Primordial est un grand groupe. Point. Ca me fait plaisir de l'écrire, parce qu'on ne le dira jamais assez : ces Irlandais ont la « magic touch » qui rend nos vies un peu moins tristes, un peu plus réelles. Et ce n'est pas en redécouvrant à l'envers leur discographie, ayant démarré avec
« The Gathering Wilderness », que je ne pourrais faire autre chose que me conforter dans l'idée que Primordial mérite plus que tout le succès d'estime (à défaut d'être commercial) qu'on leur accorde.
Penchons nous quelques instants sur le berceau de « Spirit the Earth Aflame » : derrière un faciès certes un peu sans saveur (mais la réédition 2010 par Metal Blade sous forme de digipak a nettement plus de gueule), se cache les prémices déjà bien mature de l'univers enchanteur auquel on est désormais habitué avec eux. Primordial jouait déjà en 2000 cette sorte de Métal celtique lorgnant franchement avec le Folk et empruntant au Black Métal une certaine atmosphère et quelques uns de ses vocaux les plus caractéristiques. L'acclimatation a été finalement pour moi extrêmement facile, car en tout point « Spirit the Earth Aflame » partage les caractéristiques de ses futurs successeurs : tout d'abord le chant moitié déclamé moitié hurlé de Naihmass Nemtheanga (Alan Averill dans le civil) qui est l'élément fondateur du « son » Primordial. Il s'en dégage une telle personnalité, une telle conviction, une telle émotion finalement, qu'on en viendrait presque à mettre de coté l'aspect musical des choses. Et ce serait pourtant se fourvoyer dans l'erreur, car la symbiose entre l'univers musical de Primordial et le chant d'Alan est tout simplement saisissante. Maîtrisant à la perfection les montées progressives en puissance, les intros grandiloquentes (le titre éponyme qui ouvre l'album est la meilleure introduction qui puisse être), et les accès de rage (« The Burning Season » a tout du brûlot black métal, sur ses premières minutes en tout cas), Primordial associe classe et grâce dans un seul et même package d'une cinquantaine de minutes.
Ecoutez moi donc ce « Gods to the Godless », qui à lui seul justifie amplement d'investir quelques euros douloureusement gagnés dans cette fine galette. En 7 minutes et 49 secondes, toute la quintessence de l'univers Primordialien est magnifiée : des quelques arpèges fantomatiques égrenés en introduction à l'arrivée magistrale du riff principal, on se prend d'emblée une surcharge de beauté musicale dans les oreilles. Et alors que le père Nemtheanga entame sa lancinante mélopée, appuyé en fond sonore par une lead guitare aussi discrète qu'indispensable, on dérive lentement vers une réitération du riff principal, où Nemtheanga se fait soudainement furieux et rageur, avant de revenir à un chant moitié parlé moitié déclamé. Et alors que le meilleur est déjà là, une fois le cap des 5 minutes atteint, les guitares reprennent la parole pour une montée en puissance vigoureuse et magnifique. J'aimerais jouer au jeu des références, mais à part vous parler, et avoir pourtant complètement tort, d'Agalloch ou d'Opeth (période Peaceville Records), j'aurais simplement tout faux : Primordial est inimitable. Il est intéressant de noter également à quel point les titres des chansons correspondent tant aux ambiances dégagées : l'instrumental « The Cruel Sea » (qui est une relecture d'une mélodie traditionnelle Irlandaise) est évocateur d'images si fortes que je suis étonné que les petits prodiges sur Youtube n'aient pas dédié à ce titre un hommage sous forme de clip vidéo amateur, à base de photos de rivages désertiques et de mouettes qui chient sur les vacanciers des plages du Sud (je viens de perdre tout le cachet poétique de ma chronique, zut alors) ; les paroles font également partie du voyage, et prouvent qu'en peu de mots et avec une musique adéquate on peut exprimer tellement plus qu'avec des livres entiers.
Définitivement, « Spirit the Earth Aflame » est l'une des pierres angulaires de la discographie de Primordial. Maniant mélancolie, beauté et un goût prononcé pour la tragédie, c'est une véritable épopée musicale qui est mise en oeuvre ici. Faisant le lien entre le Primordial rageur des débuts et les chefs d'œuvres à venir, « Spirit…. » fera succomber quiconque a déjà eu affaire à l'univers des Irlandais ces 3 dernières années. C'était ma crainte de découvrir un groupe complètement différent en replongeant trop loin dans leur passé, j'en suis ressorti plus que rassuré que même 5 ans avant le chef d'œuvre qu'est
« The Gathering Wilderness » le groupe avait déjà trouvé son style et sa voie. Rendez vous dans quelques temps pour appréhender ensemble le trait d'union entre ces deux albums, « Storm Before Calm »…
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