NEDXXX - NEDXXX
Chronique
NEDXXX NEDXXX
Débarquer d’on-ne-sait-où, avec un nom à mi-chemin entre le site pornographique louche et la crise d’épilepsie sur clavier, c’est une chose. Mais se payer le luxe de rester anonyme, et de balancer sa première (et vraisemblablement dernière) offrande chez Norma Evangelium Diaboli, c’en est une autre ! Jusqu’à présent, je pensais qu’il fallait avoir fait ses preuves pour sortir une galette sous l’égide du label hexagonal. Après tout, quand on regarde son roster, on n’y voit que des formations ayant marqué durablement, et profondément, le Black Metal. Rien que ça.
Donc forcément, quand le label annonce, d’un coup d’un seul, la sortie du premier disque d’un groupe inconnu au bataillon, l’accompagnement d’un cryptique « From the vortex of timeless chaos, a journey that will sink you to the depths of death. Devil-music for the end times! », on reste sceptique. Mais intrigué. Après tout, pour que NoEvDia fasse confiance à ce point à un "nouveau venu", il faut bien que le contenu soit à la hauteur, non ?
Les théories concernant NEDXXX sont nombreuses. D'aucuns évoquent un potentiel projet parallèle d'un des musiciens d'Abigor, d'autres spéculent sur une sorte de all star band de NoEvDia, la vérité est peut-être ailleurs, mais se situe vraisemblablement entre les deux. J’irais même jusqu’à dire que Nedxxx pourrait être « l’échantillon représentatif » ultime, le concentré le plus pur du mélange de tous les poulains de l’écurie. Le satanisme dévot et les salades eschatologiques habituelles, le mystère volontairement cultivé, la volonté de remuer les codes du genre… Tout y est. A label solide, sortie solide, donc. Pour autant, ce disque n’est pas exempt de défauts. Mais il reste fascinant, même dans ses travers.
Parce que je ne sais pas combien ils sont, ni qui ils sont, mais je suis convaincu qu'ils ont un autel à la gloire d'Abigor dans leur local de répétition, et qu'ils dorment avec la discographie de Deathspell Omega sous l'oreiller. Tout ce que l’on peut entendre sur ce premier opus « sonne comme » les plus belles heures des deux tauliers, ce qui n’est pas une mauvaise chose au vu de la qualité de leur art, mais bon, on aurait pu espérer une digestion un peu plus efficace… Néanmoins, à l’image de ses mentors, le groupe est impressionnant de minutie et de précision dans ses compositions, et dans leur exécution. Si l’on prend en pleine poire la déferlante, si rien ne semble tenir en place, une écoute attentive permet de se rendre compte du travail d’orfèvre qui se dissimule derrière le bordel ambiant. La batterie, quand elle ne blaste pas avec la précision d’un coucou Suisse, se répand en contretemps impossibles et autres roulements qui prennent les autres instruments à revers, les guitares dispensent leurs saillies, marquées du sceau DsO, véritables scalpels sonores qui tirent systématiquement dans les aigus…
Le tout donne l’impression d’avoir été mijoté dans la cervelle bouillante d’un fou-furieux. Les compositions sont en ébullition constante (les blast-beats furieux du sixième morceau), se plaisent à détricoter des compositions déjà bien gratinées, et le chant renforce encore la fièvre qui gagne l’auditeur à l’écoute de cette grande messe. En effet, difficile de ne pas être séduit par le hurleur, qui psalmodie, scande, grogne (l’ouverture du quatrième titre, orientalisant, qui réussit à rendre le Djembe et le Derbouka complètement sataniques) et hurle avec une conviction qui force le respect, des paroles aussi fanatiques que ce à quoi on pourrait s’attendre (« King of Kings, Lord of Lords ! » au beau milieu de la sixième piste). Fanatisme que NEDXXX a voulu renforcer, en bourrant littéralement son disque de samples. Jusqu’à la nausée.
C’est bien ce travers qui me retient d’intégralement louer cet opus. Il est court (à peine trente minutes), et pourtant saturé de samples de discours, effet écho, qui, à mon sens, auraient pu participer à l’ambiance générale s’ils n’avaient pas été aussi présents… Ils en finissent par handicaper un disque qui n’en avait vraiment pas besoin. Réussir à garder constantes tant la tension que l'intensité tout au long d'un disque, c'est une sacré réussite... Et briser son élan sur des samples sans réel intérêt, un vrai gâchis.
Ok, j’avoue, je crache un peu dans la soupe. NEDXXX est un album d’une maîtrise impressionnante… Ce qui n’est pas une surprise, vu l’écurie, et les probables musiciens qui se dissimulent derrière cette belle pochette. Certes, ce ne sont que des théories… Mais ces huit titres sont bien trop professionnels pour n’être que l’œuvre de rookies dans le genre. Un défaut qui n’en est pas un : on ne boude pas son plaisir à l’écoute de cette chimère, qui nécessitera du temps (et de l’aspirine) pour être apprivoisée. Un poil trop proche de ses influences, un poil trop chargée de superflu, certes, mais cette petite curiosité saura se tailler une place de choix dans vos écoutes. A découvrir.
| Sagamore 30 Janvier 2020 - 1446 lectures |
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