"Derrière la montagne d’argent"
Tel est le titre du nouvel album des Tchèques de Stangarigel intitulé
Za Striebornou Horou. Un disque sorti en juillet dernier sur le label belge Medieval Prophecy Records (Angurvadal, Collier d’Ombre, Diabolical Fullmoon, Forbidden Temple, Moenen Of Xezbeth...) et pour lequel l’illustration a été confiée à une certaine Radoslava Vančová. Fidèle aux thématiques folkloriques abordées jusque-là par la formation, celle-ci livre une œuvre engageante empreinte à la fois de mystère, de magie et de féérie. Une oeuvre qui évidemment ne doit rien au hasard puisque de ce que j’ai compris grâce à Google Traduction, il va en effet être question de contrées lointaines, de forteresses de granit, de dragons majestueux, de montagnes imprenables, de géants bâtisseurs et autres fées malicieuses...
Si les effectifs n’ont pas changé (Lesodiv et Stalagnat toujours dans la place), le duo a néanmoins été rejoint pour l’occasion par le Finlandais Juuso Peltola. Un nom qui ne vous dit peut-être pas grand-chose mais que l’on retrouve pourtant derrière d’autres projets tels que Warmoon Lord, Argenthorns et Old Sorcery bien souvent sous le pseudonyme de Lord Vrăjitor. Invité comme musicien de session, c’est à lui que l’on doit les nombreuses nappes de synthétiseurs dispensées tout au long de ces trente-huit minutes. Un rôle jusque-là tenu par Adam Sičák aka Lesodiv mais qu’il a vraisemblablement souhaité déléguer à l’occasion de ce deuxième album. Enfin côté production, si celui-ci a probablement été enregistré par le groupe lui-même, le mixage et le mastering ont quant à eux été confiés à un autre Finlandais bien connu, un certain Henri Antti Viljami Sorvali (Finntroll, Moonsorrow...) dont la liste des collaborations de ce genre n’en finit plus de s’allonger (Förgjord, Horna, Impaled Nazarene, Lie In Ruins, Mooncitadel, Morgal, Panopticon, Sargeist, Satanic Warmaster...).
Marchant dans les traces de l’excellent
Metafyzika Barbarstva,
Za Striebornou Horou reprend sans grande surprise le chemin de ce Black Metal sombre, épique et mystérieux qui est celui de Stangarigel depuis la parution de ce précédent EP. Une sortie lors de laquelle le duo avait amorcé une douce transition vers une musique non pas fondamentalement différente mais néanmoins plus lourde, plus funèbre et un tantinet moins atmosphérique. Cette transition, moins profondément marquée ici ou en tout cas plus lissée, n’en reste pas moins tout à fait d’actualité. Comme sur
Metafyzika Barbarstva, le ton s’est quelque peu assombrit, beaucoup de mélodies se sont faites plus menaçantes et moins légères alors que la cadence s’est dans l’ensemble sensiblement accélérée. Bref, l’heure n’est plus tout à fait ici à la flânerie champêtre même si Stangarigel n’a pas non plus complètement renoncé à ces délicieux moments aux ambiances boisées, mystérieuses et fantastiques.
En effet, même si le ton est souvent moins bucolique et guilleret qu’il n’a pu l’être autrefois (à l’époque de
Na Severe Srdca), les nombreux et divers arrangements proposés par les Tchèques tout au long de ces huit nouvelles compositions (les premières mesures de "V Sedemdesiatej Siedmej Krajine" qui font d’ailleurs pas mal écho à celles de "Mytogenéza Bronzovej Doby" présent sur le premier album du groupe, le clavecin sur "Žulové Tvrdze Tatranských Šarkanov" aux alentours de 3:47, le pont champêtre de "Kde Kladivá Obrov Rozmetali Hory" avec cette guimbarde lointaine, les notes de clavier particulièrement oniriques dispensées sur les premières mesures de "Sedem Modrých Ohňov Plejád" suivi aux alentours de 3:30 de mélodies particulièrement sautillantes, les nappes synthétiques d’abord épiques puis finalement rêveuses de "Hrad Víl V Stratenej Doline", "Aragonitové Siene V Lone Zeme Pt. II" qui prend la forme d’une conclusion instrumentale chimérique) vont inviter malgré tout l’auditeur au voyage dans ces contrées lointaines et féériques peuplées de géants, de dragons et autres créatures mystérieuses.
Le reste, on l’a dit plus haut, s’inscrit à la suite du précédent EP de Stangarigel. Quelque part entre Malokarpatan (sans la fibre Heavy Metal) et le Satyricon des deux premiers albums, le Black Metal des Tchèques s’est effectivement durci offrant à ses auditeurs beaucoup plus de passages soutenus qu’à l’époque de son prédécesseur bien plus atmosphérique. Derrière ses fûts Stalagnat n’est peut-être pas ce que l’on appelle un foudre de guerre mais à l’instar de
Metafyzika Barbarstva les cavalcades qu’il propose sont désormais monnaie courante. Du blast plus ou moins tranquille mais toujours très dynamique faisant ainsi dévier la trajectoire de Stangarigel vers des horizons sensiblement plus frontaux et agressifs. « Sensiblement » car la musique des Tchèques conserve comme on l’a vu une grosse part de son identité folklorique et qu’il fait preuve également de beaucoup d’ambivalence, notamment à travers de nombreuses séquences plus mesurées qui permettent ainsi d’offrir reliefs et contrastes à chacune de ces huit nouvelles compositions.
Changement amorcé avec la sortie de
Metafyzika Barbarstva en 2023, la nouvelle "orientation" empruntée par Stangarigel se confirme ici de manière évidente. Certains regretteront peut-être le côté un peu troubadour des forêts des Carpates qui caractérisait les débuts de la formation il y a quelques années mais je trouve pour ma part cette transformation intéressante car tout en gagnant en agressivité et en rythme, celle-ci n’en reste pas moins fidèle à l’essentiel de son modèle initial. On va en effet retrouver tout au long de ces trente-huit minutes ces réminiscences folkloriques typiques de la scène de l’Europe de l’Est et d’un groupe comme Malokarpatan en particulier. Une singularité qui continue d’offrir beaucoup de cachet au Black Metal de Stangarigel même si en changeant ainsi son angle d’approche, le duo s’est également détaché de son lien avec le groupe principal d’ Adam Sičák. Bref, vous l’aurez compris, avec
Za Striebornou Horou Stangarigel semble avoir trouvé sa formule et cela lui réussit plutôt très bien.
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