Escarnium - Dysthymia
Chronique
Escarnium Dysthymia
Après le court mais réussi Ep
« Through The Depths Of The 12th Gate » sorti il y’a quelques semaines on avait fini par reprendre espoir quant à l’arrivée d’un nouvel opus du groupe, et de ce point de vue-là ce vœu a été exaucé tant on avait hâte d’entendre du nouveau son de leur part sur une plus longue durée. Il est vrai que ceux-ci ont sacrément pris leur temps pour donner une suite à l’excellent
« Interitus » sorti il y’a quasiment six ans désormais, et qui montrait clairement que les gaillards avaient franchi un cap en termes d’écriture comme de production, et de fait on ne pouvait être qu’optimiste quant à la teneur de ce troisième album même si celui-ci va surprendre du côté de son contenu. En effet avec seulement cinq nouveaux titres (complétés par une reprise de GRAVE) tout cela pouvait paraître de prime abord fort mince et même à la limite de foutage de gueule après une si longue attente, vu qu’au final on atteint à peine la demi-heure de musique. Mais heureusement la qualité va être au rendez-vous et compenser ainsi largement ce sentiment légitime de trop peu mais que l’on va prendre plaisir à (ré)écouter régulièrement, tant le son du combo reste particulièrement attractif et addictif et va reprendre ce qu’il sait faire de mieux.
Car dès les premiers instants de « Inglorious Demise » on va s’apercevoir que rien n’a changé ou presque chez l’entité, tant ça va être dans la droite ligne du précédent long-format avec ce style si sombre et froid où violence et lourdeur se mélangent pour mieux densifier leurs propos respectifs. Débutant par du brut de décoffrage où ça tabasse et blaste vite et fort la seconde partie de ce morceau va s’alourdir pour dévoiler une noirceur glaciale, où le tout va être particulièrement rampant et oppressant histoire de montrer de suite que les sud-américains jouent toujours aussi bien sur les différentes rythmiques possibles. D’ailleurs ces changements réguliers et récurrents vont se poursuivre par la suite sans discontinuer comme sur « Far Beyond Primitive », qui s’enchaîne dans la foulée et grimpe légèrement en technicité sans pour autant en faire des tonnes afin de conserver cette fluidité constante et un équilibre de tous les instants. Pourtant à partir de « Deluged In Miasma » les choses vont changer vu que ça va se montrer plus brutal et débridé en jouant à fond les ballons sur une longue période, mais sans pour autant oublier de ralentir quand il le faut… même si ici ce point se fait plus discret comme pour montrer que les gars n’ont rien de perdu de leur violence implacable. Celle-ci va d’ailleurs trouver son paroxysme sur le furibard et déchaîné « Anguish Ad Nauseum » où ça fracasse tout à cent à l’heure sans discontinuer ou presque, tout en voyant l’apparition de riffs et plans d’obédience Black qui renforcent ainsi l’obscurité globale qui transparait de cette plage. Proposant une écriture plus virile et simple l’ensemble ne tombe pas cependant dans la simplicité tant cela reste impeccable et accrocheur, sans jamais se montrer linéaire et redondant et ce même si certains passages ont tendance à être interchangeables. Cependant tout cela n’est que de l’ordre du détail car quel que soit le tempo employé tout cela ne faiblit jamais, comme cela est le cas du rampant et suffocant « Dysthymia » qui laisse le côté massif prendre toute sa place et mettre ainsi de côté la rapidité qui est totalement absente ici, sans que cela ne nuise au rendu général. Serrant de son étreinte l’auditeur à coup de batterie pachydermique et de riffs gras remplis de froideur ultime ce dernier moment d’inédits est tout aussi réussi que les autres, moins instinctif certes mais plus trapu et mature tout en restant parfaitement cohérent...prouvant une fois encore que la formation sait autant manier la radicalité que les moments plus humides.
Terminant les hostilités par une reprise fidèle de « Into The Grave » (seules les nappes de claviers du début ont été supprimées) cette conclusion sympathique du classique des Suédois finira le boulot tranquillement, même si évidemment on aurait bien repris quelques minutes supplémentaires. Mais bon on ne va pas faire la fine bouche tant le rendu est impeccable et qu’au moins on n’a pas le temps d’être lassé ou de décrocher à cause de répétitions désagréables d’autant plus avec une homogénéité constante, comme d’habitude devrait-on dire ! Sans chichis ni déballage outrancier les p’tits gars de Salvador De Bahia confirment s’il y’avait besoin qu’ils sont bel et bien dans le haut du panier au sein de leur pays (bien qu’ils souffrent d’un manque de reconnaissance certain), qui malgré les années et la concurrence rude reste très haut dans la hiérarchie extrême mondiale. Montrant les crocs autant par ses vétérans énervés (KRISIUN, DEPRESSED) que via des jeunots prometteurs (HELLGARDEN), la nation de la samba démontre encore et toujours une grosse vitalité et une rage d’en découdre qui ne se dément pas avec le temps, et c’est tant mieux tant elle a certainement nombres de futurs disques en réserve qui ne demandent qu’à exploser à la face de notre bonne vieille planète et de répandre la bonne parole partout où elle se trouve.
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