Thorium - The Bastard
Chronique
Thorium The Bastard
Si on avait pris l’habitude de devoir être patient entre deux sorties du combo de Copenhague on a été en revanche surpris de le voir déjà de retour aux affaires à peine deux ans et demi après la parution de
« Danmark », disque sympathique et agréable à défaut d’être mémorable... ce qui est une constante dans la discographie du quintet qui semble néanmoins avoir trouvé de la stabilité en interne, point qui lui avait toujours manqué auparavant. Car ici on retrouve sur « The Bastard » la même équipe que précédemment, et visiblement requinqué par la bonne ambiance générale qui y règne le groupe n’a pas eu de difficulté à écrire et mettre en boîte ce sixième album qui ne va cependant pas dépareiller par rapport à ses prédécesseurs. Si tout y est calibré et redoutable d’efficacité pour donner une envie contagieuse et immédiate de secouer la tête comme taper du pied, en revanche comme d’habitude le résultat sera un peu inégal tant les moments réussis et entraînants vont en côtoyer d’autres plus quelconques voire même décevants.
Car tout cela est une constante et colle finalement parfaitement au statut d’éternel outsider de la formation, toujours calée en deuxième division malgré bientôt trois décennies d’activité et dont on est certain aujourd’hui qu’elle y restera sans espoir de promotion sur le tard. Néanmoins cette galette va démarrer sur de bonnes bases avec l’efficace et réussi « Eclipsed » qui après une montée en pression prometteuse va proposer un mélange rythmique très agréable, où parties épiques endiablées et ralentis pachydermiques vont donner envie de headbanguer. Tout cela étant en prime bien calé entre quelques accélérations de bonne tenue, pour un rendu remuant et direct où l’écriture simple se montre inspirée sans jamais s’éterniser sur la durée. D’ailleurs si la bande n’a jamais fait traîner les choses elle a cette fois fait fort en proposant dix morceaux dont aucun ne dépasse les quatre minutes... ce qui va être à la fois une force - en conservant une certaine efficacité, comme une faiblesse... tant ça va donner la sensation régulière d’avoir affaire un peu à la même chose en continu. Cependant avec « Over The Mountains » qui arrive dans la foulée les choses vont encore monter en intensité, vu qu’ici ça se débride plus fortement avec même quelques influences Punk très plaisantes quand la vitesse est mise plus en avant (et qui s’efface à plusieurs reprises pour équilibrer les débats)... un constat partagé sur « Nightside Serenade » de très bonne facture, qui malgré une certaine prévisibilité arrive encore à être efficace et donner l’envie de tendre l’oreille.
Mais après ce bon démarrage ce long-format va connaître un passage à vide sur son deuxième tiers, vu qu’entre le plat et poussif « Pest » ou le monotone « Not Equals » on ne va pas avoir de raison pour vraiment s’enthousiasmer vu que ça se montre assez linéaire et sans idées... un sentiment partagé par la doublette « It All Comes Back To Me Now » / « Underground » qui souffre de trous d’air récurrents, malgré quelques idées intéressantes mais mal terminées. Si ces plages vont souffrir en plus d’être construites de façon assez semblables l’ensemble va heureusement retrouver de l’allant sur sa dernière partie, et en premier lieu avec l’entraînant et lumineux « Infamy » qui dévoile un sens de la mélodie plus affirmé et des ambiances plus aérées très agréables sans pour autant que la violence ne soit absente des débats. Et après ce retour aux choses sérieuses et abouties c’est le groovy et remuant « Legacy Of The Forgotten Place » qui va débouler en force en proposant une rythmique lourde et pénétrante, tout en se faisant massive et parfaite pour donner envie d’aller au combat. Enfin comme pour revenir aux fondamentaux le primitif et débridé « Mesmerize » va montrer la facette la plus énergique et radicale des Nordiques, jouant sur les blasts véhéments et une primitivité redoutable qui prouvent qu’en faisant dans la sobriété et en misant sur une violence exacerbée les mecs savent garder de l’intérêt comme de l’attention de la part des fans.
Alors oui tout n’est pas parfait c’est habituel et fâcheux... mais néanmoins malgré ses défauts il y a de quoi quand même apprécier le produit fini, qui s’il ne marquera pas l’année de son empreinte a quand même des ingrédients pour l’apprécier à sa juste valeur. Si l’on préférera les passages où les chevaux sont lâchés à ceux où le mode poids-lourd est enclenché trop longuement, pour le reste tout ça s’écoutera en dilettante malgré la sincérité et le fait que ses auteurs s’accrochent à leur motivation contre vents et marées, et ce malgré un intérêt qui diminue au fil du temps. On ne peut donc que s’incliner devant un tel acharnement et cela fait plaisir de voir que la passion et la sincérité demeurent intactes, à l’heure où tout n’est basé que sur la superficialité et le narcissisme outrancier... vu que les gars n’ont d’autre but que de (se) faire plaisir, bien qu’ils sachent qu’ils resteront cantonnés aux premières parties et aux salles minuscules... mais cela ils n’en ont cure, c’est ça la passion.
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