Projet fondé en 2016 par Aesop Dekker suite à la défection d’Agalloch, l’avenir d’Extremity semble malheureusement déjà compromis à l’heure qu’il est. En effet, outre ce statut "unknown" qui figure sur la page Metal Archives des Californiens, c’est la page Facebook du groupe qui a complètement disparu. Sans vouloir être alarmiste, ce genre de choses est en règle générale plutôt mauvais signe. Mais en attendant que la situation du groupe soit rendue officielle, revenons tout de même sur ce premier album sorti l’été dernier sur le label 20 Buck Spin. Oui, encore eux…
Intitulé
Coffin Birth, ce dernier fait suite à un EP paru courant 2017 sur lequel je m’étais montré relativement enthousiaste. Mais cette fois-ci, plutôt que de reprendre une peinture du 18 ou 19ème siècle, Extremity s’en est allé quérir les talents d’un illustrateur de notre époque, un certain Andrei Bouzikov bien connu des amateurs de Thrash/Crossover puisqu’il a déjà réalisé certains artworks pour Municipal Waste, Condition Critical, Toxic Holocaust, Dust Bolt ou bien encore Perversifier. Côté production, les Américains ont choisi de se reposer sur l’adage « on ne change pas une équipe qui gagne », confiant ainsi une fois de plus cette tâche à Greg Wilkinson du groupe Brainoil (Ear Hammer Studios).
Alors on va couper court à tout suspens inutile puisque ce premier album s’inscrit sans grande surprise dans la droite lignée de ce qu’Extremity a déjà produit par le passé avec le sympathique
Extremely Fucking Dead. L’influence d’Autopsy, aussi subtile soit-elle, persiste encore bien évidemment tout au long de ces quarante minutes marquées à juste titre par une production aussi rugueuse et abrasive que celle de ses ainés d’Oakland. Toutefois, ce n’est pas la seule influence que l’on perçoit en filigrane à l’écoute de ce Death Metal à l’ancienne qui touche également de loin à Bolt Thrower lors de séquences rythmiquement assez proches de ce qu’on put produire les Anglais en leurs temps. Quoi qu’il en soit, la formule reste absolument la même en dépit de quelques petites libertés ponctuant ainsi ces quarante minutes (je pense notamment à ces brèves séquences acoustiques sur "Coffin Birth / A Million Witches" à 2:31, "For Want A Nail" à 2:34 et sur le début de "Misbegotten / Coffin Death" ou bien encore à la présence du Finlandais Antti Boman (Demilich) déblatérant quelques lignes de chant tout en profondeur sur l’introduction de "For Want Of A Nail").
Classique dans le fond comme dans la forme,
Coffin Birth réussi néanmoins à tirer son épingle du jeu grâce à deux facteurs importants :
- La qualité de ses riffs et de ses solos et les atmosphères qui s’en dégagent.
- Une cadence soutenue et des changements de rythmes variés tout au long de ces quarante minutes.
Peut-être qu’effectivement, tout cela n’a rien de bien original sur le papier mais une fois le disque lancé on se rend vite compte que c’est le genre de détail qui fait bien souvent toute la différence. Du coup, quelques minutes passé à écouter ce premier album suffisent pour se dire que l’on tient là entre les mains un disque hyper efficace, mené avec brio par des musiciens toujours particulièrement inspirés. En ce qui me concerne, difficile de ne pas succomber aux nombreux assauts dispensés par la section rythmique. Ces accélérations jouissives qu’elles soient à base de blasts ou de tchouka-tchouka (le début de "Coffin Birth / A Million Witches" passé cette ritournelle de fête foraine, "Grave Mistake" à 0:43, "Umbilicus" à 1:25, "For Want Of A Nail" à 1:20, "Occision", "Misbegotten / Coffin Death" à 2:18), ces ralentissements plus pesants aux atmosphères mortifères (le début de "Grave Mistake", "Umbilicus" à 2:26), ces riffs nerveux et extrêmement abrasifs... Difficile également de ne pas s’enthousiasmer face à ces atmosphères sombres et sinistres qui se dégagent de ces compositions à travers les riffs, bien évidemment mais aussi à travers ces quelques leads et autres solos toujours particulièrement bien fichus qui ponctuent l’intégralité de ce premier et vraisemblablement unique album ("Coffin Birth / A Million Witches" à 1:57, "Where Evil Dwells" à 1:49, "Grave Mistake" à 0:20 et 2:37, "For Want Of A Nail" à 2:55, "Like Father Like Son" à 1:13).
Si l’avenir d’Extremity semble donc particulièrement incertain aujourd’hui (le groupe a complètement disparu des radars sans aucune communication de leur part ou de leur label), ce premier album figure néanmoins dans la liste des très bonnes sorties Death Metal de l’année dernière. Bien sûr, les Californiens n’ont rien de bien nouveau à proposer mais son line-up de choix lui offre en tout cas l’opportunité de proposer des compositions de grande qualité qui, finalement, ne souffrent d’aucun véritable défaut si ce n’est effectivement un manque d’originalité. Mais si vous en êtes encore à attendre d’un album de Death Metal qu’il bouscule les codes et les frontières en vigueur dans le milieu depuis maintenant plus de trente ans, c’est qu’une fois encore vous vous êtes trompés d’endroit.
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