Karghet - Demo 1
Chronique
Karghet Demo 1 (Démo)
Rory Flay, l’infatigable... Partie III.
Après Collier d’Ombre et Kveldstimer dont on a déjà parlé il y a peu, place aujourd’hui à un autre de ses projets baptisé Karghet. Probablement tout aussi récent que ceux déjà énoncés précédemment, celui-ci est mené avec le soutien de deux autres musiciens (vraisemblablement suédois) se faisant appeler pour l’occasion Akwihurz (guitare, basse) et Anatema (batterie). Ensemble, le trio a sorti début avril une première démonstration intitulée simplement Demo I. Un tirage limité à seulement quinze exemplaires auquel ont succédé quelques semaines plus tard soixante-six copies supplémentaires grâce au concours du label américain Final Agony Records (Carved Cross, Cénotaphe, Odz Manouk, Orgy Of Carrion, Rhinocervs...). En attendant une hypothétique sortie vinyle bien plus noble et agréable à manipuler, retour sur cette sortie finalement plus généreuse que ne le laisse supposer son statut de simple démo.
En effet, ce ne sont pas moins de huit compositions étirées sur un petit peu plus de trente-cinq minutes qui nous sont proposées ici parmi lesquelles une introduction ("Sent Forth By Serpent's Call..."), un interlude ("To Witness The Blinding Star") et une conclusion ("...Summoned To The Woods"). Des chiffres qui vont nous permettre de faire amplement connaissance avec ce mystérieux trio qui, vous l’aurez deviné après un simple regard à cette photographie servant d’illustration, n’est clairement pas là pour réinventer quoi que ce soit...
À la différence de Scripture Of The Woods, première démo de Kveldstimer, la production chez Karghet se fait plus lointaine et diffuse. Sans être ni trop crade ni trop clivante, celle-ci n’en est pas moins destinée aux oreilles averties capables de s’accommoder d’un peu trop de souffle mais aussi d’instruments au rendu un brin maigrelet. Un choix qui n’a évidemment rien d’anodin puisque celui-ci confère à ces huit compositions une aura occulte et malfaisante évoquant la nature à la fois mystérieuse et dangereuse de ce qu’a pu être le Black Metal dans les années 90, notamment du côté de la Norvège.
D’ailleurs, sans trop de surprise là non plus, c’est à des groupes comme Darkthrone, Mayhem (l’utilisation de ce tom basse comme d’une grosse percussion), Satyricon ou Enslaved auxquels on pense à l’écoute de cette première démo. Une approche rudimentaire et primitive menée essentiellement sur la base de riffs froids et décharnés exécutés à toute berzingue et de blasts entêtants tout aussi intenses auxquels viennent également se mêler quelques rythmiques Punk / Thrash et autres riffs à trois notes faisant cette fois-ci écho à des groupes tels que Bathory et Venom ("Dying Gods Of The Crumbling Pantheon" à 0:42, "Winter's Grip, Eternal Night" à 5:14, "There, Lurks The Evil Shadow" à 3:06...).
Néanmoins, malgré ce côté plutôt frontal, les trois garçons ne sont pas sans apporter un soupçon de nuance avec, outre ces plages instrumentales construites à coups de samples (vent, cloches, tonnerre...) et autres nappes de synthétiseurs, des séquences tout simplement plus modérées lors desquelles Karghet va donc lever le pied. C’est le cas notamment sur "Dying Gods Of The Crumbling Pantheon à 3:16, "Winter's Grip, Eternal Night" à 2:40, "Morbid Depths Of My Tortured Mind" qui pendant plus de sept minutes va jouer la carte du titre mid-tempo sombre et menaçant sur lequel on tapera du pied et dodelinera de la tête tranquillement en prenant l’air sinistre et abattu ou "There, Lurks The Evil Shadow" à 1:55. Certes, la musique de Karghet va effectivement perdre en intensité lors de ces quelques moments mais ne pas jouer systématiquement sur le même registre pendant plus d’une demi-heure va permettre au Black Metal du trio de gagner en relief et en profondeur et ainsi éviter une certaine monotonie, surtout avec des compositions comprises entre cinq et sept minutes.
Au risque de me répéter et de vous faire tourner en rond, je préfère sur les quelques lignes qui suivent mettre un terme à cette chronique. Vous l’aurez de toute façon d’ores et déjà compris, cette première démo n’a rien à offrir qui n’ait pas déjà été proposé un nombre incalculable de fois tout au long de ces quarante dernières années... Pour autant, au-delà du manque flagrant d’originalité dont fait preuve le trio (un point auquel chacun sera plus ou moins sensible), le fait est que cette première sortie de Karghet reprend à son compte tout ce que l’on est en droit d’attendre d’une sortie arborant un tel cliché en guise d’illustration principale : riffs faméliques et sinistres particulièrement efficaces, ambiances blasphématoires, obscures et glacées, cadences soutenues soulignées très justement par d’autres passages plus en retenue… Bref, rien de bien nouveau mais la preuve, si cela était encore nécessaire, que monsieur Rory Flay est un homme de goût. D’ailleurs, je n’en ai pas tout à fait terminé avec lui puisque l’on devrait se revoir d’ici peu pour une quatrième et une cinquième parties toutes les deux particulièrement dignes d’intérêt elles-aussi.
| AxGxB 9 Septembre 2024 - 391 lectures |
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