Vastum - Hole Below
Chronique
Vastum Hole Below
Est-ce que l'adage « Jamais deux sans trois » allait être de mise pour vous présenter Vastum ? Cette question certes basique mais inéluctable s'impose rapidement tant les deux premiers albums de la formation américaine – à savoir Carnal Law (2011) et Pratical Lust (2013) – me sont passés au-dessus lors de leur sortie. Pourtant tous les ingrédients semblent réunis pour me plaire avec un death caverneux bien old school aux nombreux passages mid et low tempo, des musicien(ne)s aguerri(e)s comptant des membres de Acephalix ou encore la talentueuse Leila Abdul-Rauf (projet solo portant son nom, Hammers of Misfortune, ex-Amber Asylum) et des visuels aguicheurs. Mais après de nombreuses tentatives et en dépit d'un second essai présentant de nettes améliorations, un constat s'impose : rien à faire, ça ne passe toujours pas ! Cependant le travail de Daniel Butler – également vocaliste au sein de Vastum – fait une nouvelle fois son œuvre, m’accrochant direct les rétines. Alliant glauque et sobriété, le côté dessiné de l'artwork a effectivement de quoi séduire avec ce contraste rouge/noir et sa croix lorraine – symbole davantage utilisé par les groupes étrangers –, déjà présente sur le visuel alternatif de Practical Lust. Il ne restait plus qu'à faire tourner la galette afin de voir si la magie allait enfin opérer.
Reprenant là où le précédent album s'était arrêté, Hole Below ne vous offre donc pas un aller simple pour les bras de Morphée, comme cela était le cas avec Carnal Law. Non, le groupe continue de donner du relief à ses compostions pour un rendu beaucoup plus rythmé et prenant, sans pour autant perdre son essence. Car les parties lourdes et écrasantes chères aux Américains tiennent toujours le premier rôle. Et à l’image de la pochette, Vastum ouvre un peu plus grand ses entrailles viciées, laissant exhaler une forte odeur de mort. Les ambiances sont davantage rampantes et caverneuses à la Asphyx (cf. Embrace the Death) ou encore la scène death metal finlandaise des 90's mais avec un aspect glauque très prononcé, notamment sur des morceaux tels que « Sodomistic Malevolence » ou encore « Hole Below (A Dream of Ritual Abuse) ». Outre le rapprochement facile fait à des films comme « Massacre à la tronçonneuse », cet album vous hante littéralement, faisant ressortir vos pensées les plus impures ainsi que tous vos fantasmes inavoués. La formation orchestre à la perfection ce bal macabre que ce soit par l'ouverture épurée et menaçante, accompagnée de spoken-word désabusé, de l'excellent titre introductif mais également la conclusion clinique de « Empty Breast » – faisant résonance avec le premier cité. De même le chant clair totalement halluciné de Daniel Butler (« Intusions » étant le plus bel exemple), aux tonalités variées, renforcent le côté cauchemardesque et malsain de l'ensemble.
Cet élément confère une touche d'originalité – ainsi qu'un peu de modernité – à Hole Below, allant de pair avec le duo vocal Leila Abdul-Rauf/Daniel Butler, atteignant son apogée. Les lignes de chant ont d'ailleurs toujours été l'un des gros points forts du groupe mais gagnent davantage en impact sur cet album grâce à une prise de risque plus conséquente avec l'alternance susurrations, chœurs et growl tantôt graves tantôt aigus. Ces nombreuses variations sont en adéquation avec une section rythmique plus accrocheuse qu'auparavant, donnant plus de corps aux compositions. Car les cassures sont légions ici avec des accélérations sorties de nulle part (« Empty Breast ») ou encore des riffs heavy (« Sodomitic Malevolence ») ultra efficaces ponctuant l’œuvre. Pas le temps de s'ennuyer ! Les titres défilent à vive allure et même le gloomy « In Sickness And In Death » vous donne envie de dodeliner mollement de la tête mais aussi de danser tel un zombi (cf. Dead et ses comparses dans le clip vidéo de Candlemass « Bewitched »), suivant les incantations de Daniel Butler. En effet, en dépit de ces légères excentricités, vous replongez malgré vous dans le passé. Il faut dire que le propos y est sacrement ancré entre les paroles ténébreuses, le côté tant cradingue que carnassier, les basses bien grassouillettes, la reverb' – ainsi que d'autres effets – et la production raw as fuck !
Plus qu'un fond sonore horrifique, Hole Below se place comme un véritable hommage à la scène Death Metal de la fin des années 80/début 90. Un album sans prétention donc, mais exécuté avec brio par des musicien(n)es passionné(e)s qui arrivent enfin à proposer une mouture prenante de bout en bout. Vous vous surprendrez à ne pas piquer du nez durant les nombreux passages low et mid tempo et prendre un plaisir aussi coupable que masochiste à l'écoute de cet album.
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