Kzohh - Trilogy : Burn Out The Remains
Chronique
Kzohh Trilogy : Burn Out The Remains
Si tu me lis ou si tu m’as lu, déjà je t’en remercie mille fois mais en outre, tu sais à quel point j’aime la scène ukrainienne. Tout ou presque y est digne d’intérêt. La venue de KZOHH et de son troisième album, Trilogy : Burn Out the Remains, a donc tout pour me réjouir en cette période de Noël. D’autant que le format, pour du black, surprend : trois titres d’environ 12 minutes et la messe est dite. Mais trois titres hauts en couleur, baroques et enivrants, sombres et aériens, dénués de violence pure mais emplis de menaces, riches et multiples en diable.
Le son de crypte qui ouvre cet album a tout pour me séduire. Enchaîné au fond d’une cave d’où l’humidité suinte par tous les pores du ciment, tu es là, comme un con, à écouter au loin le seul son perceptible, comme une sorte de messe noire lointaine dont les échos te parviennent de plus en plus forts, de plus en plus proches. Du BM orthodoxe ? Que nenni, même si certains atours sont ici empruntés. Panoukla DXLII, le premier morceau, prend des airs ritualistes évidents ; l’ensemble se traîne, rampe et se redresse par instants, comme un serpent dont on aurait coupé net la tête. Quasi doom, la musique de Kzohh est rituelle, pour l’essentiel, ainsi que la pochette pouvait le laisser supposer. Elle se vit comme tel. L’amateur doit savoir ; la rythmique comme les guitares ne sont guère que des prétextes. L’atmosphère, seule, compte. Cela peut décontenancer. Cela peut dérouter. Pour ma part, ce premier titre est réellement immersif, en dépit de longueurs inévitables sur une telle durée pour une telle musique. Le tapis de chants religieux qui accompagnent l’instrumentation fournit une coloration très particulière au titre, sans jamais tomber dans l’inutile ou dans le kitch. De même des influences orientales discernables en fin de titre, qui enrichissent le morceau.
Crom Conaill, le second titre, ouvre sous des auspices plus naturels, le vent dans la forêt, le son des instruments traditionnels au loin comme annonçant la venue de l’hiver. Les sonorités sont toujours aériennes, planantes et menaçantes. On retrouve ici le souci du détail, de l’ambiance hivernale posée et entrecoupée à nouveau d’aspects rituels (vers la 3’). Les aspects purement metal sont ici plus développés, notamment s’agissant de la rythmique. L’arrivée (au bout de 6/7 minutes) de ce qui semble être des cuivres (ou des samples de cuivres…) apporte de la profondeur au propos du groupe tout autant qu’elle confère de l’emphase au morceau. Elle vient rompre aussi un début de monotonie, il faut l’avouer. Car, une fois encore, la musique de Kzohh n’est pas « classique ». Elle se ressent plus qu’elle ne s’écoute. Les variations sont ainsi peu nombreuses, ce que l’on pourra regretter, d’autant que, lorsqu’elles existent (les simili cloches en pont central), elles fonctionnent plutôt bien.
H19N18 répond aux mêmes critères ritualistes, aux intonations parfois quasi industrielles. Les mélodies ne sont pas occultées mais se fondent, la plupart du temps, dans la masse.
Au final, on se gardera de conseiller trop largement cet album. Réservé aux amateurs de BM presque uniquement porté sur les ambiances, dotée d’une très forte dimension rituelle, la musique de Kzohh risque en revanche de laisser sur le faim les amateurs de sensations fortes.
| Raziel 17 Décembre 2016 - 1700 lectures |
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