De la claque magistrale mise par son premier album
Aphotic Womb – le plaçant parmi les groupes majeurs de la grosse vague black metal islandais qui a sévi il y a quelques années – jusqu’à la sortie de ses courts formats, Sinmara a su tirer son épingle du jeu. Certes, les musiciens prennent leur temps mais le résultat en justifie toujours l’attente. Ils peaufinent leur son ainsi que leur évolution avec minutie. À l’écoute des différentes réalisations, vous sentez cette franche volonté de s’affranchir de ses ainés afin de délivrer une musique davantage personnelle.
Within the Weaves of Infinity, EP paru en 2017, en était d’ailleurs la plus marquante des illustrations avec un côté lumineux plus prononcé. Autant d’éléments – avec l’arrivée de Sigurgeir Lúðvíksson à la basse – qui laissaient songeur quant à la voie qu’allait suivre la formation s’agissant de son prochain longue durée.
« Mephitic Haze ».
La réponse réside dans ces deux mots, « Mephitic Haze ». Car dévoiler ce titre pour introduire
Hvísl Stjarnanna n’est pas un choix anodin. L’écoute de l’album suffit aisément à s’en convaincre. Les Islandais affichent d’emblée leurs intentions et la couleur – identique à la précédente sortie (citée plus haut) – en partageant la composition la plus « progressive ». Une brume miasmatique qui est percée ça et là de vifs rayons. Le sillon mélodique est creusé de plus belle ici, les riffs vous balayant avec intensité. D’autant que le groupe n’hésite pas à faire quelques infidélités avec notamment ce passage à partir de 5:06, qui rappelle au bon souvenir des premiers Katatonia. En résulte une explosion d’émotions, de mélancolie pure, magnifiée par une production aussi puissante qu’organique. La basse parfaitement intelligible apporte également de la richesse et de la profondeur à l’ensemble. Les ambiances spectrales vous transportent loin, bien loin de ce monde flétri, la voix réverbérée de Ólafur Guðjónsson comme seule compagne. Difficile de ne pas vibrer au fil de l’écoute, le long de ces 41 minutes, en particulier sur le magnifique final « Hvísl Stjarnanna ».
Les influences diverses se mélangent donnant à chaque composition une aura singulière, de la très dissonante « Apparitions » – et son introduction cérémonielle vous conviant à communier avec les étoiles – en passant par l’atmosphère spatiale de « Crimson Stars». Sinmara se drape d’un voile gris, fendant l’éther de son épée et vous ouvrant le chemin vers un au-delà certes plus dangereux mais éminemment spirituel. Les changements de rythme sont nombreux même si la cadence reste relativement élevée (Bjarni Einarsson est impérial derrière les fûts). Les musiciens jouent avec les textures, jonglant entre horreurs ténébreuses et explosions de lumière comme sur « Mephitic Haze », sans provoquer de cassure. Tout s’imbrique de façon homogène jusqu’aux sonorités plus contemporaines ponctuant ce long format (en particulier « Crimson Stars »). Le groupe tempère son propos et sa musique, l’agrémentant avec intelligence et piochant davantage dans la scène black metal scandinave du début des années 90. Le travail conséquent effectué montre toute la maturité du groupe et renforce son identité propre. De ce fait,
Hvísl Stjarnanna se place comme son œuvre la plus aboutie.
« Illumination ».
Ce mot définit à lui-seul le nouvel album des Islandais. Occulte, lumineux, beau, puissant, il ne fait que se bonifier sur la durée. Le potentiel de la formation semble d’ailleurs sans limite à l’écoute de ce dernier, qui aurait gagné en lisibilité avec une production un peu moins puissante et moins étouffée. Seules les personnes ayant déjà eu du mal avec
Within the Weaves of Infinity – dont il est la suite logique – risquent de faire la moue. Personnellement, c’est grâce
Hvísl Stjarnanna que j’ai commencé à apprécier ce EP à sa juste valeur. Donc, un conseil, foncez !
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