Towards The Megalith était sans doute l'album de death metal le plus attendu cette année. Après le Morbid Angel du moins mais celui-là on essaye de l'oublier. Revenons en arrière, en 2009 plus précisément. Disma, formé en 2007 par Bill Vener, sort sa toute première démo
The Vault Of Membros. Aux côtés de l'ex-Incantation (c'est même lui qui a créé leur logo), on retrouve Daryl Kahan de Funebrarum à la seconde guitare et surtout maître Craig Pillard (Incantation, Disciples Of Mockery, Methadrone...) au chant. Grosse claque bien évidemment pour la demo tape la plus prometteuse de 2009 avec celles de Cruciamentum et Ritualization. Disma ne s'arrête pas là puisque 2011 sera une année bien remplie pour les Américains avec un split avec Winterwolf et un EP servant d'avant-goût au full-length, les deux sorties arborant les artworks sensationnels de Larsson (Ola, pas Nicky). De bonne augure pour
Towards The Megalith!
Et Disma a bien compris qu'il tenait là un artiste exceptionnel en louant à nouveau les services du Suédois pour ce qui est la plus belle pochette de l'année. Couleur verte d'où semble émaner une odeur nauséabonde, effets de lumière réalistes qui distillent la peur, arbres déformés et menaçants qu'on croirait dotés d'une vie surnaturelle, temple gigantesque aux ornements monstrueux où demeure une entité démoniaque et vers lequel se dirige une tribu d'humanoïdes moyenâgeux, nous voilà en présence d'une œuvre à couper le souffle que je me suis empressé de me procurer en t-shirt. Dommage par contre, le logo sent toujours les fesses...
Cela n'a l'air de rien comme ça mais une belle cover, c'est important. Surtout quand elle illustre de façon aussi palpable la musique et l'ambiance. Et ici, elle se fait suffocante, putride, morbide, effrayante. On s'y retrouve plongé du début à la fin avec un rictus de délectation qui ne trompe pas. Disma n'a pas changé sa recette et il a bien fait.
Towards The Megalith reprend ainsi les trois titres de
The Vault Of Membros, "Of A Past Forlorn" du split et un des deux morceaux de son EP
The Manifestation, "Purulent Quest". Ce qui nous donne seulement trois inédits ("Chasm Of Oceanus", "Spectral Domination" et "Towards The Megalith"). Un manque de surprise qui sera vite comblé par la qualité des nouvelles compos et de l'ensemble. Et après tout, la surprise ou l'originalité, ce n'est pas vraiment le truc de Disma. Son truc, c'est jouer du death metal dans la plus pure tradition du style. Un death metal old-school gras et evil dans l'esprit scandinave avec des touches d'Incantation et une pincée d'Autopsy (le riff à 3'26 sur "Chaos Apparition", c'est typique). Pas bien différent en somme du dernier Funebrarum,
The Sleep Of Morbid Dreams, sur lequel jouent également Daryl Kahan et Shawn Eldridge.
On sait donc à quoi s'attendre mais ça n'empêche pas de savourer. Disma propose huit titres assez longs (de 4 à 7 minutes) qui prennent le temps d'instaurer une atmosphère étouffante, ce grâce à une production pachydermique enrichie en graisses et des séquences doomy écrasantes sur lesquelles on retrouve régulièrement des leads sombres et mélodiques qui sentent bon la Suède ou la Finlande ("Chaos Apparition" à 2'07, "Chasm Of Oceanus" à 6'13, l'intro de "Vault Of Membros" avec la basse vrombissante, "Purulent Quest" à 1'10, "Of A Past Forlorn" à 0'52, etc.). C'est lent, lourd, épuisant, parfois vraiment proche du doom/death avec un côté désespéré/fin du monde à vous donner des frissons comme au début de "Vault Of Membros" ou sur l'intro et l'outro de "Towards The Megalith". On descend dans les abîmes, les tréfonds de la Terre, là où la pression se fait insoutenable. Et là-dessus se pose le growl ultra caverneux et monolithique d'un Craig Pillard toujours aussi effrayant, qui n'a décidément rien perdu de sa verve depuis ses grognements légendaires sur
Onward To Golgotha. Pas le plus varié, son growl est même très monotone, mais il colle parfaitement à l'ambiance. Un vrai plaisir que d'entendre celui que je considère comme un des tout meilleurs chanteurs DM de l'histoire!
Même si ces passages massifs sont très présents, Disma ne se limite pas à ça et varie bien son jeu. Une bonne ambiance ténébreuse, c'est important mais l'efficacité aussi. Le quintette ne l'a pas oublié. On se fera ainsi rapidement convertir par un bon sens du groove avec une basse vrombissante savoureuse, des couches de guitares épaisses pour survivre au plus extrême des hivers sibériens et des riffs pas bien compliqués qui vont droit au but en touchant nos instincts les plus primaires. Et bien sûr, il y a la vitesse et la brutalité. Non seulement le combo nous gratifie également de rythmiques rapides entraînantes type d-beats et skunk-beats mais il se laisse aller aussi à quelques moments d'une férocité jouissive. C'est là qu'interviennent les blast-beats qu'on retrouve sur tous les morceaux en plus ou moins grande quantité. La plus forte dose est injectée à "Lost In The Burial Fog", la meilleure piste de l'album et peut-être même bien le tube death de l'année. La transition brutale entre la partie lente et le lâché de blasts frénétiques à la quatrième minute est absolument divine!
D'où mon seul regret. Qu'il n'y ait pas assez de morceaux dans cette veine. C'est sans doute l'amateur de brutal death qui parle mais ce
Towards The Megalith s'avère juste un poil trop doomy pour moi. Une critique purement subjective qui ne m'empêche pas toutefois de prendre un pied pas possible à chaque écoute (et il y en a eu!), puisque niveau brutalité, on est quand même bien loti. Et le contraste avec les séquences lourdes est d'autant plus saisissant. Même si le revival vous gonfle, il serait ainsi dommage de passer à côté de ce premier full-length de Disma. S'il ne devait en rester que quelques uns, nul doute que les Américains feraient partie de la poignée de survivants. Massif, brutal et enveloppé d'une atmosphère sombre et suffocante dantesque,
Towards The Megalith est un superbe album composé par des musiciens chevronnés qui savent de quoi ils parlent. Que vous connaissiez déjà ou non le groupe, ne vous attendez pas à être surpris par contre. Préparez vous simplement à prendre une bonne grosse claque de Death Metal avec un grand D.
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