Après un court passage chez Hexencave Productions à l’occasion d’un premier album mené d’une main de maitre (l’excellent
Na Severe Srdca), nos deux protagonistes à l’oeuvre derrière Stangarigel choisiront d’aller trouver refuge chez Medieval Prophecy Records, petite structure belge relativement discrète mais bien connue des amateurs de Black Metal pour ses sorties de grande qualité (Effroi, Forbidden Temple, Gouffre, Ichors Glaive, Moenen Of Xezbeth, Perverted Ceremony et j’en passe). Le premier fruit de cette collaboration sera un EP trois titres sorti en juillet 2023 et intitulé
Metafyzika Barbarstva. Aussi, deux ans après les faits et alors que le groupe vient tout juste de sortir son deuxième album, il était temps que je tape enfin quelques lignes sur mon clavier au sujet de ce chouette EP qui évidemment ne méritait pas d’être ignoré de la sorte.
Après une illustration évoquant tout comme chez Malokarpatan un vif intérêt pour les mythes et légendes d’Europe de l’Est ainsi que pour ses forêts magiques et enchantées, Stalagnat et Lesodiv ont fait le choix d’une photographie beaucoup plus mystérieuse sur laquelle on peut y apercevoir un chevalier campé sur son cheval dans une brume percée par des rais d’une douce lumière du matin. Une vision étrange et solitaire dont le caractère épique tranche quelque peu avec cette illustration tout de vert ornant
Na Severe Srdca. Un choix qui ne doit évidemment rien au hasard puisque
Metafyzika Barbarstva, loin de s’opposer de manière radicale à ce premier album, offre le temps de trois morceaux (enfin surtout deux), une vision tout de même un petit peu plus agressive et dépouillée mais également un poil moins "enjouée", "boisée" et "folklorique".
En effet, si le titre instrumental "Jazda Preludov Decembrovým Nebom" mené au son de synthétiseurs tour à tour épiques et futuristes, samples étranges et autres percussions tribales, offre un contraste saisissant avec "Modré Kryštalické Sály" et "Metafyzika Barbarstva", ces deux autres compositions jouent quant à elles la carte d’un Black Metal toujours très proche dans l’esprit de ce que l’on peut entendre chez Malokarpatan (et plus globalement chez certains groupes d’Europe de l’Est) mais en proposant cette fois-ci à ses auditeurs une approche un poil plus dépouillée et moins guillerette. Car si les mélodies lointaines et particulièrement entêtantes sont une fois de plus de la partie, les quelques arrangements qui ponctuent ces deux morceaux (les premiers instants particulièrement baroques de "Modré Kryštalické Sály" suivis à 4:14 de ce pont folklorique façon "Snow White" sous Xanax, l’introduction très cinématographique de "Metafyzika Barbarstva" à laquelle succèdent dans la foulée une séquence acoustique un brin désabusée puis aux alentours de 5:03 cette transition tout aux synthétiseurs à la sauce Fort Boyard slovaque (oui, je fais exprès de grossir un peu le trait)...) tendent désormais vers des sonorités toujours très oniriques mais cependant moins romantiques et un tantinet plus voilées et épiques qu’à l’époque de
Na Severe Srdca.
Pour le reste, Stangarigel continue sur sa lancée avec un Black Metal bigarré au long court (plus de sept minutes pour « Modré Kryštalické Sály » et plus de neuf minutes pour "Metafyzika Barbarstva") faisant preuve de toujours autant de variété, notamment d’un point de vue dynamique. En effet, comme à son habitude, le duo enchaîne les séquences menées tambour battant ("Modré Kryštalické Sály" dès 0:26 puis plus loin à compter de 5:15, "Metafyzika Barbarstva" à 6:28), passage au groove plus chaloupé ("Modré Kryštalické Sály" à 1:21) et moment plus "léger" et "sautillant" ("Metafyzika Barbarstva" à partir de 1:32) pour un résultat toujours aussi prenant et atypique. Une singularité d’ailleurs toujours renforcée par ce chant en langue slovaque dont le débit et les intonations apportent clairement quelque chose de différent et d’exotique dans le paysage actuel.
Bref, vous l’aurez compris, si
Metafyzika Barbarstva diffère quelque peu de son illustre prédécesseur (un petit peu moins d’arrangements, une approche plus dépouillée et moins légère, des ambiances sensiblement plus sombres et épiques), il ne s’inscrit pas moins dans la continuité plus ou moins directe de l’excellent
Na Severe Srdca et ne devrait donc pas manquer de séduire tout ceux ayant déjà succombé aux charmes multiples d’un Stangarigel qui continue d’offrir une vision personnelle très marquée par sa situation géographique de ce que peut être le Black Metal. À l’heure où j’écris cette chronique, je n’ai pas encore écouté le nouvel album du duo mais après ces deux sorties de qualité, les espoirs sont grands à l’égard de celui-ci tant Stangarigel (comme Malokarpatan) est une formation qui sort véritablement du lot et cela sans pour autant travestir les codes du genre auxquels nous sommes tous évidemment très attachés.
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