Revel In Flesh - Manifested Darkness

Ça fait un petit moment qu'on voit Revel In Flesh cité sur les sites spécialisés. Mais il y a tellement de sorties à couvrir, tellement de classiques encore à découvrir, que je n'avais pas été plus loin que mettre ce nom dans un coin de ma tête. Récemment, suite à l'annonce de la sortie prochaine du deuxième album des Allemands chez F.D.A. Rekotz, Manifested Darkness, je décide enfin de tenter l'aventure. Merci à la magnifique pochette de Juanjo Castellano. Puis au titre "Dominate the Rotten", extrait des plus convaincants. Et le promo digital de trouver enfin preneur.

Quel genre de musique peut bien jouer un groupe ayant pour nom Revel In Flesh, dont les deux membres teutons ont changé leur nom en Maggesson et Haubersson et dont le nouvel album a été mixé et masterisé par Dan Swanö? Du zouk? Non. De la tektonik? Non plus, ça ne doit même plus exister cette merde. De la transe folklorique? Encore perdu! Figurez-vous que contre toute attente, le duo allemand joue du old-school Swedish death metal!? Incroyable, n'est-ce pas? Qui donc joue encore ce type de musique en 2013?!

Ironie à part, oui, encore un groupe d'OSSDM! C'est aussi pour cette raison que je ne m'étais pas précipité pour écouter Revel In Flesh qui doit son nom, doit-on le rappeler, à un vieux morceau d'Entombed/Nihilist. Pas que je n'aime pas le bon vieux DM suédois de Stockholm (contrairement à la version homosexuelle des pétasses de Göteborg) mais il faut avouer qu'on commence un peu à saturer. D'où la nécessité de procéder à un tri sélectif pour éviter l'indigestion, et ne garder que les combos les plus intéressants. Ça tombe bien, Revel In Flesh mérite amplement de passer le cut.

Je ne vais toutefois pas vous mentir. Les Allemands n'inventent rien et ne font aucun effort d'originalité ou même de personnalité. Ça ne dérange pas tant que c'est bien fait. Et il faudrait être bien difficile pour ne pas apprécier le travail des deux compères, qui, s'ils se contentent de reprendre une vieille formule, en ont au moins compris toute l'essence. En résumé, si vous aimez le death metal suédois du début des années 1990, vous allez vous régaler tant Revel In Flesh prend un malin plaisir à singer Entombed et Dismember (davantage ces derniers d'ailleurs). Jusque dans ce son de guitare ultra gras qui sent bon la HM-2 et le Sunlight Studio. Jouissif!

Évidemment, la production ne fait pas tout et le combo d'outre-Rhin l'a bien compris en composant des riffs efficaces et accrocheurs au possible. Sans oublier bien sûr la mélodie, part prépondérante du son made in Sweden, que ce soit dans les tremolos aiguisés ou les leads inspirées. Il n'y a pas à dire, Revel In Flesh fait preuve ici d'un sens du riff et de la mélodie très au-dessus de la moyenne. Des morceaux comme "Dominate The Rotten" (quel titre!), "Manifested Darkness" (et son début à vous glacer le sang!), "Torment In Fire", l'efficace "Warmaster" (vous chanterez le début sous la douche, je vous le parie!) ou encore le titre final "Rotting In The Void" (et ses quelques touches de piano) vous le prouveront sans peine. Autre atout des Teutons, la brutalité. Oui parce que c'est bien beau de savoir riffer et mélodiser, aussi faut-il envoyer la sauce comme il faut. Pas un problème pour Revel In Flesh qui bourre régulièrement à base de tchouka-tchouka accéléré voire de blasts, toutefois pas aussi fréquents et intensifs que les Tchèques de Brutally Deceased (fin de "Dominate The Rotten", début de "Torment In Fire", "The Maggot Colony"...). Sur certains des passages les plus brutaux, les riffs s'assombrissent pour notre plus grand plaisir comme sur "Operation Citadel" à 3'38 et sur "Rotting In The Void" à 2'50. Rayon gros bras, on oubliera pas non plus les growls d'ours de Haubersson qui nous rappellent que les Allemands font rarement dans la dentelle lorsqu'il s'agit de reprendre du Suédois...

...quoique! Si Revel In Flesh penche du côté bourrin, il se laisse parfois aller à quelques séquences plus posées. Et sans vouloir jouer les brutasses, ce ne sont pas les passages les plus intéressants, comme on peut l'entendre sur "Deathmarch", long morceau assez lent et longuet malgré une jolie lead triste. C'est encore plus flagrant sur "Operation Citadel" qui démarre mollement avant d'enchaîner sur du bon mid-tempo headbangant enrichi en lipides puis d'envoyer le bois. On sent bien la différence! Cela dit, même quand les Allemands bourrent, ce n'est pas forcément toujours réussi. "The Maggot Colony", la piste la plus brutale, est aussi une des moins passionnantes. Trop passe-partout. Manifested Darkness subit de toute façon un net coup de mou à mi-parcours avant de se relancer, sans toutefois atteindre l'excellence du début. Sauf sur la reprise finale de "Twisted Mass Of Burnt Decay" d'Autopsy, bel hommage à un groupe qui a lui même influencé une tripotée de Suédois. Vous reprendrez bien un peu de gras?

Si Revel In Flesh avait su garder une qualité constante pendant les trois quarts d'heure du disque, nul doute que Manifested Darkness aurait squatté mon bilan de fin d'année en se posant comme candidat sérieux au titre d'album death metal 2013. Car des morceaux comme "Revel In Flesh", "Dominate The Rotten", "Manifested Darkness" et "Torment In Fire" méritent le détour et n'ont pas à rougir face aux classiques de Dismember et Entombed, les deux grandes influences des Teutons. Entre tremolos aux mélodies sombres accrocheuses typiquement scandinaves et riffs dégoulinants qui tâchent, Revel In Flesh réussit ainsi à se démarquer dans une scène pourtant archi-blindée. Pas en affirmant sa personnalité, pour ça on repassera, mais en faisant preuve d'un talent certain, même si on lui reprochera de s'essouffler un peu vite et de se montrer moins convaincant quand le groupe essaye d'instaurer une ambiance sur des tempos moins frénétiques (ça passe plutôt bien sur "Rotting In The Void" toutefois). Très bonne surprise en tout cas en ce qui me concerne. Si vous n'êtes pas encore gavés d'old-school Swedish death metal, vous savez qu'il vous reste à faire!

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