Skeletal Remains - Condemned To Misery
Chronique
Skeletal Remains Condemned To Misery
Presque trois années après la sortie de l’excellent « Beyond The Flesh » il était temps pour les Californiens de revenir aux affaires afin de confirmer si ce premier jet était un juste un feu de paille, ou si l’on était en présence d’une formation qui avait tout pour devenir une grande. Si l’attente a été longue c’est que l’entité n’a pas chômé durant tout ce temps puisqu’elle a enchaîné les concerts dans le cadre de festivals, et aussi fait sa première tournée européenne (avec ses compatriotes de MORFIN), qui a été un franc succès et lui a permis d’obtenir une vraie reconnaissance hors de ses frontières. Du coup avec ce deuxième album il n'y a pas de changements majeurs à attendre du trio originel qui a décidé de reprendre la même recette et le même lieu d’enregistrement, la seule nouveauté étant en fait le départ du batteur Christian Reyes remplacé le temps de l’enregistrement par le talentueux Carlos Cruz (WARBRINGER, HEXEN…), qui va faire le boulot de façon impeccable et dans l’esprit de son prédécesseur. Bref ce « Condemned To Misery » est la suite logique de son grand-frère mais en mieux, car on voit bien que le combo a pris de l’assurance et de l’expérience grâce aux nombreuses dates effectuées entre temps, du coup même si la ligne directrice reste identiques ces nouveaux morceaux ont gagné en profondeur et en puissance addictive. Si l’on pouvait reprocher un côté légèrement redondant et trop copier-coller aux pères fondateurs du genre sur son précédent opus, ce coup-ci (même si ça ne réinvente rien) l’accroche est meilleure et la variété plus présente (en grande partie grâce au boulot fourni par le frappeur).
D’ailleurs dès les premières notes de « Beyond Cremation » on voit bien que le groupe n’a pas changé son fusil d’épaule car ça part directement sur toute la longueur dans une grosse rythmique lente et lourde, où la double est prédominante. En plus de cela les solos de la paire Chris Monroy et Adrian Obregon (qui ressemblent assez à ceux d'Allen West et James Murphy) sont là-encore vraiment inspirés, et du coup on sait dès le départ qu’on va prendre de la qualité sonore plein les oreilles tout du long de la demi-heure suivante. Car le reste est également d’un haut niveau constant, en effet il y’en a pour tous les goûts entre le court et efficace « Obscured Velitation », les variés « Euphoric Bloodfeast » (et son double duel de leads à la fin) et « Atrocious Calamity » (au groove imparable), le furieux, rapide et direct « Viral Hemoragic Pyrexia » (qui joue sur l’explosivité pratiquement en continu), et le monstrueux « Ethereal Erosion » où la batterie se montre tout en efficacité au niveau du jeu au pied (et où les gars produisent une sensation d’écrasement d’une redoutable puissance). Pour terminer en beauté « Sleepless Cadavers » nous gratifie de toute la variété du jeu de son marteleur derrière son kit (entre sa rythmique implacable et ses parties techniques bien foutues), ainsi que de celle des riffs qui n’hésitent pas à incorporer de nombreuses cassures pour aérer l’ensemble, dommage en revanche que tout cela se termine un peu trop brutalement car cela créé un léger sentiment de frustration regrettable, sans pour autant être dommageable. En revanche s’il y’a bien un défaut à donner à ce disque (comme sur le précédent) c’est au sujet de l’instrumental… car ici « …Still Suffering » n’amène vraiment pas grand-chose et finit par se montrer linéaire et répétitif presque immédiatement à cause d’un manque d’idées, et surtout d’une longueur un peu trop importante.
Mais cependant cela n’enlève en rien à la qualité générale de cette œuvre vraiment excellente et intéressante qui confirmait les belles promesses déjà entrevues par les Américains, qui se plaçaient définitivement dans le haut du panier d’une année 2015 très concurrentielle et qualitative en matière de Death old-school (où UNDEAD, GRUESOME, CHAPEL OF DISEASE, WEAK ASIDE et quelques autres ont fait résonner la poudre). Sentiment qui sera confirmé par un successeur implacable et une signature chez les Allemands de Century Media qui leur permettra d’obtenir une stature internationale et une véritable crédibilité parmi toute cette nouvelle génération surmotivée et prête à en découdre, qui a redonné ces lettres de noblesse à un genre qui en avait bien besoin.
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