Smothered - The Inevitable End
Chronique
Smothered The Inevitable End
La Suède est un pays décidément bien fier de son héritage. Nombreux sont en effet les groupes qui depuis la moitié des années 90 vivent sur les fondations de ce qu'ont réussi à bâtir quelques jeunes chevelus insouciants mais alors particulièrement inspirés. Je ne vais pas vous refaire un cours d'Histoire mais si je vous dis ça aujourd'hui c'est bien entendu parce que rien n'a vraiment changé et que la scène Death Metal scandinave continue de se nourrir avidement de choses qui ont été faites il y a maintenant plus de vingt ans. Un éternel recommencement, sans l'excitation des débuts, quoi que...
Toujours est-il que sur le papier, Smothered n'est finalement rien de plus qu'un énième groupe de Death Metal supplémentaire aux textes (encore) inspirés par Lovecraft avec pour seule ambition de ressembler le plus possible à l'un des quatre du big four suédois. À ce stade, vous devez certainement être en train de vous dire que tout ceci est plutôt mal engagé et qu'il vaudrait mieux arrêter votre lecture ici. Toutefois, n'allez pas trop vite en besogne...
Formé à Stockholm en 2009, Smothered accouche trois ans plus tard d'une première démo qui, très vite, suscitera l'intérêt du label Soulseller qui proposera alors aux quatre suédois de sortir leur premier album. Paru il y tout juste quelques semaines, The Inevitable End reprend ainsi le chemin de ses aînés et notamment l'un des plus fameux et aujourd'hui disparu, les regrettés Dismember.
Par où commencer? La production "over the top" et exagérément calquée sur celle des Sunlight studios (l'album a été enregistré au Necromorbus studio)? Le riffing en mode bûcheron de l'apocalypse? Le growl gras et profond de Stoffe Eriksson? Le petit côté mélodique totalement assumé? Bref, tout, absolument tout, rappelle ici le meilleur de Dismember. Un hommage en forme de plagiat que Smothered semble pourtant assumer les doigts dans le nez avec l'air totalement décontracté. Alors ouais, c'est bien cool tout ça sauf qu'avec une telle formule le groupe risque de se fermer quelques portes, notamment celles des auditeurs les plus sélectifs qui savent depuis déjà plusieurs années se contenter des quelques albums d'Entombed, Dismember, Unleashed et Grave lorsqu'ils leur faut leur dose de Swedeath. Car en effet, pour l'originalité et la personnalité, on repassera...
Mais si ce point ne constitue pas pour vous un obstacle majeur, alors vous devriez pouvoir passer un excellent moment à l'écoute de The Inevitable End qui, dans le genre Dismember worship est probablement ce qui se fait de mieux aujourd'hui (les Tchèques de Brutally Deceased ne sont pas bien loin non plus). Alors que l'on pourrait s'interroger au sujet de cette production particulièrement musclée qui, finalement, pourrait servir de leurre pour compenser une certaine pauvreté dans les riffs, et bien sachez qu'il n'en est rien. À ce petit jeu là, Smothered s'en sort plutôt bien et on se surprend même très vite à taper du pied et à headbanger copieusement face à une tripotée de riffs gras et finalement plutôt inspirés ("Dead But Dreaming", "Sovereign", "Re-Animated", "The Crawling Chaos", "Green River Anthem"...) pour un groupe en mode copie-carbone. Même constat au sujet des quelques leads et autres solos qui savent également se montrer convaincants, offrant au passage une légère couche de mélodie bienvenue à ce Swedeath tout en calories. À la manière d'un Bloodbath à qui Smothered ressemble également beaucoup, les Suédois font preuve d'un sens de l'efficacité des plus redoutables, ne levant que très rarement le pied, enchaînants les riffs hyper proteinés auxquels vient s'ajouter une section rythmique qui cogne lorsqu'il faut cogner (le plus souvent donc) mais qui n'en oublie pas pour autant la notion de groove. Un groove présent du début à la fin et qui rend The Inevitable End plutôt accrocheur et cela, dès les premières mesures. Alors oui, j'aurai pu rentrer davantage dans les détails mais quel intérêt? La musique de Smothered est cousue de fil blanc depuis les premières secondes de "The Ritual".
Finalement, arrivé à la conclusion de ce premier album, le seul défaut qui vient évidemment à l'esprit est le manque de personnalité évident de Smothered. Une identité des plus minces, faisant des Suédois un clone à l'intérêt plutôt limité puisque destiné aux seuls amateurs de Swedeath. Ce défaut, plus ou moins gênant en fonction de chacun, est finalement contrebalancé par la force brute d'un premier album où l'efficacité de l'instant prime sur tout le reste. De fait, The Inevitable End ne fera jamais date dans l'histoire du Death Metal mais peu importe car le plaisir, aussi éphémère soit-il, est bien au rendez-vous.
| AxGxB 24 Janvier 2014 - 5811 lectures |
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