Vastum - Orificial Purge
Chronique
Vastum Orificial Purge
Il aura mis du temps à voir le jour ce successeur à l’excellent
« Hole Below », car quasiment quatre années se sont écoulés depuis cette réussite qui a permis à ses géniteurs de passer un cap en termes de notoriété. Jamais en effet le quintet ne nous avait habitué à une si longue attente depuis le début de sa carrière commencée il y’a déjà une décennie, ceci étant notamment dû au fait que chacun de ses membres a été particulièrement actif dans ces formations annexes (NECROT, EXTREMITY, ACEPHALIX, ULTHAR), qui ont chacune publié un album durant cette période. Après ces projets éloignés les uns des autres tout ce beau monde a décidé de revenir travailler ensemble (y compris l’ancien batteur Chad Gailey de retour au bercail) afin d’enregistrer ce quatrième opus, qui est probablement le plus attendu de toute leur histoire commune. Cependant cette pression n’a eu aucun impact au niveau de l’écriture tant cette nouvelle livraison reprend avec qualité les éléments des précédentes, afin de rester dans un chemin connu et balisé où la prise de risque est absente. Mais malgré ce non-renouvellement musical la bande fait mouche une fois encore, tant son Death putride et bridé se révèle être toujours aussi redoutable d’efficacité, d’ailleurs cela va sauter aux oreilles dès les premières secondes de « Dispossessed In Rapture (First Wound) », qui ouvre les hostilités de la meilleure des façons.
D’entrée les américains vont nous balancer un titre imparable qui va trouver rapidement sa place en concert, car ici ils nous mélangent toute leur palette technique où les riffs humides et angoissants se mêlent à une vitesse qui joue le grand-écart entre lourdeur totale d’un côté et accélérations en règle de l’autre. Ici le classicisme est comme prévu de rigueur tant il reprend une construction typique déjà présente sur les trois autres longs-formats, en enchainant les rythmes et les breaks avec une fluidité totale, tout cela étant porté par un solo qui rajoute à la noirceur ambiante et permet ainsi de trouver le juste équilibre au niveau des tempos. Cela sera également le cas sur le tout aussi excellent « Abscess Inside Us » où diversité et variété sont mises à l’honneur, mais sont aussi renforcées via un riffing rampant à souhait où l’on ne peut s’empêcher de secouer la nuque. Misant sur une base plus rudimentaire et prévisible l’accroche est toujours immédiate et confirme les bonnes dispositions entrevues jusque-là, même quand l’ensemble lève le pied histoire de créer un sentiment mortifère qui ne va plus quitter l’auditeur jusqu’à la conclusion de cette galette. En effet « I On The Knife (Second Wound) » va adopter une ambiance quasi-doomesque, tant la rythmique va être ralentie et alourdie presque à son maximum. Mais afin de ne pas tomber dans la redondance et répétition l’entité n’a pas hésité à y ajouter quelques courts passages explosifs lancés à fond la caisse, afin de densifier son propos et mieux surprendre son auditoire qui n’attendait pas forcément à cela, à l’instar du ressemblant et tout aussi prenant « Reveries In Autophagia ». Copie quasi-conforme de la plage précédente elle contient néanmoins quelques différences liées principalement à l’apparition de rares blasts et des roulements de toms du batteur, qui n’hésite d’ailleurs pas à les sortir régulièrement ici (comme sur le reste du disque d’ailleurs).
Ce dernier amène de par son jeu, breaks et cassures un supplément d’âme à la musique, mais aussi grâce son style moins monolithique que ceux qui l’ont précédé à ce même poste. Preuve en est avec le redoutable « His Sapphic Longing » (dont l’introduction aux claviers inspirée par les vieux films d’horreur des années 50 et 60 est totalement raccord), qui démarre par le bruit des cymbales et des riffs massifs qui s’entendent dans le loin, avant qu’ils ne montent progressivement en volume pour créer une ambiance occulte poussée à son maximum (et ponctuée de variations nombreuses où le headbanging est de rigueur).
Avec cette conclusion implacable VASTUM continue sur sa lancée en offrant une réalisation soignée et sans faute de goût majeure (hormis peut-être le planplan « Orificial Purge » plus passe-partout et linéaire). Avec en prime des changements rythmiques plus fréquents et des leads toujours aussi incisifs et foutraques (le tout avec la voix de Daniel Butler impeccable de bout en bout), les californiens n’ont rien perdu de leur force de frappe malgré le temps qui passe et la dispersion temporaire de chacun de ses éléments. Sans marquer 2019 de son empreinte ce nouveau chapitre ravira les fans de la première heure (comme les plus récents) qui se retrouveront en terrain connu, sans qu’ils aient la sensation d’avoir entendu la même chose qu’auparavant. On trouve en effet tout ce qu’il faut pour passer un excellent moment où l’on s’apercevra que ces trente-six minutes musicales de haut vol sont pleines de subtilités (et bien moins primitives que de prime abord). On n’hésitera pas d’ailleurs à se les remettre régulièrement dans la platine pour apprécier la précision de chaque instrument, mais aussi pour se faire happer dans un voyage où la saleté est reine et l’humidité totale, mais qui paradoxalement file un sourire jusqu’aux oreilles.
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