Zealotry - The Charnel Expanse
Chronique
Zealotry The Charnel Expanse
Cette année 2013 est plutôt maussade en Death Metal pour l'instant, même si les grands noms du genre ont assuré le nécessaire (Immolation, Defeated Sanity) et que les albums les plus attendus ont tenu leurs promesses (Carcass, Gorguts), le nombre de révélations intéressantes reste en effet assez maigre. Mais la découverte d'un jeune groupe américain du nom de Zealotry a réussi à elle seule à assouvir ma soif de découverte, tant son premier full-length m'a littéralement foutu par terre. Non pas grâce à sa puissance, son efficacité ou sa brutalité mais par l'entité tortueuse, rampante et enivrante que forme ses dix chansons. Alors Mesdames et Messieurs, avant toute écoute de The Charnel Expanse veillez à éteindre votre téléphone, votre réveil et vos alarmes, à mettre dehors toute source de nuisance sonore (enfants, animaux, belle mère et conjoint) car, croyez moi, vous n'aimeriez pas être dérangés durant l'écoute de cette galette.
The Charnel Expanse est la première production de Zealotry à être parvenue jusqu'à mes oreilles, cependant le groupe avait déjà sorti une démo en 2009 ainsi qu'un single en 2012. Cependant même si le groupe en lui même ne me disait absolument rien, aucun de ses membres ne m'est totalement inconnu. Ainsi le leader et fondateur du groupe Romin Temin n'est autre qu'un des journalistes de blistering.com, site où je passais auparavant pas mal de temps. Cette anecdote n'est peut être pas très utile, mais les noms des autres membres du groupe vont eux par contre certainement faire plaisir à la plupart des lecteurs de Thrasho. On y trouve en effet Phillippe Tougas à la guitare (Chth'ilist, First Fragment), Jason Demakis à la basse (ex-Clairevoyance) et Lille Grubert derrière les fûts (Defeated Sanity).
En voyant ce line-up qui laisse rêveur vous vous attendiez sûrement à trouver ici un groupe de Death Technique, et vous n'êtes pas totalement dans le faux. Effectivement les compositions de The Charnel Expanse se montrent très complexes, notamment au niveau des guitares, qui tissent de manière continue des structures alambiquées et inhabituelles. Cependant ne vous attendez pas non plus à trouver ici un groupe de Death Technique dans le sens propre du terme, avec des envolées mélodiques, des gravity blasts et une production ultra lisse. Ici l'ensemble est assez lent, Lille Gruber ayant un jeu totalement différent de celui de son groupe principal, misant ici plus sur le groove que sur la vitesse. La technicité de l'abum est alors toujours parfaitement cantonnée au raisonnable et ne tombe jamais dans la débauche technique, préférant les petites mélodies sournoises qui prennent aux tripes plutôt que les gros leads tape à l’œil.
Des passages plus rapides sont tout de même de la partie ("The Charnel Expanse"), la double pédale jouant sont rôle tandis que les guitares battissent des riffs sinueux faisant parfois penser à du Immolation. De plus la batterie sert dans ce genre de passage d'un support rythmique important qui, complété par la basse, permet aux guitares de pleinement s'exprimer. Il n'est donc pas rare que les guitares jouent des mélodies différentes simultanément qui viennent s’entrelacer sur le support rythmique formé par la basse et la batterie.
L'album débute sur une pièce impressionnante en trois parties pour une durée totale de huit minutes, et qui informe vite l'auditeur de ce qui l'attend pour les 50 minutes suivantes. Une atmosphère oppressante créée par la production Old School faisant la part belle aux réverbérations, ainsi que par le côté sournois des riffs et des mélodies. Seuls les superbes solos ("Avatar of Comptent part.III" à 2' par exemple) permettent à l'auditeur d'entrevoir la lumière et de reprendre son souffle. Le chant de Tamin est, quant à lui, très bien interprété et colle parfaitement à l'ambiance froide de l'album.
Après cette première piste les morceaux s’enchaînent sans nous lasser une seule seconde. Ici pas un seul morceau faible, chacun ayant son moment fort, qu'il s'agisse d'une courte mélodie, d'un riff ou d'un passage rapide, qui les caractérise et les rend tous différents. The Charnel Expanse finit également de manière magistrale sur un morceau long de huit minutes qui se trouve être le plus ambiancé de tous par son sample d'intro (le seul de l'album) et son monologue de clôture inquiétant. L'album touche là à son paroxysme et on ne pouvait pas espérer une meilleure fin. Cette piste est donc l'apogée d'un album irréprochable d'un bout à l'autre, sombre et ambiancé tout en étant mélodique, technique tout en étant tout à fait cohérent, Old School tout en étant innovant... En somme un album très surprenant !
Je pourrais vous parler encore longtemps de The Charnel Expanse, faire des éloges sur le superbe titre instrumental "Codex Mysterium", parler des superbes riffs Morbid Angelien du titre éponyme, ou encore du splendide solo de "The Disgenicist". Mais à quoi bon ? La musique de Zealotry se vit plus qu'elle ne se commente. Alors si vous aussi vous avez été déçus par le dernier album de Ulcerate et que vous êtes à la recherche d'un groupe de Death ambiancé et original, foncez vous procurer The Charnel Expanse, qui sera à coup sûr une des grosses sorties au rayon Death de cette année 2013.
| Høsty 6 Octobre 2013 - 2321 lectures |
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