Disrupted - Pure Death
Chronique
Disrupted Pure Death
Malgré toute la sympathie que j’ai pour Raul et son label Memento Mori, je dois bien reconnaître que je n’ai pas toujours suivi avec assiduité l’intégralité de ses sorties (même si mes prochaines chroniques semblent suggérer l’inverse). Certaines me sont largement passées sous le nez comme par exemple ces deux albums de Disrupted dont le dernier en date intitulé Pure Death est paru en octobre dernier sur le label espagnol. Alors c’est vrai, on ne peut pas tout savoir ni tout connaître mais pour le coup j’aurai aimé être prévenu que le groupe originaire de Ludvika avait autant d’atouts à faire valoir, j’aurai alors perdu un peu moins de temps en plus de réussir à le glisser dans ma dernière commande au label...
Formé en 2012, Disrupted va suivre un cheminement tout ce qu’il y a de plus classique en proposant dès 2014 un premier EP qui à défaut d’avoir fait grand bruit aura néanmoins permis de mettre les Suédois sur le chemin de Memento Mori. Le label profitera de cette occasion pour leur offrir un deal scellé par la sortie en 2015 d’un premier album intitulé Morbid Death. Cinq ans plus tard, après être temporairement passé par la case « duo », Disrupted revient faire parler de lui sous la forme d’un quatuor avec parmi les nouveaux arrivants, messieurs Tommy Haglund (basse, Spasmodic) et Daniel Liljekvist (batterie, ex-Katatonia, Grand Cadaver).
Servi par une production en béton armée signée Johan Hjelm (Aeon, Centinex, Defaced Creation, Demonical...) ce deuxième album est ce que l’on peut appeler un pur produit suédois. Entre ces guitares extrêmement abrasives qui tronçonnent à qui mieux mieux, cet amour non feint pour ces accélérations de Punk à chiens et autres blasts punitifs servis à la mitraille, ce growl jamais trop profond mais bien râpeux ou ces ralentissements à se rompre les cervicales, il n’y a rien à attendre de la part de Disrupted qui n’ait pas déjà été proposé il y a maintenant plus de trente ans par des groupes comme Dismember ou Entombed. Ce postulat ainsi posé, je vous ferai grâce de mon sempiternel laïus concernant l’originalité ou plutôt son absence tout au long de ces trente quatre minutes pour le moins radicales. On préférera ainsi se concentrer sur l’efficacité immédiate et le caractère particulièrement intense et explosif de ces quelques compositions plutôt que sur ce qui fait finalement défaut à plus de 95% des sorties (sans que cela pose véritablement problème) et cela peu importe le style pratiqué...
Comme on l’a vu, Pure Death concentre à peu près tout ce que l’on est en droit d’attendre de la part d’un album prenant ouvertement pour références les premiers disques du genre à avoir émergé de son pays. Remise au gout du jour, la production particulièrement granuleuse et épaisse de monsieur de Johan Hjelm donne immédiatement à l’auditeur le sentiment de se faire terrasser sans avoir la possibilité de se remettre sur pied durant la demi heure qui va suivre. Le rendu général est ainsi extrêmement costaud mais réussit néanmoins à éviter le piège d’une production over the top qui se serait perdue à trop vouloir en faire. Musicalement, malgré le grand classicisme de ces dix compositions, on ne peut qu’abdiquer face à tant d’efficacité. De ces riffs parpaings et autres leads mélodiques qui vous feront instantanément revivre l’âge d’or des premiers Dismember ("Human Stew", "Headless Torso", "Pestilential Vomit"...) à ce rythme soutenu conduit à coups de tchouka-tchouka entrainants hérités de la scène Punk ("Blood Worship" à 0:15, "Headless Torso" à 0:14, "Chopped Into Oblivion" à 0:10...) et autres séances de blasts aussi brèves que jouissives ("Headless Torso" à 2:35, "Total Death" à 0:41) en passant par ces quelques ralentissements qui en plus d’apporter un soupçon de relief vont naturellement renforcer la dynamique de l’album (les premières secondes de "Born In A Corpse", "Carve" tout en mid-tempos ou "Slave From The Grave"...), Disrupted y va de sa petite leçon de Death Metal à la suédoise en dix séances particulièrement musclées et intenses.
Respectant à la lettre tous les codes initiés par les pères du Death Metal suédois, Disrupted ne déroge pas à cette tradition qui de nos jours n’a plus autant le vent en poupe qu’il y a de cela encore quelques années. La faute à une formule vue, revue et rerevue que beaucoup de formations continuent de s’approprier sans jamais pourtant réussir à ne serait-ce qu’effleurer la qualité de ces albums fondateurs. Pour autant, à ce petit jeu, Disrupted s’en tire ici avec les honneurs du jury grâce à des des compositions savamment exécutées qui en dehors de cette absence flagrante de personnalité n’ont strictement rien à se reprocher. Dans le genre Dismember-worship, les quatre suédois de Disrupted font ici un excellent travail qui ne devrait pas manquer de séduire. À bon entendeur...
| AxGxB 12 Avril 2021 - 845 lectures |
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