Goatslave - Procession Of Doom
Chronique
Goatslave Procession Of Doom
Sortie après sortie, la jeune structure qu’est Atavism Records continue son travail de défrichage de la scène underground hexagonale, cette fois-ci à travers une collaboration avec un groupe répondant au doux nom de Goatslave. Une formation obscure dont on ne sait d’ailleurs pas grand-chose puisqu’à l’heure où j’écris ces quelques lignes, il n’y a même pas encore de page à leur nom sur Metal Archives, cette encyclopédie d’habitude si bien renseignée...
Quoi qu’il en soit, il y a des signes qui ne trompent pas. Ainsi, cet artwork et ce logo réalisés par Chris Moyen suffisent pour nous mettre sur la piste de ce qui nous attend à l’écoute de ce premier album intitulé Procession Of Doom. En effet, Goatslave s’adonne sans trop de surprise à la pratique d’un Black Metal bestial et sans compromis rappelant les pires abominations engendrées au début des années 90, Archgoat en tête.
Avoisinant les quarante-cinq minutes, ce premier album s’ouvre sur une introduction assez peu engageante qui, hormis cette sirène et ces samples de conflits armés, me paraît quelque peu hors propos avec ces "ouh/ah" synthétiques et ce beat répétitif. Heureusement, celle-ci laisse très vite la place à l’essentiel : un Black Metal primitif et intransigeant qui, s’il n’invente rien, se montre néanmoins d’une efficacité exemplaire. Et pour être honnête, c’est bien là tout ce qu’on lui demande.
Goatslave tire ainsi sa force de ces riffs simples mais abrasifs et de ces changements de rythmes intéressants qui viennent apporter ce qu’il faut de variété à des titres globalement assez longs (six minutes en moyenne). On retrouve ainsi chez les Français ce même amour que les Norvégiens pour ces trémolos rapides et glacés. Trémolos décharnés qui me font énormément penser à des groupes comme Tsjuder ou Urgehal, notamment pour leur intensité redoutable ainsi que pour ces atmosphères sombres et impitoyables qui en émane ("Salvation Desolation", "Throne Of Hate", "Finished By The Wolves"). Mais Goatslave ne s’inspire pas uniquement de la scène norvégienne. Le groupe troque ainsi sur la deuxième moitié de son album ces fameux trémolos pour une approche beaucoup plus Thrash ("Procession Of Doom", "Six Sex Satan" ou "Goatslave") faisant ainsi écho au meilleur de la scène sud-américaine (Perversor) et australienne (Nocturnal Graves). Mais si les sonorités dégagées ne sont évidemment pas tout à fait identiques, l’énergie et la rage déployées demeurent tout à fait similaires.
Comme évoqué un peu plus haut, la répétitivité des riffs induite par ce Black Metal bestial et primitif est rompue par des breaks salvateurs apportant une dimension nouvelle aux compositions des Français. Goatslave joue ainsi sur une dynamique bien différente en privilégiant le temps d’un break ou d’une courte séquence, des passages mid-tempo parfois brises-nuques (« Salvation Desolation » à 3:47) mais souvent plus portés sur l’atmosphère (le premier tiers de "Salvation Desolation", "Throne Of Hate" à 3:30, "Finished By The Wolves" à 4:47, "Procession Of Doom" à 02:15...). Cela permet ainsi au pauvre auditeur bien souvent malmené de sortir la tête hors de l’eau durant quelques secondes avant de se voir à nouveau embarquer dans un maelstrom de violence.
En dépit d’une personnalité qui manque encore de maturité, Goatslave fait aujourd’hui une entrée remarquée dans le petit monde du Black Metal hexagonal grâce à un premier album plutôt réussi. Pour autant, celui-ci n’est pas exempt de défauts à commencer par cette caisse claire casserole que l’on peut entendre ici et là ("Kingdom Of Rats" en est probablement l’exemple le plus flagrant) ou encore un léger manque de cohésion entre une première moitié plutôt typée Black norvégien et une seconde moitié davantage orientée Black/Thrash. Mais Goatslave est encore jeune puisque, rappelons-le, il ne s’agit là que de son tout premier album. Reste désormais à savoir si le groupe saura se remettre en question et surtout digérer ces quelques influences aujourd’hui encore un peu trop évidentes pour espérer se démarquer. Quoi qu’il en soit, Procession Of Doom constitue une entrée en matière particulièrement convaincante dans son genre qui ne devrait pas laisser insensible tous les amateurs du genre.
| AxGxB 12 Avril 2016 - 1536 lectures |
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