tempo sans y perdre en dynamisme.
Si l’on pouvait effectivement craindre que les nombreuses cassures et variations finissent par alourdir la machine cela n’est pas du tout le cas, et un des meilleurs exemples est le solaire et magnétique « Barren Lands » qui voit l’apparition d’arpèges éthérés lors de sa conclusion - tout comme des passages mélodiques au milieu des déferlantes de vitesse et de blasts (où se greffe toujours des ralentissements bien remuants), qui en font un des moments de gloire de ce long-format, tout comme l’entraînant « Shrouds Of Suffering » et sa partie tribale étouffante servant de transition aux accélérations comme ralentissements. Cependant tout cela ne doit pas faire oublier que la formation sait encore aller à l’essentiel sans y perdre en attractivité, comme on s’en rend compte sur l’excellent et court « Soulless I Remain » qui permet aux différents rythmes le temps de se mettre en valeur, sans effets superflus et en laissant le talent s’exprimer… constat identique sur l’ultime plage intitulée « Mortal Decay » franchement débridée et aux accents presque Punk au niveau des riffs comme dans le martelage du kit.
Autant dire qu’une fois qu’on a fait abstraction des défauts au niveau du mixage il n’y a rien à reprocher à cette galette de très bon niveau où l’équilibre est de mise sur toute sa longueur, sans aucune lassitude ni faux-pas rédhibitoire. Franchissant sans écueils ce cap important du passage au format supérieur le quatuor se place directement dans la cour des grands désormais et prouve qu’il va falloir compter avec lui dans le futur, et ce même si l’on aura du mal à faire ressortir ici un titre plus qu’un autre. Osant sortir légèrement de sa zone de confort sans pour autant la mettre de côté celui-ci marquera l’année de son empreinte sans difficultés durant quarante minutes impeccables, qui jouent autant sur le rétro que sur le moderne mais sans jamais être indigeste… signe d’une maturité artistique qui s’exprime de plus en plus et qui ne s’est pas encore totalement dévoilée. Nul doute en effet que les mecs en ont gardé sous la semelle et que la suite de leurs aventures sera encore plus intéressante, mais pour le moment tout ceci fera largement l’affaire et comblera sans peine les amateurs de bon gros son violent et lourd, influencé avec brio par les cadors des deux côtés de l’Atlantique.
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