Ravenous Death - Visions From the Netherworld
Chronique
Ravenous Death Visions From the Netherworld
Révélé il y’a pile trois ans avec le très réussi
« Chapters Of An Evil Transition » le quatuor de Guadalajara est enfin de retour avec un successeur attendu, histoire de démontrer si les bonnes choses entendues précédemment allaient ici se répéter et de fait confirmer ou non la qualité indéniable de la musique du combo. S’il a pris le temps pour mettre en boîte ce deuxième album pour le reste rien n’a changé que ce soit au niveau du line-up comme du style, qui reste toujours bien calé dans les années 80 et sent bon le climat floridien aux accents très Morrisound. Du coup il n’est pas étonnant que la production soit du même acabit, celle-ci étant granuleuse et portée par une batterie au son très sec et naturel mis relativement en avant mais qui ne bouffe pas trop l’espace disponible, et ce même quand la vitesse se fait très élevée ce qui est le cas la majorité du temps. En effet les mecs ne sont toujours pas là pour rigoler et ils vont mettre une énergie démesurée dans leurs morceaux, afin d’annihiler toute forme de résistance et de montrer aux auditeurs que leur musique est aussi violente que la vie quotidienne au sein de leur pays.
Il suffit effectivement d’écouter les premières notes du furibard « Trails Of Horror (Intro) » pour s’en apercevoir, vu qu’ici on est dans la brutalité exacerbée avec un batteur littéralement infatigable tant il joue vite et fort et sans jamais montrer de signes de faiblesse. Misant ici principalement sur la rapidité et les blasts le rendu y est immédiatement accrocheur, aidé en cela par une voix gutturale particulièrement profonde et où les rares ralentissements rythmiques permettent de densifier l’ensemble de façon cohérente. Amenant de la noirceur quand elle lève le pied la formation va régulièrement proposer des passages plus lents qui alourdissent le tout en y rajoutant un côté suffocant qui prend immédiatement à la gorge, notamment via les solos réguliers et aguicheurs qui sont placés sous le signe d’une certaine mélodie. Après ce début en fanfare ce schéma général va continuer de la même façon sur le tout aussi réussi « Caverns Of Freezing Torture » à l’alternance plus fréquente et au dynamisme constant, où l’on est pris d’une furieuse envie de secouer la tête sur les parties mid-tempo accrocheuses et rentre-dedans et où ça continue de tabasser sur la longueur sans jamais y mettre le frein (une construction globale que l’on retrouvera de façon quasi-semblable sur le tout aussi bon « Kingdom Of Æternal Flames »). Néanmoins afin de ne pas être trop vite répétitive l’entité va offrir des moments peu entendus jusque-là, et notamment des relents Doom assumés sur « Plethora Of Blood » qui trouvent parfaitement leur place au milieu des explosions diverses, ajoutant une couche d’obscurité supplémentaire qui offre un rendu presque impénétrable… à l’instar de « Gore Vault Dismemberment » oppressant et tentaculaire et dont le bridage est bien calé entre deux rasades de déferlantes surhumaines.
Cependant après cette première moitié excitante en tout point où aucune faute de goût n’a eu lieu le disque va progressivement tomber dans une certaine redondance, du fait d’une certaine répétition et prévisibilité des différents plans et breaks - tout comme de longueurs évitables. Car tournant pour la plupart aux alentours des cinq à six minutes les différentes plages ont tendance à s’étirer inutilement et à créer un sentiment d’interchangeabilité et linéarité, allant même jusqu’au décrochage au fur et à mesure que l’on avance vers la fin de cet opus, qui dure quand même plus d’une heure et aurait gagné en étant plus condensé et ramassé. Au lieu de cela sa deuxième partie bien qu’étant agréable va être néanmoins par instants plus laborieuse et tournant clairement en pilotage-automatique, comme cela va s’entendre sur le pourtant agréable « Hydra Dungeon » (où l’on retrouve quelques accents Thrash forts sympathiques), mais qui malgré ses nombreuses variations donne le sentiment de ne jamais vouloir se terminer. Et quand ça n’est pas cela qui est en cause c’est l’écriture qui se montre moins inspirée donnant une impression désagréable de recyclage permanent, comme c’est le cas sur le plus primitif et furieux « Path Of The Spawn Dogs » incisif comme jamais mais qui montre trop rapidement ses limites et sa prévisibilité. Et malheureusement ce coup de mou va se prolonger dans la foulée que ce soit via le virulent « Burnt Children Of Moloch » (qui malgré son grand-écart des tempos est là-encore une redite de ce qu’on a entendu précédemment) ou encore « Portals To Nonexistence » à la grande diversité mais qui souffre des mêmes points négatifs. Néanmoins au milieu de tout cela on retrouve le sourire avec l’excellentissime « Serpents Of Wretchedness » qui pue les vieux cimetières et l’humidité (on se croirait presque présents lors d’une exhumation), de par sa longue introduction rampante et inquiétante qui lorgne facilement vers AUTOPSY, avant de totalement se lâcher en jouant les montagnes russes et d’obtenir un résultat cohérent addictif à souhait. Et afin de clôturer dignement tout cela c’est l’occulte « The Ascending Chasm » qui montrer une facette différente de celle entendue jusque-là mais pas moins intéressante, où ici la vitesse se fait plus discrète au profit d’une froideur accentuée et de moments gelés à la rythmique fortement ralentie, offrant une vision musicale qui ne fait pas tâche avec le reste et qu’on aurait souhaité entendre plus longtemps.
Alors oui tout cela reste standardisé et n’est pas parfait mais il serait néanmoins dommage de ne pas s’intéresser à ce contenu à l’esprit 100 % old-school, qui ne réinvente pas la roue mais défoule parfaitement. Reprenant les mêmes bases que leur précédente sortie avec en prime un vrai feeling les Mexicains devront néanmoins la prochaine fois condenser leur fougue au risque d’y perdre en attractivité… c’est d’ailleurs cela qui nuit au résultat général avec cette baisse de régime dommageable. En effet cela impacte autant ses créateurs qui restent ainsi confinés dans l’underground (alors qu’ils ont les moyens de grimper dans la hiérarchie), que les fans qui écouteront cela d’une oreille distraite avant de vite l’oublier et de passer rapidement à autre chose. Du coup on espère que toutes ces petites erreurs de parcours seront corrigées dans le futur tant les latinos savent se montrer à la fois redoutables et très professionnels, tout en n’ayant rien à envier aux ténors du Death de Floride comme aux collaborations de Scott Burns, et qu’il serait dommage pour eux que tout cela n’explose pas au grand-jour.
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