Chez
HYPOKRAS, le nom est trompeur. On craindrait un
metal médiéval de la pire espèce, une musique festive de fin de kermesse… Il n’en est heureusement rien. Depuis 1997 et la sortie de la première démo «
Terror 1 » (voire depuis 1989 si l’on considère les expériences
BRAINDEATH,
EVITERNITY ou
TANAHAUZER), les trois Tarbais balancent ce qu’ils appellent un
pure fuckin’ pyrenean possessed death metal, pour le plus grand bonheur des habitants de la région occitane. D’ailleurs, les illustrations profondément sataniques de leurs disques ne laissent que peu de place au doute : on va se faire bastonner.
Certes, la formation n’est plus bien active depuis 2015 et la parution d’un split avec
ALCOHOLOCAUST («
Infernal Alliance ») mais le label
Armée de la Mort en profite pour rééditer «
Dead and Hungry » en lui donnant un petit coup de propre avec une nouvelle pochette somme toute assez discutable. Je lui préférai largement l’ancienne, moins classique, parce que le raccourci « c’est du
death metal donc c’est bien s’il y a des zombies » est un peu facile d’autant que cela ne colle pas vraiment à l’esthétique générale des productions passées. Mais admettons… Après tout, le plaisir résidera plutôt dans la joie de se réécouter ces dix compositions de
death massif bien ancré dans les années 90, bourrin mais sachant se montrer mélodique, à l’image de l’introduction de « Deceased in Alcoholic Orgams », peu technique mais précis et parfaitement efficace. Clairement, je n’en demande guère plus.
Quelque part, les huit compositions (plus deux bonus extraits de la première démo précédemment évoquée) m’évoquent un peu
KONKHRA et, plus globalement, l’école rouleau-compresseur hollandaise / danoise (
GOREFEST,
ILLDISPOSED), davantage que l’approche américaine ou suédoise, avec ses déboulés rythmiques imposants ni trop compressés, ni trop caverneux. Evidemment, on évolue en pleine deuxième division, de celle que l’on apprécie le plus : bien groovy (« Heretik Whores »), avec de soudaines explosions de violence expéditive (« Humanicide »).
Loin d’être là pour la simple décoration, les suppléments « Lacerated by Infected Jaws » et « Deep Inside Chaos » permettent d’évaluer la progression de
HYPOKRAS. Certes, l’ambiance démoniaque des débuts était plus marquée et cela faisait certainement du groupe l’un des trucs les plus belliqueux du moment mais les quelques maladresses (la coupure « C’est le troubaba, c’est le troubadour… » en plein milieu de la composition ou encore des solos un peu tristounes), totalement gommées dans ce «
Dead & Hungry… for Blood », ne font que renforcer la certitude que les musiciens ont évolué en bien et ont su trouver leur voie, entre esthétique démoniaque et
death metal (très) musclé débarrassé de ses tics
black death trop référentiels, donc moins originaux.
Dommage que la formation soit en pause depuis si longtemps car les Occitans apportaient réellement quelque chose à la scène extrême française, un côté brut, instinctif mais également de la décontraction tout en restant professionnel dans la façon de penser la musique. Voilà donc une piqûre de rappel réellement utile, bien plus qu’une simple réédition.
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07/06/2023 16:05