Thorium - Danmark
Chronique
Thorium Danmark
Parmi les vétérans encore actifs de la vieille scène Death du Danemark on peut facilement citer THORIUM - qui malgré les aléas de personnel, un intérêt déclinant du public et des médias, et des disques assez inégaux continuent de s’accrocher et de promouvoir la bonne parole à travers la planète. Si les premiers cités sont revenus l’an dernier avec un nouvel opus relativement convaincant on attendait la même chose des seconds qui avaient à se faire pardonner après un
« Blasphemy Awakes » assez soporifique sorti il y’a déjà quatre ans, et qui sentait franchement les fonds de tiroir avec un line-up en fin de cycle. Du coup une nouvelle fois les grandes manœuvres ont été effectuées en interne vu que pas moins de trois nouveaux membres ont débarqué et ont amené du sang-frais au sein d’une équipe qui en avait franchement besoin, mais qui ne vont malheureusement pas franchement changer la donne tant l’entité reste calée en deuxième division de par une nouvelle fois un opus qui s’oubliera dès que l’écoute en sera achevée.
Car depuis vingt-cinq ans c’est à chaque le même constat, celui d’un groupe qui s’applique à faire vivre le genre via une musique calibrée et efficace mais auquel il manque toujours quelque chose pour être franchement marquante, et où le bon côtoie le quelconque voire même l’ennuyeux. Et ce cinquième opus va souffrir exactement des mêmes défauts que ses prédécesseurs, qui vont d’ailleurs apparaître au grand jour dès la première compo intitulée « War Is Coming » et qui va donner le ton du reste à venir. Proposant tout un panel rythmique où la fluidité et la variété sont de mise l’ensemble va néanmoins être trop standardisé pour être mémorable, surtout qu’on a la désagréable impression sur les parties lentes que tout y est forcé et balourd malgré la noirceur ambiante et le travail des guitares. Heureusement après ce départ mitigé on va avoir de quoi s’enthousiasmer un peu plus à défaut de mieux, et ce tout d’abord sur le remuant et tout en variations « A Crown To Obscurity » au groove agréable et à la base simple qui donne une furieuse envie de secouer la tête, avant que « Majesty » ne déboule et ne sorte carrément des blasts du chapeau. Cependant ceux-ci vont régulièrement s’effacer et jouer l’alternance avec des plans plus lourds aux accents Doom ponctués d’accélérations efficaces qui font le métier à défaut de faire sauter au plafond, même si tout cela reste bien foutu et que ça défoule comme il faut. Si ce premier tiers s’achève mieux qu’il n’avait débuté le deuxième commence lui-aussi de très bonne façon avec le réussi « Semen Of The Devil » qui mise ici sur un bridage imposant, via une lenteur pachydermique et une obscurité renforcée qui brisent sans problème les cous les plus résistants, montrant que le quintet sait rester efficace quand il lève le pied sans pour autant s’embourber dans la redondance et l’ennui comme il a pu trop souvent le proposer par le passé. On a pu effectivement souvent remarquer que celui-ci avait tendance à user et surtout abuser des plans massifs au détriment d’une véritable accroche, mais ici il prouve qu’il est capable encore de réussir de bonnes choses et cela est rassurant même si ça ne va hélas pas va durer longtemps.
En effet dans la foulée intervient « My Decay » où l’enthousiasme va de suite retomber tant ça va être d’une platitude sans nom du fait d’une écriture qui propose le minimum syndical, et du coup fait tomber tout cela dans une répétition quasi-immédiate qui finit par donner l’envie de zapper vers la plage suivante. Faisant office d’interlude « The Silent Suffering » ne sert franchement à rien et il faut attendre « Defiance » pour voir renaître un certain attrait qui propose une brutalité retrouvée et une rapidité présente constamment, qui fait du bien et montre que c’est dans ce registre que les Danois sont les plus à l’aise. Mais malheureusement ceux-ci vont pondre un passage central tribal et lourd qui ne sert à rien hormis casser la dynamique générale et faire finalement décrocher l’auditoire en cours de route, et l’on aurait préféré qu’ils s’en tiennent à cette relative simplicité. Si jusqu’à présent ils avaient eu la bonne idée de ne pas étirer leurs morceaux de façon démesurée le triptyque de clôture va s’allonger un petit peu plus sans pour autant être rédhibitoire, et ce malgré des longueurs évitables. Car ici l’inspiration est au rendez-vous, que ce soit avec le froid et progressif « Reign The Abyss » à la pression constante, le puissant et rapide « Nine Lives » (qui retrouve une variété bienvenue et de la brutalité insistante) tout comme la reprise de « Into The Gods » des locaux de DOMINUS, qui clôt les débats de façon convaincante en jouant le grand-écart - et ce même si tout cela reste très convenu et sans prise de risques.
Cependant le rendu global de ce cru 2022 est quand même plus convaincant que son famélique prédécesseur qui traînait inutilement en longueur tout en voyant une inspiration être en berne - ce qui n’est ici pas le cas. Bien qu’on ne soit pas en présence de la sortie de l’année la bande remonte un peu la pente sans pour autant espérer mieux, tant c’est beaucoup trop inégal pour être marquant et que ça manque de compositions franchement mémorables qui passeront l’épreuve du temps. Si tout cela s’écoutera vite et relativement facilement il est clair qu’il en faudra plus à ses géniteurs pour qu’ils puissent retrouver le semblant d’intérêt qu’ils avaient en début de carrière, celui-ci s’étant envolé depuis trop longtemps pour qu’on s’en souvienne franchement. A l’heure où la concurrence actuelle est exacerbée que ce soit au sein de leur royaume comme à l’international, il est évident que les vieux briscards de Copenhague auront du mal à gagner de nouveaux fans et à conserver leurs historiques avec ce nouvel enregistrement qui passera trop inaperçu pour mériter mieux que son éternel statut d’éternel second couteau qui lui colle à la peau, et dont il a du mal à se défaire efficacement.
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