Obliteration - Black Death Horizon
Chronique
Obliteration Black Death Horizon
La Norvège n’est pas un pays spécialement tourné vers le Death Metal. Au contraire, cette contrée nordique est même plutôt reconnu comme étant le berceau de la deuxième vague du Black Metal (Darkthrone, Mayhem, Burzum, Immortal...). Il existe cependant quelques exceptions à l’image du groupe Obliteration.
Formé en 2001 à Kolbotn (la ville d’où est originaire Darkthone), le groupe a mis du temps avant de se lancer puisque ce n’est qu’en 2004 qu’il sort sa toute première démo. Il faudra attendre 2007 pour voir ensuite la sortie de son premier album intitulé Perpetual Decay. Depuis, le groupe n’a pas spécialement chaumé, enchainant les sorties et jonglant avec les agendas puisqu’en effet, on retrouve au sein d’Obliteration deux membres de Nekromantheon (Sindre Solem et Arild Myren Torp).
Black Death Horizon est le troisième album des Norvégiens et le premier au sein de l’écurie Indie Recordings (Relapse pour les Etats-Unis). Il compte sept titres pour un petit peu plus de quarante minutes et pour être tout à fait honnête, je n’en attendais absolument rien dans la mesure ou après avoir survolé Nekropsalms à sa sortie, j’avais décidé de ne pas spécialement y revenir... Comme quoi, il ne faut jamais dire jamais.
Ce troisième album constitue donc pour moi une excellente surprise même si de prime abord, on ne peut pas dire qu’Obliteration révolutionne quoi que ce soit. Le groupe s’enfonce en effet dans la brèche d’un Death Metal old school où les codes sont nombreux et se doivent d’êtres respectés à la lettre. Pourtant, si sur le fond rien ne semble particulièrement excitant (du Death Metal old school alors que le revival bat son plein depuis maintenant quelques années), c’est bien sur la forme qu’Obliteration réussit à tirer son épingle du jeu. Car à y regarder de plus près, Black Death Horizon est un album à la personnalité très affirmée. En fait, la musique des Norvégiens doit en grande partie son originalité à la prestation de son chanteur, Sindre Solem. Possédé, et le mot est faible, ce dernier nous offre une prestation tout à fait remarquable. Son chant, qui se situe dans le registre du crie plutôt que du growl, véhicule une certaine folie, se fait vibrant (on ressent d’ailleurs très nettement l’oscillation des cordes vocales) et n’hésite pas à monter dans les aigus quitte à sembler parfois un peu bancal ("Goat Skull Crown" à 1:35 par exemple). Un exercice périlleux mais pourtant maitrisé qui n’est pas sans apporter du cachet à Black Death Horizon. Il en émane en effet un côté tantôt possédé, tantôt incantatoire, tantôt schizophrénique qui n’est vraiment pas pour me déplaire.
Pour le reste, la musique d’Obliteration renvoi à un grand nom du Death Metal non pas Scandinave mais Américain. En effet, les Norvégiens rendent ici un hommage évident à Autopsy (écoutez "Sepulchral Rites") grâce à un Death Metal incisif qui, de la production au riffing, rappelle indiscutablement le groupe de Chris Reifert. Un atout majeur qui, en plein revival SweDeath à grands coups de pédale HM-2, n’est pas sans apporter un léger (et pourtant fétide) brin de fraîcheur et d’originalité parmi ces nombreuses sorties... On retrouve ainsi ce même Death Metal primitif au riffing nerveux et incisif influencé par la scène Thrash des années 80 et sublimé par de franches accélérations particulièrement jouissives à base de tchouka-tchouka ou de semi-blasts ("The Distant Sun (They Are The Key)" à 3:31, "Goat Skull Crown", "Transient Passage" à 3:03...), de leads et soli démoniaques plus ou moins bordéliques (il y en a sur chaque titre ou presque et tous plus inspirés les uns que les autres) ainsi que par plusieurs séquences mid tempo un peu tordues venant apporter ce qu’il faut de relief à des titres souvent assez longs.
Comme mentionné plus haut, je n’attendais absolument rien de ce Black Death Horizon et pourtant aujourd’hui, il se pose comme l’une des meilleures surprises de l’année 2013 en matière de Death Metal. Grâce à la prestation de son chanteur Sindre Solem et malgré une musique proche des Américains d’Autopsy, Obliteration réussi le pari de ne sonner comme aucun autre groupe. A l’instar des Suisses de Bölzer, Obliteration prouve avec Black Death Horizon qu’il est encore possible d’avoir une certaine personnalité tout en continuant à jouer du Death Metal old school.
| AxGxB 3 Décembre 2013 - 2589 lectures |
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