Les premiers albums d’Obituary ont beau être des références du death metal et avoir été des albums de chevet dans mon adolescence, il faut avouer que depuis l’excellent (oui oui) « Back From The Dead » le groupe s’est embourbé dans son propre style, multipliant les sorties sans grand intérêt, frôlant même l’électroencéphalogramme plat sur un
« Darkest Day » dont Minus et Cortex avaient bien mesuré le potentiel débilitant.
C’est donc avec un détachement certain limite
je-m-en-branle-total que j’accueillis la nouvelle d’un successeur à l’album le plus dispensable de la discographie des Floridiens. Et je ne parle même pas de l’épisode crowdfunding pour financer un album qui finira par sortir chez Relapse… Pourtant à ma grande surprise, les deux ou trois extraits ayant filtré avant la sortie semblaient augurer d’un léger mieux. En bon félin ébouillanté j’attendais donc de juger sur pièce.
J’avoue volontiers avoir été agréablement surpris par un album qui renoue avec quelques qualités des anciennes sorties du combo à l’image d’un opening track qui ne s’embarrasse pas en fioritures pour deux minutes qui n’auraient fait tache sur aucun des albums précédents. Le groupe aurait-il retrouvé sa superbe ? N’exagérons rien mais force est de constater qu’il y a du mieux. Serait-ce l’arrivée de Kenny Andrews dont les leads font le plus grand bien aux compos (« Violent By Nature », « Back On Top », « Violence », « Deny You », « Out Of Blood ») qui aurait apporté un nouveau souffle à un groupe moribond ? Ce serait peut-être un peu excessif mais reconnaissons que ses interventions solistes – à défaut d’avoir réellement apporté une touche personnelle au riffing immuable du groupe – frappent plutôt juste (contrairement à celles d’un Santolla en décalage total avec le style du groupe). En parallèle d’une approche plus frontale (« Centuries Of Lies », « Violence », « Minds Of The World » ) Obituary renoue également ici avec leur facette plus groovy tant décriée par certains à la sortie de l’excellent (oui oui) « Back From The Dead ». Nombre de titres arboreront ici en effet un groove salvateur (« Visions In My Head », « Back On Top », « Minds Of The World » ) qui, savamment dosé, participera à éviter l’effet de lassitude rédhibitoire sur les dernières productions des Américains.
Bien évidemment tout n’est pas si rose et même s’il y a indubitablement du mieux, « Inked In Blood » est loin d’être exempt de défauts. Une prod de batterie un peu trop sèche, passons. Surtout Obituary n’évite pas l’écueil de compositions pataudes sans grand intérêt venant ralentir fâcheusement la dynamique d’ensemble tel « Pain Inside », « Inked In Blood », « Within A Dying Breed » ou encore une « Deny You » dont le riffing principal indigent n’aurait même pas sa place sur une première démo d’adolescents ayant débuté la musique quinze jours plus tôt. Le milieu d’album s’en ressent donc fortement et l’on se serait largement accommodé d’une coupe franche des titres sept à neuf, ce qui n’aurait pas été un luxe l’album frôlant les cinquante minutes (ce qui est bien trop vu le style pratiqué). Mais le principal questionnement soulevé après la parution des quelques extraits concernait la performance vocale de Môssieur John Tardy himself, éructeur émérite depuis un quart de siècle chez les nécrologiques. Le timbre de voix semblait en effet quelque peu éraillé et moins puissant. Honnêtement il n’y a à mon humble avis pas de quoi crier au loup car si l’intensité est peut-être un peu moindre, on s'y fait très rapidement et le chant du frontman reste malgré tout fidèle à lui-même (lui qui a été tant de fois singé !).
Finalement « Inked In Blood » et sa mignonne pochette s’avère être plutôt une agréable surprise, surtout venant d’un groupe qui avait depuis bien longtemps creusé sa propre tombe. Alors Obituary, back from the dead ? Peut-être bien. Certes le riffing est toujours aussi basique (d’aucuns diraient pauvre) mais c’est une marque de fabrique du groupe. Certes ce nouvel opus ne propose pas une once de nouveauté mais qui en aurait douté ? Certes l’album ne fera pas le poids face à un
« Slowly We Rot » ou
« World Demise » mais qu’importe vu d’où l’on partait dernièrement. Il reste probablement le plus difficile pour le groupe maintenant : confirmer ce qu’on pourrait appeler – toutes proportions non gardées – une renaissance.
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