Après la sortie en début d’année d’un split en compagnie de ses camarades de Misþyrming et trois ans après un premier album fort recommandable (le très bon
Aphotic Womb), Sinmara continue de nous tenir en haleine avec la parution cette fois-ci d’un court EP intitulé
Within The Weaves Of Infinity. Sorti cet été sur Terratur Possessions et illustré par Artem Grigoryev (Baptism, Fides Inversa, Shaarimoth...), celui-ci propose de nous faire découvrir trois nouveaux titres pour un petit peu moins de vingt minutes. Ce n’est pas avec ça que l’on risque de s’étouffer mais en attendant un deuxième album, on saura s’en contenter.
Enregistré une fois de plus au Emissary Studio de Reykjavík par le bassiste Stephen Lockhart (devenu depuis leur ancien bassiste puisque celui-ci a quitté le navire après la sortie de ce EP), la production de
Within The Weaves Of Infinity se démarque très largement des précédents travaux de Sinmara. Loin des guitares incisives et rachitiques d’
Aphotic Womb, le son se fait ici beaucoup plus abrasif et organique. Un choix intéressant et surtout très judicieux qui apporte une couleur un peu différente au Black Metal des Islandais tout en continuant de nourrir cette ambivalence qui caractérise leur musique (quelque part entre ces atmosphères occultes qui puent le souffre et ces moments éblouissants de lumière).
D’ailleurs ce changement de production n’est pas tout à fait anodin puisqu’il traduit pour Sinmara le désir de remanier certaines petites choses. Tout en prenant soin de conserver l’essentiel de ce qui faisait jusque-là sa musique, le groupe propose à travers ces trois nouveaux morceaux une approche moins dissonante et surtout plus mélodique. On ne parle pas ici de gros bouleversements mais plutôt d’une évolution relativement logique ou en tout cas tout à fait naturelle. A travers ces mélodies épiques et aériennes ("Within The Weaves Of Infinity" à 2:08, "Ormstunga" d’abord à 0:12 avec un lead qui n’est pas sans rappeler Forteresse puis à partir de 4:55 avec un lead discret à vous hérisser le poil, "Nine Halls" à partir de 3:14), le groupe quitte momentanément la crasse et le froid de la rocaille pour prendre davantage de hauteur, se perdre dans le brouillard islandais pour finalement survoler les superbes plaines de Þingvellir. C’est beau, touchant même et cela vient me conforter dans l’idée que Sinmara est probablement l’un des groupes les plus intéressants de la prolifique scène islandaise de ces dernières années.
Mais si
Within The Weaves Of Infinity semble mettre l’accent sur les mélodies, le groupe n’en oublie pas pour autant sa nature profonde. Outre ces atmosphères ambivalentes évoquées déjà un peu plus haut, on retrouve ce groupe qui se délecte avec toujours autant de plaisir et de réussite de ces séquences un brin chaotiques, de ces fameuses dissonances dans son riffing et de ces accélérations à perdre pied. Une chose est sûre, cette recherche de mélodie n’a pas dénaturé le propos de Sinmara qu’on retrouve aujourd’hui peut-être encore un peu plus lumineux voir aérien qu’auparavant mais en tout cas pas plus docile et assagit pour autant.
Injustement boudé par certain, le EP est un format qui effectivement offre souvent plus d’inconvénients (prix quasi identique à celui d’un album, durée limitée, format proposé, remix moisis...) que d’avantages. Dans le cas de
Within The Weaves Of Infinity et si vous êtes amateurs du Black Metal des Islandais, je vous déconseillerais pourtant de faire l’impasse sur cette sortie de qualité. Préfigurant très certainement du Sinmara à venir et dont on attend le deuxième album avec impatience, les trois titres de ce disque sont à la fois riches, intenses et particulièrement touchants. Alors peut-être qu’en effet le groupe a quelque peu perdu de ce côté obscur mais ce qu’il a gagné en luminosité le rend certainement encore un peu plus séduisant et unique.
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