Grâce à la sortie en 2013 de son troisième album sur le label norvégien Indie Recordings, Obliteration réussissait à attirer l’attention de la presse spécialisée et par la même occasion d’un public qui jusque-là était resté insensible à ses charmes ou plus exactement ignorant de son existence. Il est vrai qu’avec
Black Death Horizon, le groupe originaire de Kolbotn a su se créer pas mal d’opportunités en tournant notamment un petit peu partout en Europe et aux Etats-Unis et en se joignant à l’affiche de quelques festivals dont la réputation n’est plus à faire (Hellfest, Metal Mean, Inferno Kill-Town Death Fest...). Cependant, Obliteration n’a pas vraiment cherché à profiter de cette visibilité accrue ni même de cette renommée grandissante. C’est même plutôt tout l’inverse qui s’est produit puisqu’à l’exception de quelques dates ici et là, le groupe a ces dernières années préféré se terrer dans son trou quitte à ce que l’on en oublie son existence.
Mais cette vie de reclus est désormais terminée puisque les Norvégiens ont fait leur retour il y a de cela quelques semaines avec la sortie sur Indie Recordings et Dark Descent Records d’un nouvel album intitulé
Cenotaph Obscure. Alors cinq ans d’absence c’est long et bien des choses auraient pu se produire du côté d’Obliteration. Pourtant, rien n’a changé chez les Norvégiens, pas même une petite défection dans le line-up histoire d’alimenter quelque peu les attentes à l’égard de ce nouvel album. On se retrouve donc aujourd’hui comme si on s’était quittés hier. Un retour aux affaires qui s’accompagne une fois de plus d’un artwork très réussi signé du batteur Kristian Valbo.
Du haut de ses trente-neuf minutes,
Cenotaph Obscure reprend donc les choses là où Obliteration les avait laissé en 2013 avec
Black Death Horizon. On retrouve ce fameux Death Metal à l’ancienne inspiré non pas par la scène scandinave dont il est issu mais plutôt par la scène américaine et par Autopsy en particulier. Une ressemblance toujours aussi évidente qui passe en premier lieu par une production dépouillée et sans artifice. Un son naturel qui va mettre l’accent sur ces guitares abrasives et cette batterie particulièrement survoltée. Mais outre cette production, l’influence des Californiens se ressent également dans cette propension qu’à Obliteration à changer de rythme de manière parfois impromptue. Aux accélérations foutraques et intenses dont il s’est fait une spécialité se succèdent aussi des séquences beaucoup plus tortueuses, au rythme naturellement moins soutenu (flagrant sur des titres tels que "Onto Damnation" à 1:04 ou "Charnel Plains" à 3:53).
Malgré cette ressemblance plutôt frappante, Obliteration a toujours réussi à cultiver une certaine personnalité, notamment grâce à son excellent chanteur Sindre Solem que l’on retrouve également au sein de Nekromantheon dont on attend également le nouvel album avec impatience. S’il n’est pas l’élément central sur lequel se repose le succès d’estime des Norvégiens il était tout de même jusque-là l’un de ses plus gros points forts. Je dis bien jusque-là car cette fois-ci la prestation du grand blond n’est pas aussi remarquable qu’elle le fût à l’époque de son prédécesseur. L’intention est toujours là, tout comme ces cris perchés et vibrants mais on sent qu’il a ici largement calmé le jeu. Et c’est bien dommage car sans ses accès de folies passagers, le Death Metal des Norvégiens perd quand même un peu de son charme. Pas de quoi en gâcher l’écoute mais on aurait aimé entendre ces hallucinations et autres hululement de chouette un peu plus souvent ou en tout cas de manière plus prononcée.
Pour autant,
Cenotaph Obscure n’en reste pas moins un album d’une très grande efficacité. Notamment grâce à cette cadence particulièrement relevée que les Norvégiens nous imposent tout au long de ces trente-neuf minutes. Menées avec l’envie évidente d’en découdre, ces séquences explosives témoignent d’une rare intensité. Entre ces riffs infernaux et obsédants, cette batterie tentaculaire et haletante et cette voix hallucinée (même lorsqu’elle n’est pas à son sommet), il se dégage de ces moments une rage indicible, une urgence Punk évidente, une nature bancale et foutraque absolument jouissives et finalement assez caractéristique de ce que représente Obliteration et par extension Nekromantheon.
Au petit jeu des comparaisons,
Cenotaph Obscure se situe en ce qui me concerne un tout petit poil en dessous de l’excellent
Black Death Horizon et cela uniquement parce que le chant de Sindre Solem n’est ici pas aussi habité qu’il l’était il y a cinq ans. Pour le reste, Obliteration est d’une constante telle que ce nouvel album ne pourra que convaincre tous ceux ayant déjà succombé aux charmes évidents de la formation norvégienne. Probablement pas l’album de l’année mais un très bon cru malgré tout.
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