C’est un fait qu’on ne peut pas nier mais le Danemark a depuis pas mal d’années du mal à se renouveler et à retrouver une scène extrême de qualité, alors qu’à la fin du siècle dernier le royaume avait vu naître des formations de Death-Metal parmi les plus ambitieuses et intéressantes de son temps. Depuis les choses ont hélas bien changé et les porte-drapeaux de cette époque ont soit disparus (INIQUITY, EXMORTEM) ou ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes (PANZERCHRIST). Pourtant alors qu’on n’avait plus de nouvelles de sa part depuis longtemps, et qu’on croyait le projet du chanteur Michael Hvolgaard Andersen définitivement mort et enterré, THORIUM sort d’un silence discographique entamé il y’a dix ans et c’est déjà une bonne nouvelle en soit. Car depuis ses débuts en 1997 le combo de Copenhague n’a que rarement déçu, montrant une productivité à toutes épreuves avec trois albums en huit ans (le réussi
« Ocean Of Blasphemy », et les excellents « Unleashing The Demons » et « Feral Creation »), avant que la machine ne se grippe et voit ses membres partir les uns après les autres. Pourtant son frontman n’a jamais officiellement arrêté et afin de continuer ses activités a reformé autour de lui (et de son ancien bassiste Kaspar Boye Larsen, actuellement dans VOLBEAT) une armée de vétérans de la scène underground où l’on trouve notamment les guitaristes Kræn Meier (ex INIQUITY) et Jens Peter Storm-Ringström, ainsi que le batteur multicartes Perra Karlsson (IN AETERNUM, DESTRÖYER 666). Sur le papier tout ceci a de l’allure, cependant il faut voir si la sauce prend car un tel changement de personnel conjugué à une longue inactivité n’est jamais sans risques, et malgré tous les efforts de chacun des membres actuels ce nouvel opus n’arrive pas au niveau de ces prédécesseurs. Du coup on ne peut que regretter l’absence à la guitare des historiques Morten Ryberg et surtout de son compère Allan Tvedebrink, dont le sens du jeu et feeling commun à tous les deux vont se faire cruellement sentir pendant la majorité des quarante minutes à venir.
Pourtant cela avait bien commencé avec le redoutable et varié « Penance » qui montrait toute la panoplie de jeu du combo, où vitesse élevée, blasts et parties remuantes étaient de la partie, et permettaient ainsi de retrouver la puissance et l’énergie des précédents disques. Malheureusement cela va se révéler être un coup d’épée dans l’eau tant la suite va plonger l’auditeur lentement mais sûrement dans un abîme d’ennui et un demi-sommeil, dont il mettra du temps à se réveiller. En effet on s’aperçoit bien trop rapidement du manque d’inspiration des riffs qui se répètent à l’envie mais qui n’ont pas l’accroche nécessaire pour captiver sur la durée, cela est le cas avec « Depravity » et « Maniac », qui font preuve également d’une prévisibilité totale et d’une linéarité continue. Le summum étant atteint le chiantissime « Slow Deep And Dead » qui reste désespérément coincé sur un tempo lent, où l’ambiance froide prime sur l’énergie, et malgré une durée d’à peine quatre minutes on a l’impression que le morceau en dure nettement plus tant tout y est plat et sans inspiration. Après ce ratage il n’est pas étonnant de piquer du nez quelques instants, et ça n’est pas « Trust No One » qui va changer la donne, malgré que ça soit quand même (et heureusement) meilleur qu’auparavant, mais simplement là-encore tout y est vite ennuyeux et on sait presque d’avance où vont tomber les variations et les breaks.
Cependant alors qu’on finissait par croire que tout espoir s’était envolé, voici que les gars se décident de nouveau à lâcher les chevaux, et comme lors de son démarrage revoilà que cette galette est de nouveau intéressante, car le morceau-titre revient aux fondamentaux et balance sa brutalité et sa sauvagerie comme on l’a trop peu entendu jusque-là. Sans concessions et redoutable on retrouve ici un délicieux côté rétro qu’on aurait apprécié entendre plus fréquemment, mais que l’on retrouvera à la fin avec les entraînants et variés « Tengil » et « Under The Black Skies » vraiment agréables et qui font regretter que les gars ne se soient bougé le cul qu’en dilettante. Car avant d’arriver à cette doublette de conclusion qui fait bien mal, il a fallu encore s’enfiler le moyen « Whispers From The Grave » qui met beaucoup trop de temps à se mettre en route, et aussi subir la reprise de « Dead Soul » des finlandais de DEMIGOD (figurant initialement sur l’album « Slumber Of Sullen Eyes » en 1992) qui semble avoir été répétée et enregistrée dans la foulée. Enfin il y’a beaucoup à dire sur le désolant « Reign Of Osman » qui trouve le moyen de plomber encore plus un rythme global déjà très mollasson, car là-aussi tout reste basé sur un tempo très lent qui ne bouge pas il propose surtout une monotonie qui confine entre l’énervement et le foutage de gueule, tant on se demande ce que cette compo vient foutre ici, hormis casser encore plus un semblant de dynamisme qui essayer pourtant d’inverser la spirale négative.
Difficile du coup de s’enthousiasmer pour ce retour encore plus raté que celui d’AT THE GATES il y’a quelques années, malgré quelques très bons passages qui montrent que quand ils s’en donnent vraiment la peine les scandinaves en ont sous la semelle. Cependant ces derniers ne se sont quand même pas foulés, donnant la désagréable impression d’avoir tout fait à l’arrache sans chercher trop loin l’inspiration (ce qui représente à peine quatre bons titres en tout). Ceci créé donc un déséquilibre flagrant entre les moments réussis (trop rares) où ça tabasse comme il faut de manière efficace, et ceux (au contraire trop fréquents) où ça joue à un train de sénateur, tout en se contentant de recycler les mêmes idées éculées en boucle, alors que ça tourne rarement au-delà de quatre minutes. Bref ça n’était pas la peine de faire espérer les fans si longtemps pour ça, et confirme une fois de plus que les retours après une longue absence ne sont pas souvent des plus réussis, et qu’une superposition de grands noms ne donne pas forcément une osmose totale. A l’image de sa pochette moche et bâclée (signée pourtant Roberto Toderico), l’ensemble s’oubliera rapidement et on préfèrera retourner sur les anciennes sorties du quintet, qui confirme une fois encore la perte d’attractivité d’une scène danoise qui n’arrive plus à retrouver son lustre d’antan et dont on peut craindre sérieusement pour son avenir proche, tant la nouvelle génération (hormis les redoutables TAPHOS) a du mal à émerger et à faire parler d’elle.
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