Skeletal Remains - Fragments Of The Ageless
Chronique
Skeletal Remains Fragments Of The Ageless
Si d’habitude Chris Monroy était plutôt du genre rapide pour sortir un nouvel album il a cette fois-ci pris un peu plus son temps pour ce « Fragments Of The Ageless » qui arrive trois ans et demi après le réussi
« The Entombment Of Chaos », mais qui donnait néanmoins le sentiment d’être parfois franchement en roue-libre. Même si là-encore la musique et la dextérité du quatuor faisaient mouche on avait quand même l’impression qu’il se contentait surtout de reprendre ce qu’il savait faire de mieux, sans forcément y mettre tout la férocité et puissance nécessaires. Du coup il était de bon ton pour son leader de prendre du repos et du recul pour laisser l’inspiration revenir de façon plus imposante, surtout qu’en plus celui-ci a vu l’arrivée à ses côtés des expérimentés Brian Rush à la basse (ex-MOUNTAIN GRAVE, LUCTUM) et Pierce Williams derrière les fûts (ex-TORTURE RACK, ex-BLOOD FREAK), qui vont clairement redonner du sang-neuf à un line-up qui est sans doute le meilleur que le frontman ait eu avec lui. Car cela va se ressentir tout du long de cet opus qui se place dans le haut du panier d’une discographie désormais conséquente, où l’influence de MORBID ANGEL reste toujours et autant présente... à quelques nuances près cependant, vu que si jusqu’à présent ça s’inspirait plutôt de la période avec David Vincent on va remarquer que c’est désormais celle avec Steve Tucker qui a plus la côte auprès des californiens.
Si au démarrage cela ne va pas être encore trop visible avec l’impeccable et varié « Relentless Appetite » (qui sert de parfaite mise en bouche), en revanche dès le second titre intitulé « Cybernetic Harvest » cette ambiance plus sombre et technique aux accents occultes et pachydermiques nous renvoie largement vers le tumultueux « Gateways To Annihilation ». D’ailleurs le ressenti de ce disque mythique va également s’entendre un peu plus loin dans l’écoute via l’écrasant et suffocant « Unmerciful », au tempo rampant et bridé au maximum qui ne montre aucune lassitude bien que cet aspect de bridage intensif soit totalement à part sur cette galette, vu que les accélérations y sont quasiment inexistantes. Mais là où cette tentative sur le précédent enregistrement avec « Eternal Hatred » avait échoué ici au contraire le rendu y est totalement jubilatoire, tant cette opacité et ce sentiment d’oppression permanente font parfaitement le boulot, et prouve que l’entité maîtrise désormais son sujet quand elle lève totalement le pied. Ce constat va être aussi partagé sur le sympathique instrumental « ...Evocation (The Rebirth) » qui s’écoute facilement, même si au final ça n’amène rien de plus et sert principalement de remplissage. Et entre les deux extrémités de ce long-format on ne va pas s’ennuyer une seule seconde, car on va retrouver avec délice les habituelles variations rythmiques où la vitesse et le matraquage se montrent prépondérants dans l’écriture via tout d’abord l’excellent « To Conquer The Devout » (où soufflent encore les braises de « Domination ») ou encore avec le rampant et entraînant « Forever In Sufferance » où l’alternance continue (conjuguée à un groove incandescent) fait des miracles.
Et tout cela n’est pas encore fini vu que ça va être là-encore sur du très haut niveau sans faiblesse ni décrochage avec le furibard et déchaîné « Verminous Embodiment » ou le frontal et équilibré « Void Of Despair » (qui nous renvoie vertement vers les deux premières réalisations de l’entité), il y’a tout ce qu’il faut pour se vider la tête et apprécier le travail de sape implacable réalisé par les américains qui offrent une de leurs meilleures publications sans aucune faute de goût, et qui se clôt par une reprise fidèle d’HATE ETERNAL. Sans chercher à modifier l’originale cette version 2024 est surtout l’occasion d’offrir un hommage au projet d’Erik Rutan, et clôturer ainsi les hostilités de la plus belle des façons qui voit un "retour" aux sources et aux fondamentaux, qui font donc de SKELETAL REMAINS un des meilleurs rejetons du genre à l’heure actuelle au pays de l’oncle Sam.
Si on ne doutait pas de sa capacité à rebondir rapidement il l’a fait ici de façon claire et nette, mettant fin aux éventuelles rumeurs sur sa créativité et niveau d’implication... vu que tout ici est une baffe absolue et un enchaînement d’uppercuts qui vont faire mal aux cervicales comme aux oreilles. Laissant ainsi tout le monde k.o une fois terminées ces quarante-cinq minutes ce nouveau chapitre va procurer de fortes émotions pour un long moment entre sa batterie chirurgicale, ses riffs acérés et ses solos nombreux et variés... où le talent de chacun des musiciens explose littéralement au grand-jour, tout en montrant une fluidité intégrale et un jeu instinctif où tout n’est que brutalité sous toutes ses formes. Continuant à miser sur le old-school tout en intégrant d’autres éléments pour gagner en profondeur (principalement Trey Azagthoth et ses sbires) la bande livre un récital dont beaucoup feraient bien de s’inspirer, montrant qu’on peut être efficace techniquement sans tomber dans la surenchère, et qu’il faut désormais compter sur elle dans la durée... au cas où certains en douteraient encore. Preuve donc que les multiples mouvements internes ont eu un véritable effet positif, obligeant à chaque fois son leader à se surpasser pour continuer à fédérer le public qui ne sait pourtant plus où donner de la tête tant la concurrence est rude. Néanmoins il est désormais acquis que les restes squelettiques font partie du haut du panier et même des têtes de gondoles du genre outre-Atlantique, ce qui est un véritable tour de force en soi et une reconnaissance absolument méritée.
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