Stangarigel - Na Severe Srdca
Chronique
Stangarigel Na Severe Srdca
Paru en 2022 sur Hexencave Productions, Na Severe Srdca a célébré il y a de cela quelques semaines son tout premier anniversaire. Alors effectivement, je suis très à la bourre mais là n’est pas vraiment le sujet. Non, ce que je voulais surtout vous dire c’est que si vous êtes de ceux qui n’ont pas encore croisé la route de cette jeune formation, je vous propose de faire les présentations qui s’imposent et même un petit peu plus...
Originaire de Slovaquie, Stangarigel voit le jour à l’initiative de Lesodiv sans que l’on sache trop quand… Si ce nom ne vous dit rien, sachez que c’est tout à fait normal puisqu’il s’agit d’un patronyme. Derrière celui-ci se cache en fait Adam S., guitariste et chanteur des excellents Malokarpatan que vous vous devez normalement de connaître puisqu’on a fait ici tout ce qu’il fallait pour que ce soit le cas. Pour l’accompagner dans ces aventures parallèles, Lesodiv a fait appel aux services d’un certain Stalagnat. Là encore un nom d’emprunt pour un musicien qui selon mes sources n’a participé à aucuns projets dignes de figurer sur Metal Archives. Ce que l’on sait cependant, c’est qu’il est ici en charge de la batterie et du chant. Enregistré entre 2020 et 2021, Na Severe Srdca est la toute première sortie du duo et un rappel à ceux qui en doutait encore que la scène Black Metal slovaque possède bel et bien sa propre patte.
Pour autant, on ne va pas se mentir, il y a chez Stangarigel un lien de parenté particulièrement prononcé avec Malokarpatan. Sans que cela soit véritablement surprenant, on aurait tout de même pu penser qu’Adam S. allait profiter de cette occasion pour se changer les idées et aller voir ailleurs ce qu’il était possible de faire (ce qu’il fait déjà, c’est vrai, avec Remmirath sur lequel vous ne devriez pas hésiter non plus à jeter une oreille) mais finalement, ce premier album s’inscrit dans la lignée des différents travaux de Malokarpatan, quelque part entre Black Metal et musique folklorique d’Europe de l’Est.
Aussi, à l’instar des trois albums de Malokarpatan, Na Severe Srdca est lui aussi servi par une production simple et dépouillée. Un naturel au service de compositions qui ne font pas preuve elles non plus d’une grande complexité ni même d’une quelconque originalité puisqu’en effet Stangarigel s’inspire pour l’essentiel de la scène norvégienne du début des années 90. A ce titre, le groupe n’hésite pas à évoquer lui-même l’influence de formations telles qu’Ulver et Satyricon sur sa musique. Tout cela reste bien évidemment très subjectif (d’autant que ces emprunts et autres rappels ne sont pas fait de manière particulièrement flagrante) même si une fois cité, il est facile de tracer ces quelques parallèles. Celui qui existe entre Stangarigel à Ulver réside essentiellement dans ce rapport à l‘étrange et au mystérieux et dans le poids de ce folklore dans son identité alors que la marque de Satyricon se ressent bien davantage sur les passages les plus soutenus (mais cependant pas très nombreux) de l’album, ceux à la fibre Black Metal la pure et la plus évidente.
Ce qui lie Stangarigel à Malokarpatan ce sont essentiellement tous ces éléments et autres sonorités folkloriques qui renvoient directement aux origines mêmes de ces deux formations. De cet usage de la guitare acoustique (les premières notes de "Mytogenéza Bronzovej Doby" et plus loin en toile de fond, "Zasvätenie V Slnovratnej Hore" à 0:46 et 3:04, "Smaragdová Koruna Diabla" à 4:41, "Poklad Tatier" à 4:08) à ces samples tout droit sortis de l’émission "Chasse et Pêche » (l’introduction de "Hviezdne Ohne Nad Kosodrevinami") en passant par ces arrangements à base de cordes frottées (l’introduction de "Mytogenéza Bronzovej Doby"), de cuivres ("Mytogenéza Bronzovej Doby" à 3:26, "Smaragdová koruna diabla" à 2:24, "Poklad Tatier" à 5:11) ou de guimbarde ("Smaragdová Koruna Diabla" à 4:41), ces quelques nappes de synthétiseurs d’abord sous forme de fulgurances ("Zasvätenie V Slnovratnej Hore") puis sous les couleurs d’un clavecin ("Hviezdne Ohne Nad Kosodrevinami") et même ces samples animaliers (ces quelques chouettes qui hululent dans la nuit sur "Zasvätenie V Slnovratnej Hore"), les deux groupes partagent en effet ce même ADN emprunt de traditions et d’atmosphères aux teintes mystérieuses et forestières.
Pour autant, ce lien de parenté ne s’arrête pas à ces seuls éléments évoqués plus haut. On le trouve également dans toutes ces mélodies déployées par Stangarigel tout au long de ces trente six minutes. Un travail une fois encore particulièrement intéressant et surtout immersif puisqu’il nous renvoie dans ces contrées d’Europe de l’Est à une époque aujourd’hui révolue… De ces ritournelles qui sentent la campagne verdoyante ("Hviezdne Ohne Nad Kosodrevinami" à 1:46 et 3:51, "Smaragdová Koruna Diabla" à 6:52) aux mélodies particulièrement entêtantes de "Zasvätenie V Slnovratnej Hore" et "Hviezdne One Nad Kosodrevinami" en passant par celles un brin désuètes mais néanmoins pleines de charmes de "Mytogenéza Bronzovej Doby" et "Smaragdová Koruna Diabla" et "Poklad Tatier", il y a une vieille âme usée et authentique dans le Black Metal de Stangarigel.
Alors c’est vrai, les Slovaques ne sont pas les plus techniques, les plus agressifs, les plus malsains, les plus rapides ou les plus dérangeants qu’aient porté la scène Black Metal mais ce n’est pas pour autant que Na Severe Srdca ne mérite pas un minimum d’attention. Les amateurs de Black Metal aux tournures folkloriques prononcées seraient en effet bien inspirés de jeter une oreille attentive à ce premier album tout en simplicité et en authenticité. Certes, il est facile de tracer un parallèle entre Stangarigel et Malokarpatan et d’y trouver ainsi une certaine forme de redite mais en vérité, ce que l’on retiendra surtout ce sont ces riches et enivrantes mélodies, cette identité forte et cet héritage marqué par ses origines géographiques, ces atmosphères d’une autre époque, etc. Bref, un disque qui sort quelque peu des sentiers battus et offre un autre regard sur ce que peut être le Black Metal aujourd’hui (tout en continuant à s’inspirer d’hier).
| AxGxB 2 Mars 2023 - 710 lectures |
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