Darkenhöld - Arcanes & Sortilèges
Chronique
Darkenhöld Arcanes & Sortilèges
Si petit à petit l’oiseau fait son nid, on peut facilement appliquer ce proverbe au combo sudiste dont la discographie et le statut n’ont cessé de s’étoffer progressivement, passant à ses débuts d’espoir aux réalisations sympathiques (mais encore un peu justes) à celui désormais de nom important de la scène nationale aux sorties attendues. C’est le cas de ce cinquième album qui fait suite au très réussi et mature
« Memoria Sylvarum » et à l’expérience acoustique (façon ambiance au coin du feu) sur le Split
« Atra Musica », qui montraient les Niçois en grande forme et qui osaient se lâcher un peu plus. Car s'il leur a fallu du temps pour enfin trouver le parfait équilibre entre ambiances médiévales, violence débridée et mélodie affirmée, ce cru 2020 est incontestablement impeccable au niveau de la densité et de l'homogénéité, qui en fait du coup son opus le plus abouti et qui possède en outre un charme rétro très agréable qui amène un vrai supplément d'âme à l'ensemble.
En effet ce qui va frapper d'entrée les esprits c'est ce voyage vers la Norvège des années 90 tant les nappes de synthé vont nous rappeler les premières œuvres de DIMMU BORGIR et EMPEROR, d’ailleurs ce point va être marquant sur l’ouverture intitulée « Oriflamme » qui donne directement le ton, et va montrer toute la palette du trio historique. Entre blasts déchaînés et mid-tempo épique propice au headbanging le rythme ne faiblit jamais et se montre entraînant au possible, donnant la sensation d'aller au combat entre chevaliers tant un certain groove transparaît de l'ensemble, et où émerge un excellent solo tout en finesse (chose qui d'ailleurs va être constante par la suite). Sur ce dernier point il faut saluer en effet l'excellent boulot réalisé par Aldébaran qui s'est vraiment fait plaisir sur les leads, à la fois nombreux et disséminés de façon régulière, et qui ajoutent aux relents mélodiques présents en continu. On retrouve cela en premier lieu sur « L'ost De La Forteresse » qui enchaîne dans la foulée, et poursuit le travail entendu précédemment avec toujours autant de justesse et de réussite. Si la violence est présente de façon plus discrète priorité est ici donnée à une rythmique moins ravageuse mais propice à taper du pied, et où le clavier est mis un peu plus en avant, sans oublier quelques passages acoustiques du plus bel effet qui renforcent l'aspect "ancien" de l'ensemble, sans pour autant dénaturer avec le reste. D'ailleurs si tout est parfaitement joué et composé il y’a néanmoins un petit défaut inhérent à ce disque, il est en effet parfois difficile de faire émerger un titre plus qu'un autre et ça manque peut-être d’hymnes forts, mais cela n'est finalement que mineur vu le rendu impeccable proposé sur la durée. Cela va certes parfois amener un certain aspect monolithique, qui peut être vu comme un problème mais qui ne l'est pas si on en fait abstraction et qu’on ne joue pas les éternels râleurs.
Que ce soit avec le plus accessible et combatif « Incantations » ou le dense et furibard « Mystique De La Vouivre » au grand écart jouissif (qui renforce ainsi les sensations apaisantes comme tempétueuses), cette première partie ne lâche pas l'auditeur qui n'a aucun temps mort pour aller faire autre chose. Après cette moitié totalement nickel et sans fautes de goût le court interlude « La Tour De L'alchimiste » est le bienvenu avant d'enchaîner sur les trois ultimes compos, qui vont être par contre légèrement en dessous de ce qui a été proposé jusque-là, mais qui se montrent quand même très attractives, principalement via le très bon « Héraldique ». Si l'on entend toujours la plupart des éléments déjà mis en exergue jusqu'ici il faut reconnaître qu'une fois encore cela fait mouche et se mélange à merveille à cette nostalgie plus que jamais présente, et qui trouve ici son paroxysme tant on se croirait presque revenu à l'âge d'or du Black symphonique et aux articles signés Hard N'Heavy, Hard Rock Magazine ou Hard Force. Sans révolutionner quoi que ce soit cette plage ultra-efficace trouvera facilement sa marque en concert tout comme quoi les précédentes entendues jusque-là, et ce même si les deux dernières en lice (« Bestiaire Fantastique » et « Le Sanctuaire Embrasé ») bien qu'étant proprement exécutées se montrent un peu trop en roue-libre pour être au même niveau que celles qui les ont précédées.
Néanmoins une fois l'outro terminée (qui n'est pas sans rappeler l'ambiance du film "Le Nom De La Rose") on ne peut qu'applaudir le travail effectué par Cervantes et ses acolytes, qui ne cessent de se bonifier avec l'âge et montrent qu'il n'y a pas besoin de trop en faire pour être efficace. Si le tout reste d'un classicisme assumé il donne néanmoins la furieuse envie d'en découdre puis de festoyer une fois la bataille terminée, d'autant plus avec cette production légèrement râpeuse à l'équilibre impeccable qui reste dans le ton de ce qui se faisait il y'a désormais un quart de siècle. Du tout bon en somme qui même s'il ne marquera pas l'année de son empreinte trouvera facilement sa place au sein des étagères d'où il ressortira de façon occasionnelle, histoire de se rappeler d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître (et qui fait du bien par où ça passe).
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