Mournful Congregation - The June Frost
Chronique
Mournful Congregation The June Frost
C'est avec
The June Frost que j'ai découvert les australiens de Mournful Congregation. Si l'envie de vous faire partager la claque que j'ai reçu est là et bien là, il est compliqué de la poser sur le papier. En effet, la critique de
The Monad Of Creation de mon collègue Anhysbys s'applique parfaitement à cet album.
The June Frost, comme son prédécesseur, vise la transcendance. Les guitares y sont pesantes comme ce corps qui nous limite, la voix grave et diffuse semblable à la brume du réel cachant la véritable beauté. Les chansons sont autant de mouvements voulant s'extirper de la matière pour vivre dans l'union. J'imagine à leur écoute la traversée d'un ascète cherchant l'harmonie dans un monde vide et hostile : car cet album offre essentiellement un doom/death extrême, à la frappe aussi écrasante qu'implacable (« A Slow March To The Burial » par exemple, qui nous entraine dans les abîmes) où un décor meurtri répond de manière menaçante à ce besoin d'élévation aux travers d'interludes lugubres à l'image de « The Februar Winds ». Mais de ces coups reçus naît parfois une faible lumière, froide et pourtant remplissant les cœurs d'une étrange blancheur cendrée (« White Cold Wrath Burnt Frozen Blood » et ses lignes claires, éparses et fragiles).
Un morceau diffère cependant des autres : la chanson éponyme, où s'entrecroisent arpèges acoustiques et mélodies électriques. Tout n'est alors que « calme, luxe et volupté », un repos où le mystique arrête un instant sa quête mortifère pour se reposer près d'un paysage indiffèrent d'une pureté que seul le doom, ce style pourtant si sale et tourmenté, peut encore offrir. Le reste est essentiellement spleen et les trois notes cristallines de « Suicide Choir » ou les leads volantes de « White Cold Wrath Burnt Frozen Blood » ne sont que de vains essais pour se dépasser soi-même (la conclusion « The Wreath » et ses accords libérateurs au dénouement tragique).
A l'heure où j'écris ces lignes, je suis face à la méditerranée. Je crois que c'est cette mer de mars qui décrit la mieux ce paradoxe sublime du gel de juin : des vagues travaillant sans relâche à se détacher d'une eau opaque, touchant de leur écume le sable blanc pour repartir et recommencer, malgré cette gravité qui les condamne à cette masse d'acier bleu marine.
Un album qui appelle la lumière de toutes ses forces, l'effleure, et tombe continuellement.
| lkea 27 Mars 2010 - 3209 lectures |
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